Chez Sagem Défense Sécurité (groupe Safran), les technologies sont plurielles, mais chaque projet professionnel est unique. Société de haute technologie, leader mondial de solutions et de services en optronique, avionique, électronique et logiciels critiques, pour les marchés civils et de défense, Sagem (groupe Safran) a fait de la technologie son ADN. Au cœur des systèmes d’information, Thierry Milhé (UNI Montpellier 92), son DSI, fait en sorte que la matière grise fonctionne en réseau.
En tant que DSI, en quoi vos missions s’avèrent motrices pour conduire aux performances de l’entreprise ?
Le système d’information est le véritable système nerveux de l’entreprise. Sans lui, l’entreprise est bloquée. Le président du groupe m’avait d’ailleurs dit : « Je ne veux pas entendre parler d’informatique ». Le message est clair : il faut que ça fonctionne ! L’importance des systèmes est par conséquent vitale. L’information doit circuler pour accompagner l’automatisation des processus pour tous les métiers de l’entreprise. La DSI doit alors comprendre comment fonctionnent ces métiers – leur maturité, leurs exigences, leur business model, leur roadmap… – grâce à une bonne capacité d’écoute, de synthèse et de modélisation.
Quelles sont justement les qualités inhérentes à une fonction aussi centrale ?
En tant que DSI, j’agis tel un chef d’orchestre qui doit faire fonctionner de manière homogène des métiers hétérogènes qui fonctionnent avec des rythmes différents. Les services de la DSI sont multiples : gestion de la relation client, conception et réalisation de nouvelles solutions, production informatique et support des utilisateurs. Il faut donc se montrer réactif avec une grande maîtrise de soi. Si l’agilité et la sérénité sont des qualités essentielles, il faut avant tout avoir un sens du service fort. Ma mission principale est humaine avant d’être technique malgré un très haut niveau d’exigence en termes de disponibilité. Le DSI est aussi un manager donc les qualités humaines sont tout aussi importantes que les qualités techniques pour maintenir un certain niveau de rigueur et d’excellence en permanence.
« Mettre sa passion
en œuvre dans des domaines de très haute technologie. »
Mais l’innovation demeure le cœur de votre activité ?
Pour continuer à produire des solutions performantes et à les vendre, nous devons constamment rester devant les autres. La direction des systèmes d’information doit donc évoluer et se remettre en cause au même rythme que les processus. Mon rôle est alors de chercher les zones où je peux amener de nouveaux services et de nouveaux scénarios pour générer un avantage compétitif fort. La démarche d’innovation est par conséquent continue au sein de Sagem (groupe Safran). Elle est essentielle notamment pour les départements dont l’innovation n’est pas le cœur de métier. Nous adaptons ainsi des technologies grand public à notre secteur avec un haut niveau de sécurité. Mon rêve de demain ? Avoir des laptops jetables ! Il faut oser regarder même si la pression sur la DSI est importante car l’entreprise n’évolue pas au même rythme que les technologies grand public. Pourtant, l’innovation est partout, même là où elle est invisible : dans le datacenter, par exemple, qui joue un grand rôle dans les performances de l’entreprise.
Vous êtes vous-même passionné par les technologies ?
En effet, c’est avant tout une passion qui me permet de m’investir sur la durée et d’investir des chantiers nouveaux en permanence car l’immobilisme est une régression. À cette fin, la DSI a adopté une démarche d’amélioration continue établie sur le suivi et la compréhension de l’évolution des technologies pour adopter au bon moment celles qui vont améliorer la performance de l’entreprise. Mon « éléphant blanc » c’est la rupture technologique, soit intrinsèque, soit dans l’usage. Souvent parce qu’on peut rebâtir du neuf, partir de la page blanche. Je crois à l’approche systématique de l’innovation, c’est-à-dire celle qui utilise toutes nos capacités de projection en utilisant des paradigmes comme le mimétisme, l’accélération, la simplification, etc. C’est une bonne méthode pour balayer le champ des possibles, construire des scénarios d’évolution et finalement un peu rêver…
Dans cet environnement d’innovation permanente, quels enjeux vont devoir relever les jeunes diplômés ?
Nous mutualisons et nous consolidons les systèmes d’information au sein du groupe Safran. Notre travail porte sur la mise en commun de 15 à 20 % des SI pour un coût neutre. Nous accompagnons ce travail de transformation, d’autant que certaines briques, comme la gestion de la paye, sont externalisées. Notre mission est alors de nous assurer que tout fonctionne. Il est également important d’anticiper l’obsolescence des systèmes dont certains sont en place depuis plus de vingt ans. 10 % de notre activité se concentre aussi sur la conformité réglementaire de nos clients et de nos donneurs d’ordre qui est très exigeante dans notre secteur d’activités. Enfin, la protection industrielle et la sécurité informatique sont indispensables pour préserver le savoir-faire et donc l’existence même de Sagem et de Safran.
Quelles opportunités s’ouvrent alors aux jeunes diplômés dans ce contexte ?
Notre stratégie repose sur le maintien de notre savoir-faire. Les profils de consultants ont donc toute leur place au sein de la DSI : architectes systèmes, analystes financiers… Nous avons également besoin de bons managers qui comprennent le mode de fonctionnement de la DSI. Au sein de Sagem (groupe Safran), les jeunes talents sont très recherchés car ils apportent des idées nouvelles essentielles à la recherche et au développement. Les capacités analytiques de modèles statistiques sont appréciées. Nous accueillons ainsi de nombreux stagiaires et alternants. J’ai moi-même quatre VIE à la DSI dont un en Allemagne. Il est en contact permanent avec 130 électroniciens. C’est très formateur.
La mobilité et la formation, véritables ADN du groupe
Safran s’implique énormément dans la formation de ses personnels. « Le programme Académie Aéronautique et Espace dispense un enseignement théorique et pratique aux élèves de 2e année d’HEC. Le programme Certificat Management de l’Innovation s’adresse quant à lui aux étudiants HEC en 3e année et aux élèves ingénieurs de l’ISAE. Enfin, le Double diplôme HEC – SUPAERO constitue l’élément phare du volet formation de la Chaire : seule une dizaine d’élèves y participent. Ils suivent le cycle complet de leur école d’origine et les deux dernières années de l’autre école. Il constitue une formation complète et unique d’ingénieur manager. »
Une vie personnelle riche, recette d’une carrière réussie
Outre les technologies, Thierry Milhé est également passionné de sculpture, de cuisine, d’histoire et de rugby. Des passions essentielles à son équilibre. « Le groupe Safran dispense dans le cadre de sa Safran University un ensemble de formations et d’informations pour mieux gérer notre temps et nos priorités. Les services RH animent des plans de prévention pour les risques psychosociaux, le stress au travail. Grâce à tout cela, je reste attentif pour mon équipe mais aussi pour moi. Il faut garder une vie personnelle aussi intense et multiple que possible pour vivre pleinement l’instant. La part de risque doit exister pour nous challenger. Je suis toujours surpris de mon résultat en cuisine : inégal, avec des marges de progrès et quelques innovations finalement réussies. »
Chiffres clés :
• Chiffre d’affaires 2013 : 1 milliard d’euros (10 % du groupe Safran) dont 50 % sur l’activité militaire
• Effectif : environ 7 000 collaborateurs
• Plus d’un tiers des effectifs composés d’ingénieurs de haut niveau
• Une dizaine de filiales
VC
Contact :
Thierry Milhé, DSI de Sagem Défense Sécurité : thierry.milhe@sagem.com