PREMIER EMPLOYEUR PRIVÉ DE MARTINIQUE ET DE GUADELOUPE, L’UGPBAN A INITIÉ EN 2008 LA RÉVOLUTION DE LA BANANE « DURABLE », UNE PREMIÈRE AMBITIEUSE QUE SON DIRECTEUR GÉNÉRAL PHILIPPE RUELLE (IAAL 83, IAE 86) ET SES ÉQUIPES ONT À CHARGE DE PILOTER, VALORISER ET FAIRE CONNAÎTRE, EN MÉTROPOLE COMME EN EUROPE. RENCONTRE AVEC UN DIRIGEANT INSPIRÉ ET ENTHOUSIASTE…
Née en 2004 du rapprochement de deux groupements de producteurs de bananes guadeloupéens et martiniquais, l’UGPBAN encadre et valorise la production de 650 planteurs employant 6 000 salariés (premier employeur privé des deux îles) et produisant plus de 270 000 tonnes de bananes par an. Mais c’est à Rungis qu’est basée la structure, pour servir plus efficacement les intérêts des planteurs et être au plus près des pouvoirs politiques, de la distribution et du consommateur. Car la banane est un fruit climactérique ; déjà mature lorsqu’elle est cueillie verte, il lui faut, après son transport être « réveillée » dans une murisserie où elle va achever sa bonification, l’amidon finissant de se transformer en sucre tandis que la peau de la banane vire au jaune soutenu…
« L’essentiel de
notre métier consiste
à valoriser et faire connaître le formidable travail effectué par nos producteurs… »
« Raison pour laquelle l’UGPBAN a racheté en 2008 le premier réseau de murisseries français, Fruidor, explique Philippe Ruelle. Nous y mûrissons 160 000 tonnes de bananes par an dans 9 établissements répartis dans tout le pays, le reste de la production irriguant les autres murisseries en France ou partant à l’export (à hauteur de 30 %, vers le reste de l’Europe). Autre avantage : Fruidor, maison d’expérience, est également le second opérateur français de fruits & légumes avec son activité Fruidor Terroirs : 120 000 tonnes produites pour 65 produits différents, issus des différents bassins de production français, ce qui offre à nos producteurs actionnaires une diversification rassurante. »
DES BANANES DURABLES !
Mais si 2008 demeurera dans toutes les mémoires du côté de l’UGPBAN, c’est d’abord parce que cette année-là fut adopté le très ambitieux Plan « Banane Durable ». Son but ?… aussi simple à énoncer que complexe à réaliser : devenir le premier (et pour l’heure l’unique) grand producteur de bananes durables ! « Des fruits produits de manière vertueuse tant d’un point de vue social qu’environnemental. En 7 ans, nos planteurs ont déjà réduit de 50 % l’apport de produits phytosanitaires et nous étendons aujourd’hui ces bonnes pratiques à l’ensemble de la production tout en accentuant encore la dimension sociale de notre cahier des charges, sachant que nous sommes les seuls planteurs de bananes au monde à travailler sous législation européenne, ce qui ne simplifie rien. Mais quel challenge motivant pour toutes nos équipes, de la culture elle-même à la mise en marché. Nous avons, investi massivement dans la recherche et, ouvert l’institut technique tropical (www. it2.fr) qui travaille sur les produits bio de substitution et nous proposons désormais nos bananes en y ajoutant un ruban bleu-blanc-rouge bien reconnaissable, car les producteurs, et tous nos concitoyens, peuvent être fiers de leur produit, la Banane Française, seule banane durable au monde ! »
« THINK LOCAL, ACT GLOBAL »
Avant de diriger l’UGPBAN et Fruidor, Philippe Ruelle avait déjà une bonne expérience du management en milieu coopératif, « cette forme de capitalisme plus solidaire où les producteurs se développent en s’unissant plutôt qu’en se concurrençant ». Jeune ingénieur agricole, après une première expérience en chambre d’agriculture, il avait travaillé pour une coopérative normande d’éleveurs de porcs, tout en suivant parallèlement – chaque week-end ! – les cours de l’IAE. Passé directeur, il s’était ensuite occupé durant 6 années de la principale entreprise agroalimentaire de l’île de la Réunion, l’Urcoopa, avant de rentrer en métropole diriger la division nutrition et santé animale (1,5Mds € de CA) d’InVivo et de rencontrer, à Bruxelles (où il a pris depuis longtemps l’habitude d’aller défendre les intérêts de ses producteurs), ceux qui lui proposèrent, en 2011, de piloter la suite de la mutation de l’UGPBAN… « Une tâche passionnante, même si le modèle coopératif ajoute une contrainte de taille au management d’une entreprise : celle d’avoir aussi pour mission d’associer les « actionnaires » ou plutôt adhérents, à vos décisions. Raison pour laquelle nous avons créé récemment une direction relation amont, pour que le lien indispensable entre les producteurs et la partie aval de la filière soit préservé. Cela doit permettre que tout soit aussi compréhensible et transparent que possible. Mais cette complexification de la gouvernance offre en retour l’intérêt de nous maintenir en contact permanent avec la réalité du terrain : de même qu’il nous faut expliquer aux planteurs les particularités du marché européen, nous ne devons jamais oublier que de leur côté, sur place, ils plantent une parcelle de bananiers pour 5 à 7 ans ! On est dans un tempo long, agricole, le tout multiplié par 650 producteurs différents qui tous, doivent avancer ensemble. Nous partageons donc une véritable aventure humaine, en ayant la chance de participer à l’équilibre de territoires restreints où les gens se connaissent et où les leviers d’action sont plus accessibles qu’en métropole. »
« UN SECTEUR PASSIONNANT ! »
C’est ce besoin et cette capacité à relier les différents univers pour maîtriser toute la complexité d’un système donné qui ont poussé Philippe Ruelle à retrouver les bancs de l’école pour y effectuer un Master en Management International (ESSEC 2004) alors qu’il travaillait à la Réunion. « Sur une île, il est professionnellement plus difficile de se ressourcer ; les dirigeants y voyagent donc davantage et j’éprouvais pour ma part le besoin d’échanger, de confronter mes méthodes et de réactualiser mes connaissances. Ce Master m’a offert une expérience extrêmement riche en échanges dont les apports méthodologiques furent d’autant plus pertinents que la formation avait été développée en partenariat avec Coop de France, émanation de la Coopération Agricole ». Comme quelques autres secteurs n’occupant pas forcément le devant de la scène, la filière Banane de Guadeloupe & Martinique, dès qu’on s’y intéresse dans le détail, offre une multitude de parcours très riches. « Nous recherchons de jeunes talents tous azimuts : agronomes pour mettre au point de nouvelles variétés, ingénieurs pour innover techniquement et optimiser la production, mais aussi des personnes dans le marketing, le commerce, la logistique… Et s’il est essentiel à l’UGPBAN de ne jamais oublier que l’on oeuvre pour défendre les milliers de personnes qui travaillent sur le terrain, et que l’on est d’abord là pour valoriser les efforts et les choix stratégiques faits par les producteurs – ce qui donne plus de sens encore à notre travail ! – la banane n’est pas un produit triste, loin de là, on ne s’y ennuie pas. La filière est plutôt fun… »
L’INSTANT RH
« Gardez un oeil ouvert sur tous ces secteurs d’activité qui, aujourd’hui, sans être les plus connus, deviennent passionnants car ils sont en pleine mutation, innovent et offrent de vraies opportunités de parcours créatifs. Durant vos stages, multipliez les expériences dans des entreprises et secteurs différents afin de trouver ce qui vous convient et, si vous le souhaitez, prenez une année de césure pour découvrir le monde. »
DES CHIFFRES ET DES ÊTRES
650 planteurs associés employant
6 000 salariés
350 collaborateurs en métropole et 90 aux Antilles
350 M€ de CA pour 270 000 tonnes de bananes produites et 120 000 tonnes d’autres fruits et légumes
JB
Contact : p.ruelle@ugpban.com