Spécial président(e)s
Créée en 1999 à San José en Californie, Philips Lumileds, filiale à 100 % de Philips, est le pionnier de l’utilisation des solutions tout usage en matière d’éclairage à semi-conducteurs. Gros plans sur les marchés du LED et ses développements avec Pierre-Yves Lesaicherre, PDG de Philips Lumileds.
L’histoire de Philips Lumileds commence en 1999. À l’époque Philips, qui était déjà leader sur le marché de l’éclairage classique, s’est associé à Hewlett-Packard (HP) pour créer une joint-venture. En 2006, HP ayant décidé de sortir des activités composants, Philips est devenu l’unique actionnaire de la société Philips Lumileds, devenue filiale à 100 % de Philips. « Philips a été la première entreprise au monde à fabriquer une ampoule LED (diode électroluminescente) de 10 watts qui produit la même quantité de lumière de 800 lumens qu’une ampoule incandescente classique de 60 watts, indique Pierre-Yves Lesaicherre, son PDG. L’utilisation de la technologie LED est exceptionnelle, cela permet une consommation d’énergie réduite par six en comparaison d’une ampoule traditionnelle. C’est la façon la plus efficace d’un point de vue énergétique et la plus « verte » de générer de la lumière. Un élément capital dans un marché où les prix du pétrole flambent et où les ressources énergétiques s’épuisent. Si toutes les ampoules de 60 W aux Etats-Unis étaient remplacées par des LED de 10 W, cela équivaudrait à une réduction de l’émission de 20 millions de tonnes de carbone en moins par an ! »
Des marchés en croissance
Le marché de la vente de l’éclairage LED est estimé entre 15 et 16 milliards de dollars. Philips Lumileds est présent sur plusieurs marchés : l’automobile (feux arrière, feux avant, feux de signalisation), les caméras-flashs (sur les smartphones), l’éclairage arrière des écrans (ordinateurs fixes et mobiles, télévision) et l’illumination au sens large qui comprend l’éclairage intérieur, le outdoor (parkings, rues, bâtiments) et les monuments. « Nous créons des systèmes de LED différents pour chacun des marchés, assure Pierre-Yves Lesaicherre. Actuellement, une transition est en train de s’opérer et les marchés qui connaissent la plus forte croissance sont l’illumination et l’automobile, de telle sorte qu’en 2015-2016, le marché de l’Illumination sera le plus important pour les LED. La plus grosse partie de nos ventes se situe en Asie. Nous sommes très actifs au Japon. Suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima et à des problèmes de production de l’électricité, le pays a considérablement investi dans le LED qui représente 45 à 50 % du marché de l’éclairage intérieur. C’est le plus gros marché au monde ! Quant à la Chine, ses besoins en infrastructures la font investir massivement dans l’éclairage extérieur de ses mégalopoles. Enfin, les Etats-Unis connaîtront eux aussi à l’avenir une forte croissance dans ce secteur. »
« Le diplôme n’est qu’un début. Ce qui fait la différence c’est votre personnalité et votre capacité à relever de nouveaux challenges »
L’innovation en ligne de mire
Philips Lumileds a fait de l’innovation et de la Recherche et Développement un axe stratégique fort. L’entreprise compte 400 ingénieurs en recherche dont 100 Ph.D (ingénieurs ayant un doctorat) en physique. « Nous faisons beaucoup de recherche sur la physique des matériaux semi-conducteurs. Nos trois points forts en la matière sont : la croissance épitaxiale (système de multicouches d’un puit quantique), les matériaux phosphorescents (qui permettent la conversion d’une lumière bleue en lumière blanche) et le packaging qui consiste à introduire le LED dans un système électronique. Cette année, nous avons produit près de 2 milliards de pièces. Nous avons trois usines : à San José en Californie où l’on produit les couches d’épitaxie, à Singapour où l’on fait de la production semi-conducteur des couches supérieures, et en Malaisie où sont créés les couches dephosphore et le package final. Sans oublier l’Allemagne où nous travaillons sur les matériaux phosphorescents. La réduction des coûts des matériaux est notre priorité car les deux caractéristiques des LED sont l’efficacité et les coûts par unité de lumière. »
En quête d’ingénieurs de pointe
L’entreprise, qui compte 4000 personnes, dont la majorité en recherche et production, recrute régulièrement des ingénieurs aux compétences pointues, notamment en physique des semi-conducteurs et en chimie des matériaux. « Dans la Silicon Valley nous embauchons les meilleurs, souvent à la sortie de l’université. Nous avons un système de stages (internships) pour les étudiants en fin d’études qui peuvent déboucher sur un poste stable. Ma formation d’ingénieur m’a donné des compétences techniques et la capacité de résoudre des problèmes divers. Le MBA de l’INSEAD, que j’ai suivi 10 ans après avoir travaillé en France et au Japon, m’a apporté une base de connaissances business (finance, marketing, comptabilité) et une ouverture à la stratégie internationale. Certes, la double compétence est un formidable accélérateur, mais le diplôme n’est qu’un début. Il existe plusieurs chemins pour arriver au même endroit ! Ce qui fait aussi la différence c’est la personnalité du diplômé et sa capacité à relever de nouveaux challenges, s’adapter et être créatif face à des compétiteurs japonais, chinois et coréens. Mon conseil aux jeunes diplômés ? Continuez à apprendre, à acquérir des compétences et des expériences. Construisez votre CV en permanence ! » Fort de 26 ans d’expérience dans l’industrie des semi-conducteurs et des composants, le dirigeant rappelle l’importance d’acquérir des compétences dans un domaine précis avant d’élargir son champ.
En tant que PDG, Pierre-Yves Lesaicherre croît dur comme fer à la création d’équipes solides capables d’insuffler un esprit collectif à l’ensemble de l’entreprise. « Pour relever le défi de ce leadership, il faut coacher les acteurs de la société, établir une vision technologique et comprendre quels sont les leviers à manoeuvrer pour générer des résultats de croissance et de profitabilité dans l’un des domaines les plus complexes et compétitifs. »
Penser International
Installé aux Etats-Unis depuis 15 ans, Pierre-Yves Lesaicherre est fier de travailler au cœur du temple de l’innovation technologique. « La Silicon Valley est multiculturelle. Ici, la nationalité ne représente rien, ce sont les compétences qui comptent. Mais le plus incroyable, c’est la capacité de cette région à se réinventer au fil des années. » Et le PDG de rappeler l’importance de mener une carrière internationale. « J’ai eu l’occasion de travailler en Allemagne, en Angleterre, au Japon et aux Etats-Unis. Ces expériences m’ont donné une ouverture et une capacité à travailler avec des personnes de cultures différentes, très nettement supérieures à un individu qui n’a jamais habité dans ces pays. Le monde est tellement connecté en termes de transport, de communication et d’ouverture des marchés économiques, qu‘il est essentiel de penser international. Profitez de vos années de jeunesse après le diplôme pour acquérir de nouvelles langues et tenter l’aventure de l’expatriation qui est un formidable accélérateur. »
F.B