Laurent Métral (Université Jean Moulin Lyon 3, Promo 1989), Directeur Général Adjoint en charge des Ressources Humaines et de la Communication de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, dévoile les coulisses d’une banque plusieurs fois distinguée comme meilleur employeur de son secteur. Dans un monde bancaire en pleine transformation, il détaille comment le groupe parvient à allier performance économique et valeurs pour attirer et fidéliser les jeunes talents.
La politique RH de Crédit Mutuel Alliance Fédérale est régulièrement saluée par des distinctions de référence. Les raisons de ce succès ?
Cette reconnaissance s’explique d’abord par notre modèle mutualiste et nos valeurs solidaires fortes, renforcés par notre statut d’entreprise à mission. Ce ne sont pas de simples déclarations : nos engagements sont suivis et concrètement mis en œuvre pour aligner sur un même plan les intérêts de nos collaborateurs et ceux de nos clients. Quand nous luttons contre les discriminations, nous le faisons pour nos clients avec, par exemple, la suppression du questionnaire de santé pour les crédits immobiliers, et en interne avec des actions pour l’égalité professionnelle. Ainsi, même si nos métiers sont les mêmes que chez nos concurrents, ils ne s’exercent pas dans le même cadre de valeur. Notre dividende sociétal illustre parfaitement cette différence : 15 % de notre résultat net sont directement consacrés au financement de projets pour travailler à une société plus humaine et plus durable. Ce cadre fort de valeurs donne un sens particulier à l’exercice de nos métiers bien ressenti par nos collaborateurs.
Comment votre culture coopérative se traduit-elle concrètement au quotidien pour les collaborateurs ?
Nous avons mis en place, depuis longtemps, un pacte social fort qui valorise le collectif et l’engagement individuel. Nous sommes le seul établissement bancaire qui instaure, année après année, des augmentations générales pour tous, parallèlement aux augmentations individuelles et aux dispositifs « classiques », avec un très haut niveau de redistribution, d’intéressement et de participation. Nos dispositifs salariaux sont annuellement parmi les meilleurs du secteur bancaire. Ces mesures qualitatives récurrentes sont pour nous un investissement sur le capital Humain et ne sont pas vues comme des frais. En matière de formation, le secteur bancaire est traditionnellement l’un des plus engagés, et nous sommes parmi les plus investis avec 6 à 8 % de notre masse salariale consacrés, chaque année, à la formation interne. Véritable ADN de nos politiques RH, nous nous appuyons sur la promotion interne pour accompagner nos talents et potentiels avec un cadre international qui se développe (20 % de l’activité à l’international). Nous sommes aussi très actifs sur l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle tout en embarquant des enjeux d’égalité professionnelle, de diversité, d’inclusion notamment en faveur du handicap. Je suis convaincu que l’attractivité et la fidélisation des collaborateurs viennent du caractère global de nos politiques RH.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la gestion de la marque employeur au sein d’une organisation aussi grande et diversifiée ?
Nos défis principaux sont liés à notre nature multimarques et multiservices : Crédit Mutuel, CIC, Cofidis, assurance, informatique, etc… Notre Groupe est très axé sur l’autonomie et la décentralisation des responsabilités. Notre enjeu est donc de veiller à maintenir cette autonomie tout en diffusant « partout et pour tous nos collaborateurs » une culture, des valeurs et des pratiques RH communes. Second défi : faire rimer ces aspects avec la performance nécessaire de l’entreprise. Plus nous sommes performants, plus nous avons la capacité à donner de l’ampleur à notre politique ESG et à innover socialement pour nos collaborateurs. Aujourd’hui, 15 % de nos 4,2 milliards d’euros de résultat 2024 alimentent notre dividende sociétal. Cette performance nourrit la fierté d’appartenance et permet aussi de mettre du « carburant » dans notre politique sociale. Enfin, le dernier défi consiste à rester dans l’opérationnalité, c’est-à-dire traduire ces politiques en actions concrètes au bénéfice de nos territoires, de nos clients et de nos collaborateurs.
Le marché du travail évolue rapidement, et les attentes des jeunes diplômés aussi. Comment ajustez-vous votre offre pour les attirer ?
Depuis mon entrée dans la banque, j’ai toujours observé que chaque nouvelle génération entrante arrive avec ses attentes et ses leviers d’engagement spécifiques. Étant une entreprise de services, ce qui fait la différence sur le terrain, ce sont nos collaborateurs, leur engagement et leur expertise. Notre manière de concevoir actuellement la banque peut engager les jeunes : transition écologique et énergétique, diversité des collectifs, développement au service des territoires et de leurs acteurs… Souvent, la banque n’a pas une image attractive, mais elle représente aujourd’hui un véritable levier pour accompagner les évolutions de la société. Notre métier consiste à faciliter la vie de nos clients, leurs projets et à sécuriser leur avenir. Nous les accompagnons aussi dans les évolutions énergétiques et sociétales afin que tous puissent faire face à ces enjeux. Pour les jeunes, c’est une vraie opportunité de s’engager dans ces transitions en étant acteur du changement. En tant que groupe bancaire complet, nous proposons en France comme à l’international, dans des structures de taille importante ou dans des starts up, tous les métiers possibles : informatique, assurance, fonctions support, métiers bancaires et commerciaux, etc. Nous avons recensé plus de 170 métiers différents !
Votre plan stratégique vise plus de 15 millions de clients dans vos réseaux. Comment les jeunes diplômés peuvent-ils vous aider à relever le défi ?
Nous fonctionnons beaucoup par promotion interne. Notre stratégie se porte sur le recrutement de jeunes talents, leur intégration et fidélisation pour qu’ils montent en compétences et responsabilités au sein du Groupe. L’avenir leur appartient, c’est à eux de construire le futur de notre Groupe. Nous souhaitons garder notre modèle de banque de proximité physique tout en intégrant le digital, qui est incontournable dans la banque aujourd’hui. Nous avons donc besoin de collaborateurs qui incarnent cette vision d’un monde nouveau, avec une vraie appétence pour la clientèle, prêts à s’adapter aux évolutions comme l’IA. Cette banque sera plus ouverte et moins stéréotypée dans ses métiers et ses approches. Nous voulons garder notre place centrale de tiers de confiance tout en accompagnant les transitions de la société.
Si vous deviez choisir une seule qualité caractérisant un jeune diplômé apte à s’épanouir au sein de votre groupe, quelle serait-elle ?
Nous aurons toujours besoin de collaborateurs avec des expertises fortes sur certaines dimensions, mais nous recherchons également des profils capables d’avoir une appétence en matière de relation clientèle. Il ne s’agit pas simplement d’une vision commerciale, mais de comprendre comment intégrer le client dans l’ensemble de son écosystème et lui apporter une vraie valeur ajoutée. Bien que le diplôme reste un élément important et formateur, nous recherchons des profils ouverts sur le monde et ses mutations, capables d’envisager plusieurs métiers dans une carrière et de s’adapter à des environnements en évolution permanente.
On dit souvent que la génération Z est désinvestie : votre avis ?
Chaque génération apporte ses visions et les évolutions qui vont avec. Cela pousse positivement les entreprises à se remettre en question, à rechercher de nouveaux leviers d’engagement et de fidélisation. Je ne crois pas du tout que cette génération soit moins investie. Elle arrive simplement à un moment où les conséquences de certains choix collectifs ne sont pas les mêmes que pour les générations précédentes. Les jeunes sont investis d’une certaine vision du monde et des écosystèmes qui diffère de celle des autres générations. C’est à nous de trouver les éléments qui engagent cette génération. Nous avons la chance que les valeurs structurelles de Crédit Mutuel Alliance Fédérale puissent parler aux jeunes d’aujourd’hui.
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