Les consommateurs à l’assaut de l’impact environnemental du monde numérique

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L’irruption du numérique dans nos vies et le développement exponentiel de son usage nous forcent à prendre à bras le corps la nécessité de la réduction de son empreinte environnementale. Comment ? Existe-t-il seulement un « Numérique Responsable » ? Sommes-nous prêts, en tant que consommateurs, à nous engager sur la voie d’un numérique lui-même levier de transition écologique, économique et solidaire au moindre coût pour l’environnement ?

Si Internet était un pays, il serait le 6e consommateur d’énergie et le 7è émetteur de CO2 de la planète. Face à l’urgence climatique, à l’effondrement de la biodiversité, à l’épuisement des ressources et la fin de l’énergie bon marché, la réduction de l’empreinte écologique du numérique s’impose comme une urgence et un défi majeur.

Indispensable ?

Parce que le numérique est devenu bien plus qu’un outil technique : il a institué de nouvelles manières de travailler, de s’informer, d’agir et de se distraire. Il a rendu possible de nouvelles formes de mobilisation, de collaboration et de partage. Bref, le numérique s’est rendu indispensable. Mais alors : comment réduire son impact environnemental… tout en le préservant ? C’est tout l’enjeu du numérique responsable, qui doit être regardé avec  deux yeux  comme a dit Nietzsche, « pour comprendre une chose complètement il faut la regarder d’un œil d’amour et d’un œil de haine. » N’oublions jamais que comme toute invention humaine, le numérique est une pièce à deux faces : l’une positive, l’autre négative. A nous d’en prendre conscience et de travailler sur les deux à la fois.

Drame humain ?

Pour Aurore Stephant, ingénieur géologue, conférencière et militante, spécialisée dans les risques environnementaux et sanitaires et membre de l’association SystExt (Systèmes Extractifs et Environnements), le numérique conduit à une extraction de métaux insoutenable, tant en termes environnementaux qu’humains. Conséquence, « on n’a pas d’autres choix que de modifier profondément notre façon de faire, en réduisant considérablement la quantité de métal qu’on utilise », alerte l’experte. « J’ai de la peine pour les jeunes générations, parce qu’on leur ment. On leur fait croire qu’elles peuvent vivre dans un monde virtuel, hyper numérisé et sans externalités. C’est complètement faux (…) Plus vous verrez d’écrans, plus vous verrez d’appareils numériques et d’objets connectés ou automatisés, plus vous verrez de datacenters… plus il y aura d’amoncellements de déchets miniers et d’eaux contaminées cachés derrière (…) ». Métaux rares : « On ment aux jeunes générations » (ladn.eu) Ces technologies nécessitent l’utilisation de terres rares lesquelles portent très bien leur nom : de plus en plus difficiles à exploiter, très polluantes et consommatrices d’eau, et par ailleurs difficilement recyclables. Le livre « Ecologie du smartphone » présente ces points et le Master of sciences « Strategy & design for the Anthropocène » de l’ESC Clermont Business School forme des étudiants sur ces différents aspects.

Et l’économie ?

Le chemin vers un numérique bienveillant et responsable reste pavé d’obstacles. Exemple : le financement des initiatives qui vont « éviter » d’émettre trop de CO2 demeure majoritairement entre les mains des grandes banques traditionnelles. Or, celles-ci en France ont augmenté de 19 % leurs financements entre 2016 et 2020, depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015… Les banques françaises, premières financeuses européennes des énergies fossiles en 2020 (lemonde.fr) Mais depuis lors, le monde académique commence à se mobiliser sur la prise en compte de données extra financières, c’est le cas dans la nouvelle majeure « Finance Durable & ISR » à l’ESC Clermont Business School.

L’arme de la loi

En France deux lois récentes (loi Anti Gaspillage et Economie Circulaire AGEC 10/02/2020, et loi visant à Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique REEN novembre 2021) visent à aider les entreprises et les collectivités territoriales à mettre en place des politiques de numérique durable : les étudiants du Bachelor Communication Digitale et e-business – Programme visé et gradé licence – de l’ESC Clermont Business School sont instruits de ces sujets qui les touchent de près.

Et les entreprises ?

En outre, depuis le 1er janvier 2023, le décret BEGES (Bilan des Emissions de Gaz à Effet de Serre) impose aux entreprises d’avoir une vision plus complète de leurs émissions de Gaz à Effet de Serre.  Il est désormais interdit d’affirmer qu’un produit ou service est neutre en carbone sans rendre accessible, chaque année, un bilan des émissions GES de ce produit ou service sur l’ensemble de son cycle de vie. Par ailleurs un plan d’actions de réduction des émissions ainsi que les modalités de compensation des rejets carbone restants devront être publiés.

Notons aussi des exemples intéressants tel que la politique Green IT de Microsoft :

  • Créer un « Yuka de l’électricité, la mise en place d’outils qui permettront aux entreprises de piloter la consommation énergétique de leurs outils digitaux
  • Rendre le travail à distance moins polluant : mise en place d’outils de mesure de la consommation des systèmes et postes de travail au bureau comme à distance avec des mécanismes automatiques pour optimiser la consommation
  • Optimiser la consommation énergétique des applications, en particulier l’affichage et le décodage des vidéos

Des exemples de ce type se multiplient, la prise de consciences des entreprises du numérique est essentielle.

>>>> A lire aussi : Le point sur toutes les tendances du numérique en 2023

L’objectif du consommateur face au numérique : faire plus, beaucoup plus !

Mais attention : si le numérique tiendra une place importante dans la transition énergétique en cours, évitons le « technologisme ». Car la technologie ne pourra pas tout régler. Nos modes de vie, notre mode de croissance, tout devra être remis en cause. En France, des milliards d’euros sont dépensés pour la 5G : est-ce vraiment « indispensable » ? Souvenons-nous que les Français, par crainte de coupures de courant cet hiver, ont par eux même sensiblement réduit leur consommation d’énergie. Donc, c’est possible. Et il faudra faire plus.

Le numérique, c’est 34 milliards d’appareils connectés en 2019 (prévisions : 48 milliards en 2025) 4,1 milliards d’utilisateurs d’internet (prévisions : 5,5 milliards en 2025) (source : ministère de l’Économie).

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L’auteure est Delphine RICHAGNEUX, Responsable Bachelor Communication Digitale et e-business, ESC Clermont Business School et Professeur affilié de Marketing.

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