Après une année agitée, le nouveau directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, a été nommé. Qu’espèrent les étudiants de son arrivée ? Etudier au calme, suivre une formation d’excellence et la préservation de la qualité de leur diplôme.
Rétablir la confiance
Sciences Po sort d’une période de transition marquée par la polémique et un certain flou. « Après une période tangente, nous attendions vraiment l’arrivée d’un directeur, explique Marine* étudiante de 4ème année en stage de césure. La procédure de nomination nous a semblé compliquée et des syndicats étudiants l’ont dénoncée. Je n’ai pas vraiment suivi ces débats. » Vincent Guénon vient d’entrer en 2ème année et n’a donc pas connu l’ancienne direction. Il avoue aussi ne pas avoir été intéressé par l’action des militants. « Le nouveau directeur ne pourra pas changer le passé, constate-t-il philosophe. Ce qui importe c’est ce qu’il va se passer maintenant, probablement pas un changement radical. » « Ce que je sais de notre directeur est rassurant, ajoute Marine. Il a un profil de haut niveau, il est très diplômé, a travaillé dans l’enseignement et connait Sciences Po. »
* Le prénom a été modifié Le manque de confiance a aussi concerné la qualité gestion de l’établissement. « A nos yeux d’étudiants la question est : à quoi servent nos frais de scolarité ? » demande Marine.
Retour aux fondamentaux
Durant la période de transition, les élèves n’ont ressenti aucun impact sur leurs cours. « Ce qui importe le plus pour moi est la qualité de la formation, de notre diplôme, de notre image auprès des employeurs, de notre insertion professionnelle, insiste Marine. Je suis et je vois mes camarades épanouis et c’est cela l’essentiel. » Les élèves font confiance à leurs professeurs, intervenants et aux services administratifs « qui ont toujours assuré un bon encadrement », assure Marine. Le premier sujet de préoccupation des étudiants est très logiquement le niveau de leur cursus. Les discussions entre Vincent et ses camarades, avec des professeurs, portent d’ailleurs sur « l’enjeu de maintenir un niveau d’excellence. Certains disent que l’augmentation du nombre des élèves pose la question de la sélectivité ; et l’allongement du cursus en 5 ans, organisé en semestre avec des modules plus courts, pose celle de l’intensité des programmes, des connaissances finalement transmises. On ne peut plus parler de « maison » ou« famille » Sciences Po avec plusieurs milliers d’étudiants. L’institution devra s’interroger sur comment pérenniser et souder sa communauté. »
Quels sont les enjeux pour le nouveau directeur ?
Frédéric Mion a pris ses fonctions le 2 avril 2013. L’ancien secrétaire général de Canal + est administrateur de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP) et directeur de l’IEP de Paris. Ses liens avec l’institution sont anciens puisqu’il en est diplômé en 1992, a été responsable de la filière administrative de 1996 à 1999 et y a enseigné le droit public jusqu’en 2003. Il est également ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, de Princeton. La ministre Fioraso a donné une lettre de mission au directeur issue des recommandations de la Cour des Comptes et réitérées par l’administrateur provisoire qui a géré l’établissement entre le décès de son ancien dirigeant et la nomination de son successeur, Jean Gaeremynck.
Pour Frédéric Mion la tâche est vaste :
• Mener les évolutions statutaires (représentation dans les conseils de direction de Sciences Po et d’administration de la FNSP des étudiants, du ministère)
• Développer la politique de recherche
• Développer les relations avec d’autres universités et les IEP en région
• Restaurer la confiance avec les professeurs, personnels, étudiants et diplômés
• Consolider après la période de forte expansion de l’établissement
A. D-F