Un avenir pour le Tibet ?

Le respect des droits de l’homme en Chine, nouvel eldorado économique, pourrait être une chose bien vite oubliée par des étudiants en école de commerce. Et pourtant !

Cet été, avec une amie de ESCP Europe, Lena Armas, j’ai eu l’opportunité de passer deux semaines à Dharamsala, au pied de l’Himalaya, pour donner des cours de français à des réfugiés Tibétains, avec l’ONG Tibet World. Dharmasala est entre autre le lieu de la résidence principale du Dalaï-Lama depuis plus de 40 ans. Rien ne nous avait laissés penser que cette expérience nous ferait prendre conscience d’un problème dont nous n’avions entendu parler depuis les Jeux Olympiques de Pékin en 2008… Nous avons tous les deux logé dans une famille Tibétaine, qui nous a réservé un accueil des plus chaleureux et nous a fait partager une culture passionnante. Le père, Lhamo Kyab, avait décidé de revenir au Tibet en 2006 pour revoir ses proches mais aussi pour redonner espoir à ses compatriotes : en se mobilisant, leur situation pourrait s’améliorer. Une fois arrivé à Lhassa, il fut repéré par la police chinoise, puis mis en garde à vue. Il nous raconta qu’il était soupçonné d’avoir été envoyé par le Dalaï-Lama pour causer des troubles. Torturé, il subit des troubles auditifs, et fut condamné à 3 ans de prison après un procès expéditif.
Ceci n’est malheureusement qu’un exemple parmi d’autres. Un de nos étudiants a dû fuir le Tibet, et donc quitter sa femme et ses 3 enfants après avoir voulu déplacer un homme tué par la police chinoise lors d’une manifestation. Il ne sait toujours pas quand il les reverra, et son rêve de partir en Suisse a été brisé. Tant d’expériences nous donnent l’impression que les Chinois n’ont rien pour plaire, surtout quand on apprend que 1,2 million de Tibétains ont été tués depuis l’invasion de la Chine maoïste en 1949, sans compter les milliers de monastères et de temples datant de plusieurs siècles qui furent rasés, l’environnement saccagé par la déforestation ou encore l’établissement de mines de lignite. Nous leur avons dès lors posé la question : ressentez-vous de la haine pour les Chinois ? On pouvait penser qu’ils détestaient les Chinois, mais les Tibétains, lucides dans leur malheur, demeurent sages comme de véritables bouddhistes : ils n’en veulent pas à la population, mais uniquement à son gouvernement. C’est pour cette raison que les Tibétains restent déterminés à défendre leur cause et surtout à se faire entendre. En réalité, les Tibétains ne forment plus qu’une minorité dans leur région, d’autant plus que le gouvernement chinois incite ses compatriotes à se rendre dans le  » pays des neiges « . Le recours pour les Tibétains est tragique : une centaine d’immolations a eu lieu depuis 2009. Expérience bouleversante que de visiter le Tibetan Museum où l’on peut être saisi d’effroi devant des photos de personnes qui ont décidé de mettre fin à leur vie par désespoir. Mais alors, quel avenir pour les Tibétains ? Comment peuvent-ils espérer revoir leur pays libre et indépendant ? La seule solution pour que les Tibétains voient leur situation s’améliorer serait a priori la chute du gouvernement communiste, qui n’a pour l’instant que trop peu d’égards vis-à-vis des droits de l’homme, avec une complaisance suspecte de la part de la communauté internationale.

 

COMU
Maxime Ledez (promo 2015)