La révolution digitale bouleverse profondément le paysage médiatique et publicitaire. Si l’innovation se place ainsi au cœur de la stratégie de France Télévisions Publicité, ce sont ses équipes qui donnent l’impulsion et en font une régie publicitaire incontournable sur le marché. Des équipes composées de… 60 % de femmes ! La preuve par l’exemple avec Irène Grenet (IEP 03, ENS Ulm 04, ENA 08), DAF de France TV Publicité. Violaine Cherrier
Quelle place occupe France Télévisions Publicité (FTP) au sein du groupe ?
Nous sommes, en chiffre d’affaires, la filiale la plus importante du groupe France Télévisions. Le sens de notre action, c’est de contribuer à l’économie de France Télévisions : nous devons faire vivre cette grande marque de création de contenus. Pour remplir sa mission de service public, France Télévisions doit anticiper la création de nouveaux contenus, s’adapter à de nouveaux usages : cela nécessite le développement de moyens propres. Entreprise purement commerciale, confrontée à une forte concurrence, FTP doit donc se montrer particulièrement créative et innovante pour développer, malgré l’absence de publicité après 20h, le chiffre d’affaires de la grande entreprise publique à laquelle elle est adossée.
Les chiffres de France Télévisions Publicité en 2016
300 collaborateurs / 373,5 M€ CA / croissance de la régie TV est 5 fois supérieure à celle du marché / Performances digitales : hausse record de 29,3 % alors que la moyenne du marché est de 0 % / FTP passe de 4è à 3è régie publicitaire TV
Et la place de la DAF au sein de FTP ?
La direction administrative et financière est partie prenante de la performance commerciale. En ce sens, mes équipes sont entièrement tournées vers le client, qu’il soit interne ou externe. Notre objectif est de contribuer à la stratégie de l’entreprise déterminée par la directrice générale, Marianne Siproudhis : sous son impulsion, par exemple, une stratégie axée sur le digital a été mise en œuvre. Nous intervenons à tous les stades du processus pour en faciliter la réalisation.
C’est ce genre de défi qui vous a attirée dans ce secteur ?
C’est en effet passionnant. On est amenés à toucher des sujets à la fois très stratégiques : quelle part de financement commercial dans une grande entreprise comme France Télévisions, quelle doit être la publicité sur le service public… et en même temps très opérationnels : nous évoluons dans un univers mouvant, avec la révolution digitale en toile de fond : comment en tenir compte dans les budgets, les processus, l’organisation du travail… La publicité ouvre un nombre incroyable de portes d’entrée !
Le métier implique donc une vraie réflexion sur les valeurs ?
Complètement. La mission de service public qui doit être remplie par le groupe auquel nous appartenons doit toujours nous guider et nous motiver. C’est très exaltant, pour une entreprise comme FTP, de contribuer finalement au financement de la création audiovisuelle, dont France Télévisions est le premier acteur en France. Nous avons toujours cela à l’esprit quand on défend la publicité sur les chaînes du service public.
C’est très adapté à un jeune Sciences Po ?
Tout à fait. Un jeune Sciences Po remplit toutes les cases du jeune publicitaire de demain ! Il est capable de rédiger des argumentaires, de piloter un chiffre d’affaires, de discuter avec l’annonceur, de travailler en transversalité avec d’autres métiers que le sien, à l’international également… Et puis il est curieux, ce qui est une nécessité absolue, lorsqu’il s’agit de comprendre les enjeux de la transformation numérique par exemple.
Une polyvalence qui facilite les évolutions métier : Chez FTP, on passe facilement d’un métier à l’autre. Commercial, marketing, administration des ventes, fonctions financières… « La mobilité intragroupe est également réelle. La preuve, j’étais chez France Télévisions avant de rejoindre FTP. La diversité de nos métiers nous amène à faciliter les passerelles. C’est même une souhaitable : par exemple, plus nos commerciaux digitaux évolueront chez l’éditeur, plus la direction numérique sera performante et innovante ! »
Et pour unE jeune Sciences Po ?
FTP est très féminisée surtout quand, comme moi, on a auparavant évolué au sein du ministère de l’Économie. J’ai été recrutée par une femme, toute ma hiérarchie est féminine ! Nous avons mis en place une politique très concrète ouverte aux demandes de travail aux 4/5, d’entretiens systématiques en cas de retours de congés maternité…
Le saviez-vous ? Au sein des 30 top managers de FTP, la parité absolue est respectée.
Quelles sont les opportunités de recrutement pour ces jeunes diplômé-e-s ?
Nous renforçons notre force commerciale télévision, parrainage et digital, mais aussi nos équipes marketing et communication. Nous avons besoin de plumes marketing, par exemple, pour être toujours plus percutants vis-à-vis des annonceurs. Un jeune diplômé de Sciences Po apportera sa capacité à rédiger, à réaliser des livrables, à tenir les délais, son inventivité… Le meilleur moyen de se rendre compte de ce que sont les métiers de la publicité, c’est de nous rejoindre en stage !
Le chantier Simplicité : FTP a mis en place un chantier, alimenté par les collaborateurs eux-mêmes, pour donner une incarnation, dans la vie quotidienne de tous, à un des axes stratégiques de l’entreprise : la simplicité. Parmi les nombreux axes de travail : la tenue des réunions, la rédaction des emails, les méthodes et l’environnement de travail… « Nous avons ainsi déterminé nos 5 valeurs phares : respect, ouverture, solidarité, vivacité et fierté d’appartenance. »
Quel souvenir gardez-vous de vos années à Sciences Po ?
Après les études académiques que j’avais suivies, l’IEP m’est apparu comme un formidable tremplin pour passer à l’action. C’est une formation très adaptée au monde et à son évolution. On y apprend à travailler en équipe, à s’ouvrir sur le monde. Et puis la mixité des personnes et des parcours y est réelle.
L’anecdote d’Irène : » Je poursuivais mes études à l’université alors Sciences Po a accepté que j’étale mon master… en quatre ans au lieu de deux ! C’était formidable de passer d’un univers à un autre : je pouvais suivre un cours d’histoire médiévale à la fac le matin et un cours d’économie à Sciences Po le soir. J’y ai moi-même enseigné quelques années par la suite. Le fait d’avoir comme professeurs des professionnels qui racontent ce qu’ils font toute la journée rend les cours très vivants. »
Quel message pour ces jeunes Science Po ?
Il faut être fier, bien sûr, de son diplôme de Science Po, mais vite l’oublier également ! Quel que soit le diplôme et son prestige, rien n’est gagné : il faut toujours essayer de se mettre en risque, de sortir de son confort. Le monde du travail est très concret : on doit toujours continuer à se former, à apprendre…
Stop à l’autocensure !
« Ne vous autocensurez jamais, ni à l’entrée du marché du travail ni en cours de carrière ! » Voilà le message d’Irène aux jeunes diplômées. « Le décrochage ne se fait pas qu’en début de carrière : on sait que, même en 2017, les étudiantes continuent à s’autocensurer sur leurs orientations ; mais l’autocensure intervient aussi tout au long de la vie des femmes, à chaque étape de l’évolution de la carrière. Les étudiantes doivent en avoir conscience. C’est aussi le travail des entreprises de concilier cette vie personnelle avec la vie professionnelle. »
« Mixer la créativité et l’innovation commerciale au service d’une grande marque de service public »