LES GRANDS OUVRAGES DU 21E SIÈCLE, COMMENT EXPORTER LE GÉNIE CIVIL À LA FRANÇAISE
Sans conteste, réalité ! Malgré une concurrence internationale de plus en plus féroce, nos jeunes talents restent en effet des candidats privilégiés dans la mise en oeuvre des plus ambitieux des projets de construction. Mais notre génie civil continuera-t-il demain à tutoyer l’excellence ? Eléments de réponse avec Jean-François Coste, Président du Comité Génie Civil et Bâtiment d’Ingénieurs et Scientifiques de France.
Un leadership historique
Si la France reste une patrie leader du génie civil, elle puise sa puissance d’aujourd’hui sur ses avancées d’hier. Celle-ci prend en effet racine dans la formation de base de nos ingénieurs, suffisamment transversale et généraliste pour favoriser l’innovation. Elle repose ensuite sur un développement d’infrastructures, amorcé dès le 16e siècle et pérennisé au 19e avec les réseaux ferrés et les grandes expositions. Elle se base enfin sur un important tissu de grandes entreprises, perpétué aujourd’hui par les trois majors internationaux que sont Vinci, Bouygues et Eiffage et près de 700 entreprises plus modestes. Ce leadership est également indissociable d’avancées significatives sur les matériaux (ciments, béton armé, béton précontraint) et les techniques (construction en souterrain, techniques d’adduction d’eau et d’assainissement,…). Ses vitrines se multiplient d’ailleurs partout dans le monde : pont de Rion Antirion (Grèce), métros du Caire et de Dubaï, centrale nucléaire en Finlande,…
Technologies et conduite de projet
L’exportation du génie civil à la française a donc toujours le vent en poupe, notamment pour les travaux souterrains. Sur le plan géographique, si on observe un certain recul des travaux en Afrique, l’Amérique du Nord et l’Asie sont en forte demande. Mais outre le savoir-faire français dans des domaines pointus et innovants, c’est l’expertise de nos ingénieurs dans la conduite de projets qui fait la différence. Sur des chantiers de plus en plus multiculturels, la maîtrise des aspects juridiques, organisationnels et sociaux est en effet fondamentale et participe au succès des grands groupes français en matière de concession à l’étranger. L’importance de la participation française au niveau international à la doctrine technique et à la normalisation permet par ailleurs de faire valoir de nombreuses innovations made in France.
L’avenir du génie civil à la française
Malgré un contexte de plus en plus concurrentiel, Jean- François Coste reste optimiste sur l’avenir de notre génie civil. « Le temps de la toute puissance est terminé mais notre expertise et notre savoir-faire dans la conduite de projets sont nos meilleurs atouts. Il est donc impératif qu’après une formation transverse, nos ingénieurs se confrontent au terrain et à l’international et bénéficient, à l’image de leurs homologues anglo-saxons, d’une meilleure reconnaissance de leur mise à niveau tout au long de leur carrière. » Alors qu’augure le 21e siècle ? « Le génie civil continuera d’être le fait des majors français mais aussi d’entreprises plus petites sur des créneaux spécialisés ou peu concurrentiels. L’environnement et l’énergie seront à l’évidence des secteurs où contribuera notre esprit innovant, notamment grâce à des matériaux comme le béton vert, des méthodes de construction plus économes en énergie et en consommation d’eau. » Le génie civil à la française a donc encore de très beaux jours devant lui.
Pourquoi s’orienter vers le génie civil ?
« Alliant technologie et humain, le génie civil est un terrain professionnel extrêmement riche qui reste un domaine d’avenir. En effet, ce n’est pas parce qu’on construit des ouvrages depuis les Romains qu’on n’innove plus ! Parce que chaque construction est la traduction concrète d’une modélisation, un service rendu aux populations et un pied dans l’Histoire, le génie civil est un domaine extraordinaire où peuvent s’exprimer toutes les passions. »
Quelques chiffres
CA 2011 de 63 milliards € dont 22 milliards € à l’étranger (soit 30 % du CA total)
Un patrimoine d’infrastructures estimé à 2 000 milliards € dans le monde.
CW
Pour en savoir plus
www.cnisf.org