Depuis 1899, Bouchara ne cesse de repenser, de bousculer et d’inventer le monde du textile. Une tradition à laquelle ne déroge pas Adeline de Monpezat (IEP Bordeaux 92 - DESS Marketing Publicité Celsa 95), sa présidente, qui en 2009 a donné une nouvelle impulsion à la marque. Elle nous en explique tous les motifs. – Par Violaine Cherrier
Présidente de Bouchara mais aussi directrice générale adjointe d’Omnium de Participations, Adeline de Monpezat cumule les mandats… et les responsabilités. À 27 ans à peine, elle prenait déjà la direction de Bouchara Haussmann et de ses 150 collaborateurs. « C’est dans ma nature. Quand une opportunité se présente, je fonce. » Un état d’esprit de dirigeant !
Relancer la marque en mode startup
Lorsque le challenge de reprendre Bouchara s’est présenté, Adeline de Monpezat n’a pas hésité une seconde ! « C’est une marque très affective. L’aventure devait continuer, je me sentais prête à relever ce défi. J’étais très enthousiaste à l’idée de développer un nouveau business plan et d’entreprendre d’une manière différente avec ma connaissance de la marque. » Pari gagnant : Bouchara a ouvert 3 boutiques en propre en France et développé ses licences à l’international.
Le saviez-vous ?
54 % de notoriété : plus d’1 Français sur 2 connaît la marque Bouchara
Des vendeurs de rêve
Faut-il pour autant tout changer pour relancer une marque ? Non ! Les valeurs restent le socle de l’entreprise. Ainsi, l’engagement et la bonne humeur côtoient au quotidien la passion du métier. « Pour le consommateur, un rouleau de tissu n’a rien d’enchanteur. Pour nous, en revanche, il est vecteur d’imagination. Nous en voyons immédiatement le potentiel. Cette connaissance métier est irremplaçable. » Une philosophie qui colle parfaitement à l’organisation transversale mise en place : ici, chaque collaborateur est force de proposition et d’initiatives !
« Bouchara existe depuis 1899 et son aventure s’écrit tous les jours »
La personnalité pour faire la différence
Un environnement positif qui laisse la place à chaque personnalité de s’exprimer. « J’apprécie les profils volontaires et créatifs. On les remarque dès l’entretien. Le choix se fait alors lorsque l’on échange, on appréhende sa perception, son comportement… » Bouchara compte 11 collaborateurs. C’est une structure ultra légère qui a vocation à le rester.
Façonner la convivialité
Des paroles aux actes, il n’y a qu’un pas. Ce sont ainsi les collaborateurs qui animent les séminaires. « Ils choisissent le lieu mais aussi toutes les activités extraprofessionnelles ! » Au programme : parapente, croisière d’une journée à Marseille autour des Calanques, visite du musée des arts décoratifs et du tissu…
D’une marque à l’autre
En revanche, le groupe privilégie les transferts internes entre ses marques – Burton of London, Devred 1902, Eurodif. Autre atout : tout le spectre des métiers est ouvert aux jeunes diplômés ! « Dans le retail, un jeune talent peut être amené très rapidement à évoluer à un poste de direction de région avec de multiples points de vente à gérer. » La centrale d’achat, la logistique, la finance, les RH, la communication, le marketing digital, le système d’information… sont autant de points d’entrée pour les jeunes diplômés dans les 3 enseignes du groupe.
Insuffler un vent nouveau
Des perspectives d’évolution indispensables pour innover en permanence. Et Adeline de Monpezat n’hésite pas à donner l’exemple. Elle est ainsi fortement investie dans le réseau R3ilab et s’est même rendue au MIT ! « Une marque a besoin de se renouveler pour exister et durer. C’est ce que l’on cherche auprès des jeunes talents : apporter de nouvelles choses, de nouveaux process et de la différentiation. »
« La fibre a de l’avenir ! »
« Nous étions une dizaine d’industriels à visiter le MIT. Nous y avons rencontré des chercheurs, des étudiants… Ce fut une expérience très enrichissante et une vraie bouffée d’oxygène. Depuis mon retour, via le réseau R3ilab, je travaille donc avec un industriel du Nord et une professeur architecte du MIT sur un projet de développement d’un tissu en lin très novateur qui pourrait à la fois réchauffer et rafraîchir. Le nom que j’ai proposé a été validé par l’équipe ; le climalin. »
La mode au féminin
Le secteur du retail ne connaît pas de problème de féminisation de ses effectifs. Au contraire ! Les écarts de salaires y sont bien plus faibles qu’ailleurs : 6,9 % en défaveur des salariées et 8,9 % concernant les femmes cadres. « Même si nous sommes vertueux sur la gouvernance, il existe des résistances qui vont au-delà de notre volonté. C’est pourquoi je suis favorable à la politique des quotas de manière temporaire, le temps que cela s’inscrive dans les mœurs. Les femmes se limitent souvent elles-mêmes. Il reste difficile de sortir de ces schémas. »
Place aux femmes
• Le groupe compte 75 % de femmes tous postes confondus et 59 % de femmes cadres
• Depuis 2007, le groupe accueille 50 % de femmes dans son conseil d’administration
• 2 enseignes du groupe sur 3 affichent une parfaite parité femmes – hommes dans leur comité de direction
Du sexisme à tous les niveaux
Ayant intégré un groupe familial, il y a deux choses sur lesquelles elle doit néanmoins se battre :
1. Je ne suis pas là parce que je suis la fille ou le fils de…
2. Je suis une femme, j’ai ma place, je la mérite et je l’ai prouvé. « J’ai déjà eu des réflexions en ce sens, en parlant avec d’autres chefs d’entreprise. J’entends encore nombre d’hommes – souvent de moins de 45 ans – qui me disent : ‘’Mais de quoi vous plaignez-vous, vous avez le droit de vote ’’. Entendre cela en 2016 par des générations jeunes, c’est inadmissible, même sur le ton de la plaisanterie ! »
Comment lutter au quotidien contre les mentalités ? Par la féminisation des mots par exemple. Adeline de Monpezat tient ainsi à écrire présidente ou directrice générale sur ses cartes de visite. « La clé de tout, c’est l’éducation des femmes. C’est par cette éducation que les pays se développeront économiquement, mais aussi culturellement et socialement. Mais il n’y a pas que les femmes. L’important, c’est la diversité ! »
Son mot d’ordre : « Ne renoncez jamais à vos rêves, ni à vos ambitions. Ne vous résignez pas ! »
L’équilibre n’est plus une problématique exclusivement féminine
L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est de plus en plus important dans l’entreprise. « Lorsque l’on occupe un poste à responsabilités, l’autonomie financière est essentielle. Quand ma fille était bébé, elle dormait 10 jours par mois chez sa nourrice à cause de mes déplacements. C’était un confort que je pouvais me permettre ! » Un vrai plus aussi pour cette mère de famille qui vit en Bretagne mais travaille une semaine sur deux à Paris. « C’est une organisation. J’essaie de faire en sorte d’avoir des moments de qualité ! »
Le grand plongeon
Comment garder les idées claires lorsque l’on est un haut dirigeant ? Adeline de Monpezat a sa méthode à elle : elle nage toutes les semaines en Bretagne « même quand l’eau est à 12° ». Une passion pour le sport qui colle parfaitement à la culture de l’entreprise : Bouchara est en effet sponsor du club féminin Brest Bretagne Handball – qui compte 2 vice-championnes olympiques – et de l’équipe féminine de football d’Evian Thonon Gaillard.
Le Groupe en chiffres :
• CA 2015 : 560 M€
• Effectif : 3 400 collaborateurs
• Magasins : 531
• http://www.groupe-omnium.fr
• Contact : contact@groupe-omnium.fr
Contact : http://www.bouchara.com/