[Analyse] Penser différemment, pour répondre aux urgences sociétales et environnementales

Hackathon_ESTP Paris 2019[1]

Dans les années 90, tandis qu’émergeait dans la Silicon Valley la mode du design thinking, Apple nous interpellait : « Think different ». « Penser différemment », ou … « différent », pour être capable de créer, d’inventer, d’innover. Cette approche de l’innovation et de son management mérite d’être enseignée à l’ESTP Paris, où sont formés les ingénieurs qui, demain, devront relever les colossaux défis liés à la protection de notre environnement.

 

Un secteur condamné à innover

Le secteur de la construction est impacté au premier chef par les changements qui menacent notre planète : réchauffement climatique, épuisement des ressources, destruction des écosystèmes… On ne peut plus faire comme avant ! Si ce constat est communément partagé par les acteurs de la construction, il doit aussi orienter les choix pédagogiques de l’école qui forme les bâtisseurs de demain. Pour préparer nos élèves ingénieurs à devenir les acteurs de la triple révolution – sociétale, environnementale, numérique – qui est en marche, nous devons sensibiliser le créateur et l’entrepreneur qui sommeillent en chacun d’eux aux enjeux de l’avenir.

Le design thinking à l’ESTP Paris, c’est :

une initiation proposée à tous les étudiants de première année, sous la forme d’une soirée « Étincelle » destinée à faire jaillir des idées neuves
la première étape du hackathon ESTP Paris, qui se tient sur deux jours en deuxième année
le socle de l’option Entrepreneuriat de troisième année
des espaces collaboratifs et modulaires, où les étudiants peuvent travailler librement autour d’une table ou d’un écran.

Quelques étapes du Design thinking :

« Échouer, tester, échouer, tester encore… »

C’est là, sans aucun doute, l’aspect le plus déroutant de la démarche, surtout pour des élèves qui, a priori, n’ont aucun goût pour l’échec. L’idée géniale germe rarement toute faite, elle est le résultat d’une longue série de tests qui se sont soldés d’abord par des échecs. « Si vous me présentez une solution qui fonctionne du premier coup, c’est que vous n’avez rien compris à l’exercice ! », ironise ainsi Guillaume Bordeaux-Montrieux, l’expert qui coordonne l’option Entrepreneuriat. Pour accompagner cet apprentissage de « l’échec positif », Guillaume doit sans cesse rassurer les étudiants qui présentent à la hâte un projet bancal et inabouti.

« Penser avec les yeux »

Il ne s’agit plus de penser seulement avec sa raison, ou à l’aide d’une feuille de calcul, mais d’ouvrir ses yeux. Que ce soit dans la phase d’inspiration, qui requiert du design thinker une vraie curiosité (un regard d’enfant sur le monde), ou dans la phase d’idéation, au cours de laquelle l’idée en germe doit rapidement se laisser voir et partager sous la forme d’un croquis, d’un storyboard ou d’une maquette. La pensée visuelle est sollicitée, de préférence aux longues explications.

« Penser avec les autres »

Le design thinking a une autre vertu : il se pratique en groupe. Dans les challenges que nous organisons, c’est nous qui constituons les équipes, pour éviter que les affinités personnelles ne l’emportent sur les rigueurs du dialogue et de la collaboration : écouter l’autre, intégrer son point de vue, faire converger les avis vers une solution partagée… L’épreuve la plus redoutée vient ensuite : les étudiants ont l’obligation de sortir de l’École et d’aller tester leurs prototypes auprès des utilisateurs concernés. Une immersion « dans la vraie vie » dont ils ressortent eux-mêmes transformés.

L’humain au cœur de la formation

Au final, si la méthode permet à nos étudiants d’acquérir de précieuses compétences (créativité, travail collaboratif, envie d’entreprendre), l’essentiel est ailleurs. En partant de l’utilisateur final – de ses besoins, de ses aspirations, de ses pratiques quotidiennes -, et non de contraintes purement techniques, le design thinking remet l’humain au cœur de la formation. Une façon de faire comprendre à nos élèves ingénieurs qu’au-delà de leurs futurs employeurs, c’est d’abord et avant tout pour eux et leurs semblables qu’ils œuvreront demain.

L’auteur est Serge Le Strat, Responsable du département Management et Société, ESTP Paris

@estpparis

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