Au début de l’année 2022, PayFit a rejoint le cercle légendaire des licornes tricolores qui peuplent la French Tech. C’est de l’imagination d’un Polytechnicien, Florian Fournier (X 13), et de ses deux associés, qu’est née la startup valorisée à plus d’un milliard de dollars. Rencontre avec cet entrepreneur diplômé de l’Ecole polytechnique pour qui aucun rêve n’est fou.
Qui était Florian Fournier lorsqu’il pousse les portes de l’Ecole polytechnique pour la première fois en 2013 ?
Un étudiant originaire de Toulouse qui sort d’une prépa parisienne. Un passionné de sports en tout genres : rugby (forcément, en tant que toulousain !), tennis, foot…
Partagez-nous un souvenir marquant de votre formation militaire en première année du Cycle Ingénieur.
Après un mois au camp de La Courtine dans la Creuse, j’ai rejoint les pompiers de Paris de la caserne de Ménilmontant (20e arrondissement) pendant plusieurs mois. A 20 ans seulement, c’était une expérience incroyable ! Jeune, avec peu d’expérience, j’ai dû apprendre à assoir ma légitimé auprès de l’équipe de l’ambulance dont j’ai été nommé responsable, tout en restant humble et en prenant plaisir à travailler tous ensemble. J’ai parfois vécu des situations difficiles au cours de mes interventions. Celles-ci m’aident encore aujourd’hui à relativiser et à surmonter mes moments de « moins bien ».
Élève-ingénieur, vous rêviez-vous déjà entrepreneur ?
Dès mes années lycée, à la question « que veux-tu faire plus tard ? » lors des repas de famille, je répondais « créer une boîte qui embauche des chômeurs pour réduire la problématique du travail et avoir un impact positif sur la société » ! J’ai toujours rêvé d’entreprendre, inspiré par mon cercle familial qui compte de nombreux entrepreneurs. Comme mon grand oncle : cofondateur du groupe Carrefour. Bercé par ces histoires familiales, je suis entré en école d’ingénieurs pour développer un bagage solide afin d’entreprendre, pas trop tard je l’espérais.
Comment l’Ecole polytechnique vous a aidé à concrétiser vos ambitions ?
En deuxième année, j’ai pu faire un stage dans la startup PayFit que nous étions tout juste en train de créer. Et en troisième année, l’école m’a accordé le temps nécessaire pour m’investir à 100 % dans ce projet qui me permettait, en plus, d’être rémunéré. De manière globale, les cours de sciences et de mathématiques de l’X m’ont été extrêmement bénéfiques. Ils m’ont appris la vertu de la rigueur et m’ont donné des fondations solides pour bâtir mon avenir entrepreneurial, notamment sur la partie programmation.
Et qui est Florian Fournier aujourd’hui ?
Le Florian Fournier d’aujourd’hui a l’impression de ne jamais faire le même métier depuis les débuts de PayFit. C’est hyper intéressant et challengeant. Au quotidien, je dois me remettre en question et bien m’entourer. Et puis je continue à faire du sport malgré un emploi du temps très serré. Même si je suis triste de ne plus pouvoir faire de rugby, je fais beaucoup de tennis, de foot (nous réservons des terrains pour jouer avec les équipes de PayFit !), de la natation, de la course à pied…
PayFit : un pitch de présentation ?
PayFit ambitionne de révolutionner les processus RH grâce à une technologie unique : un logiciel de gestion de la paie et des ressources humaines en ligne, utilisé aujourd’hui par plus de 6 000 clients en France mais aussi en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni. Près de 900 PayFiters ont déjà rejoint l’aventure et nous prévoyons de grandir les effectifs en 2022 pour apporter davantage de valeur à nos services et produits.
Excitants ces projets de recrutement ?
Passer d’une bande de potes qui monte sa boîte à une entreprise de 900 personnes de générations différentes qui viennent du monde entier, c’est tellement différent. Parfois effrayant. Mais toujours un plaisir de travailler en équipe et d’attirer de nouveaux talents. En 2020, nous avons mis en place le « Work from anywhere » : tous nos collaborateurs peuvent travailler d’où ils le souhaitent. Aucune obligation de présentiel. Ainsi, quand on recrute de nouveaux PayFiters, ils ne sont pas contraints de devoir se projeter dans un bureau, dans une zone géographique précise. Cela nous permet de ne fermer la porte à aucun talent. Tous sont les bienvenus.
Votre startup a rejoint le club des licornes françaises après une levée de fonds de 254 millions d’euros. Votre plus grande fierté ?
Je suis très content de la visibilité que cela nous a apporté en termes de recrutement et d’acquisition client. Nous l’avons célébrée tout en gardant les pieds sur terre. Car nous avons conscience qu’il ne s’agit que de metrics qui traduisent notre croissance, notre ambition et la confiance de nos investisseurs. Mais ce n’est pas « un achievement ». Je considère cette grande étape comme un arrêt à la station d’essence pour remettre du carburant et continuer notre route avec sérénité vers la direction que nous nous sommes fixée : avoir un impact sociétal.
Racontez-nous vos débuts dans l’entrepreneuriat.
J’ai rencontré Firmin Zocchetto lorsqu’il était en prépa éco, moi en prépa ingés. Nous sommes devenus de bons amis en faisant beaucoup de sport ensemble et nous avons gardé contact par la suite. Quant à Ghislain de Fontenay, le troisième fondateur de PayFit, il a grandi avec Firmin. C’est un développeur autodidacte. Nos trois profils étaient complémentaires et nos ambitions personnelles se rejoignaient. C’était une chance énorme. Peu importe ce qui se disait autour de nous, nous étions prêts à mettre toute notre énergie dans un projet commun et nous avons osé fonder PayFit tous les trois en 2015.
L’entrepreneuriat : pourquoi c’est fait pour vous ?
J’aime pouvoir créer un univers unique à partir de zéro, une culture d’entreprise et un environnement de travail positif pour l’épanouissement des PayFiters et la société. C’est ce qui me drive depuis le début. Je suis d’autant plus heureux de le faire en travaillant avec des personnes qui m’inspirent au quotidien.
Faites profiter les Polytechniciens et Polytechniciennes de vos secrets de réussite !
Je leur conseille de ne pas avoir peur de se lancer. Les grandes écoles nous ouvrent plusieurs belles portes. C’est facile. Alors qu’entreprendre, c’est n’ouvrir qu’une seule porte et prendre un risque… mais ça vaut le coup ! Il ne faut pas avoir peur d’entreprendre tôt et d’avoir des ambitions élevées, même quand on est jeune. C’est le meilleur moment car on est plein d’énergie. Mon deuxième conseil : lancez-vous avec des gens qui partagent profondément les mêmes aspirations que vous. Dernier conseil : prenez quand même le temps de profiter à fond de vos années d’études.
Avant PayFit, Florian Fournier avait déjà fondé une startup
Bien décidé à entreprendre dès ses études, Florian Fournier avait créé lors de sa première année à l’Ecole polytechnique une société avec deux de ses camarades, Emeric et Thibault. « C’était une activité de fabrication de calots militaires que nous vendions aux élèves de prépa. Un marché de niche onéreux, qui a quand même su trouver preneur car nous avons vendu la startup à un de nos concurrents. Un petit projet marrant à lancer, qui est tout de même devenu sérieux ! »