Ces métiers qui changent le monde !

« Développement durable », « responsabilité sociétale », « économie solidaire »… ces programmes ne sont plus aujourd’hui considérés comme utopiques par les entreprises mais, au contraire, comme autant d’opportunités et de réponses à la mutation actuelle. Portés par quelques métiers dédiés, mais surtout par des salariés et des créateurs d’entreprise de plus en plus jeunes, ils sont déjà présents sur plus de 80 campus. Bienvenue dans le grand chantier du « World In Progress »

Arrêtons de parler de « l’autre économie » : sociale et solidaire, comme si l’on faisait le portrait d’un cousin de Province plein de bonnes intentions mais n’ayant rien compris au « business ». Services aux personnes, éco-habitat, valorisation des déchets… l’économie sociale et solidaire (ESS ) représente déjà 10 % de l’économie française et, en dix ans, a engendré 400.000 emplois nouveaux, soit, proportionnellement, bien plus que le secteur privé traditionnel.

 

Des métiers dédiés, certes …
Parmi ces emplois créés, un certain nombre correspondent à des spécialités mises en oeuvre au sein d’entreprises agissant dans le domaine du social ou du développement durable. Au sein également d’ON G, agences d’Etat et cabinets de conseil intervenant auprès de grandes entreprises et de territoires de plus en plus demandeurs. De là à affirmer qu’un DEA en DD (Développement durable) est devenu un sésame pour l’emploi… serait exagéré. Car le changement passe tout autant par la création de petites entreprises venant répondre à des problématiques spécifiques que par une nouvelle façon d’occuper les postes clés des grandes entreprises : logistique, marketing, RH… Par conviction, ou pour faire face à la montée du 5e pouvoir (cette opinion publique à la puissance démultipliée par internet et les réseaux sociaux), nombre de grandes entreprises font leur révolution.

 

Des postes clés, surtout
Ainsi, « en repensant il y a dix ans son mode d’approvisionnement et en développant une approche multicanal, Monoprix a déjà économisé 230 tonnes de CO² et évité l’entrée dans Paris de 12.000 poids lourds », explique Sabine El Krasi, sa directrice logistique. Même chose chez PepsiCo France où Cécile Echalier, responsable de l’audit interne, traque au quotidien tous ces gestes qui permettent d’alléger l’empreinte carbone : réduction des impressions papier, recyclage, vélos mis à disposition, extinction des feux à 20 h… Quant aux dirigeants qui incitent leurs conducteurs à se former à l’éco-conduite, ils effectuent d’emblée des économies de carburant d’au moins 10 % ! Bref, il s’agit moins de créer de nouveaux métiers qu’une nouvelle manière, plus responsable, d’envisager les métiers de toujours. Pour faire du solaire, il faut déjà être ingénieur et pour développer le commerce équitable, connaitre à fond les règles du commerce profitable… Avant de créer sa société de microcrédit Babyloan, Arnaud Poissonnier a été (et demeure !) gestionnaire de patrimoine chez HSBC ! Et quand il a lancé Emmaüs- Défi pour aider les gens de la rue à reprendre contact avec le monde du travail, Charles-Edouard Vincent, ancien diplômé des Ponts et Chaussées, a sollicité à fond les fondations d’entreprises, dont celle de SFR . Il emploie aujourd’hui 100 personnes et réalise un CA d’1 million d’euros ! Idem des Jardins de Cocagne qui se sont associés avec Vinci pour faire pousser leurs jardins équitables… le long des autoroutes ! Ancienne et nouvelle économie sont complémentaires…

 

Et beaucoup de création d’entreprises
Charlotte et Marie Findeling ont, elles, créé Deuz de toutes pièces, marque d’accessoires pour enfants équitable, à succès, grâce à laquelle elles ont représenté la France au dernier G20 YES (Young Entrepreneur Summit) de 2012. Même s’il est un peu plus difficile de convaincre banques et investisseurs pour monter sa boîte dans l’ESS parce que la rentabilité y est moindre, les fonds dédiés se multiplient : Nef Garrigue, Crédit Coopératif, France Active… La Banque Publique d’Investissement a réservé 500 millions d’euros à l’ESS et l’Europe créé un fonds dédié. Comme toujours, les initiatives pionnières avaient précédé l’intervention publique. Depuis des années, l’association Ashoka propose à travers son programme « changemakers » d’aider les 14-22 ans à monter leur dossier en vue du concours « Dream it. Do it » ouvrant sur des bourses de 500 à 1500 €. Car, ainsi que le rappelle Bill Drayton, son fondateur : « 80% des entrepreneurs sociaux ont lancé leur première initiative à l’adolescence ! ».

 

Association de bienfaiteurs…
Et puis les belles réussites se multiplient, qui changent les mentalités, à l’image de celle du groupe SOS dont le patron, Jean-Marc Borello, président du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux, plaide : « Pour attirer davantage de jeunes, il est urgent de développer des formations dédiées dans les grandes écoles et les universités ». Or, c’est exactement ce qui se produit (cf encadré). Tandis que les étudiants ne sont pas en reste : issus de plus de cent associations et regroupés au sein du Refedd (Réseau français des étudiants pour le développement durable), ils s’emploient à faire passer auprès de leurs condisciples les fondamentaux d’une économie raisonnée à travers formations, rencontres, boîte à outils… World In Progress, on vous dit.

 

Les écoles où ça bouge
Trop d’écoles (plus de 80 !) ont, aujourd’hui, amorcé le grand virage vers un enseignement « responsable » pour qu’on puisse les citer toutes. Honneur donc aux plus avancées et audacieuses.
Dans la famille Universités, les nominées sont : l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines qui, en dix ans (depuis 2002), a véritablement installé le développement durable au coeur de son enseignement, initiant plus de 30 formations dédiées, participant aux recherches européennes, etc. Mentions spéciales : l’U. Catholique de Lille, l’U d’Angers et l’U. Joseph Fourier Grenoble 1.
Dans la famille écoles de commerce, les nominés sont : Euromed Marseille (depuis 2001) dont le slogan « Former des managers responsables » s’incarne non pas à travers des formations spécifiques, mais en mettant du développement durables dans toutes les formations ! Mentions spéciales : Audencia Nantes, ESC La Rochelle, Reims Management School.
Dans la famille écoles d’ingénieurs, enfin, les nominés sont : L’Ecole des Mines de Nantes (depuis 2007). Economie d’énergie (20 %), de gaz à effet de serre (60 % !) : on commence ici appliquer à soi les bonnes résolutions ! Puis on partage ses acquis (notamment avec les autres Mines) et on les enseigne. Mentions spéciales : Supélec, Ponts ParisTech et Centrale Paris.

 

Les médias à la rescousse !
4 atouts majeurs sont désormais à la disposition des étudiants pour s’informer sur les initiatives porteuses de changement, trouver de bonnes idées, des partenaires et… des solutions.
« Initiatives » sur France Info : chaque jour, à 6h20 puis 11h20, Lucie Montchovi jette un coup de projecteur sur une initiative concrète porteuse d’espoir : covoiturage, aide à l’emploi, mieux-vivre, etc. Une bonne parole recueillie par près de 5 millions d’auditeurs…
www.franceinfo.fr
Avec Sparknews.com, Christian de Boisredon a inventé le « supermarché » des solutions. Son site met à la portée de tous sous forme d’articles et de reportages (pour s’en inspirer et les reproduire) les solutions apportées partout dans le monde par chercheurs, institutions et entreprises à une problématique précise. Exemplaire !
Reporters d’Espoirs de son côté, fait la même chose au niveau national et s’emploie surtout à diffuser les initiatives retenues à travers les médias généralistes. A l’exemple du désormais fameux « Libé des solutions ».
Reportersdespoirs.org
Youphil.com/fr enfin, créé en 2008 par Angella de Santiago, se propose d’être à l’ère du numérique, « le média de toutes les solidarités ». Ici traitées de manière très « pro » à travers son site ou des contenus rédactionnels fournis à de grandes entreprises déjà sensibilisées. Sans oublier la newsletter « Tendances de l’innovation sociétale ».

 

L’économie sociale et solidaire (ESS ) représente déjà 10 % de l’économie française et, en dix ans, a engendré 400.000 emplois nouveaux, soit, proportionnell ement, bien plus que le secteur privé traditionnel.