La vision de l’avenir industriel de la France

LES GRANDS OUVRAGES DU 21E SIÈCLE, COMMENT EXPORTER LE GÉNIE CIVIL À LA FRANÇAISE

 

Pour Arnaud Montebourg, le redressement productif de la France passe par différentes réformes qu’il est chargé de mener à bien.

Quels sont les projets phares pour assurer le redressement industriel de la France ?
Le renoncement industriel des 10 dernières années, la mise en pratique d’une France sans usine, a conduit à la destruction de 750 000 emplois industriels soit presque 1/3 du nombre total de chômeurs et à la fermeture de 900 usines en 3 ans. Notre action pour mettre fin à ce sinistre doit être rapide et efficace. Nous sommes mobilisés pour endiguer cette dangereuse désindustrialisation, sauver tous les emplois qui peuvent l’être et préserver nos outils industriels. Le redressement productif, c’est le réarmement de la puissance publique, c’est la remise en ordre progressive d’un monde qui nous a échappé et parfois enchaîné. C’est l’affirmation de nos préférences, de nos choix, de notre souveraineté. Pour cela, l’Etat doit redevenir stratège et ne pas avoir peur d’intervenir dans l’économie réelle. Cela veut dire porter une ambition industrielle et faire des choix, en promouvant des filières, des technologies d’avenir. Et le réarmement de la puissance publique est en marche. En effet, la Banque Publique d’Investissement, dont le projet de loi avait été présenté en conseil des ministres le 17 octobre 2012, existe officiellement depuis le 1er janvier 2013. Elle va permettre à l’Etat de remettre la finance au service structure d’accompagnement et d’aide au développement de nos entreprises. Le Grand Emprunt est un autre levier important d’une reconquête industrielle raisonnée qui doit encourager les secteurs dans lesquels nous avons un avantage comparatif et compétitif, identifier les secteurs à fort potentiel de croissance et les accompagner au mieux. Je ne citerai que trois exemples. Dans le domaine de l’automobile qui traverse une crise très violente, nous avons fait le choix de la voiture propre et écologique, convaincus que ce nouveau mode de mobilité peut révolutionner notre vie quotidienne. C’est en France et dans nos usines Renault que la batterie électrique de 2e génération sera conçue et produite. Lors de la Grande Conférence Environnementale, le gouvernement a fixé un cap, celui de la transition énergétique. Cette transition prendra vie et corps dans des inventions et des objets produits par notre industrie et dans des projets portés par des entrepreneurs engagés. Dans chaque filière, et par exemple l’automobile, les éco-industries, la robotique, nous sommes attentifs à accompagner l’innovation radicale. Notre industrie prépare nos succès de demain.

 

La gouvernance constitue-t-elle un des éléments clé du développement de nos entreprises industrielles ?
Nous travaillons à un pacte social au sein des entreprises qui s’inscrit dans une vision industrielle de long terme. S’agissant des grandes entreprises, le gouvernement travaille à une réforme importante de leur gouvernance. Les conseils d’administration et les conseils de surveillance sont les lieux de décision des entreprises. Aujourd’hui ces lieux de décision restent trop souvent opaques pour les salariés qui sont dès lors tenus à l’écart des choix stratégiques de leur entreprise. La réforme consistera à reconnaître la responsabilité des salariés dans les prises de décision économique en leur donnant des voix délibératives au sein des conseils d’administration et de surveillance. Par ailleurs, une loi est en préparation sur la gouvernance d’entreprise et l’actionnariat de long terme. Il s’agit de définir une nouvelle ambition pour le dialogue social dans l’entreprise, d’induire un cercle vertueux qui sur le long terme permettra le rapprochement de toutes les forces d’une entreprise, ses actionnaires, ses dirigeants et ses salariés, au service d’une vision de long terme qui est le temps de l’industrie.

 

UNE DÉCENNIE DE GRANDS TRAVAUX
Les grands travaux français, prévus pour les 10 ans à venir, reposent sur une vision de la modernité d’une époque qui s’ouvre au XXe siècle afin de retrouver un second souffle. Dans une situation budgétaire difficile, la perspective de renouer avec la croissance, permet de présenter de grands projets ou de grands comme des outils de relance. Un new deal keynésien en quelque sorte qui porte sur plusieurs centaines de millions d’euros. Ces nombreux projets, dont certains prennent la forme de PPP (partenariats public-privé), concernent nombre de domaines : construction de bâtiments comme le ministère de la Défense ; réaménagement fonciers avec les grands chantiers de Paris et d’autres grandes villes de province comme le Havre, Bordeaux, Marseille, Metz… ; infrastructures autoroutières (A86 et A89) ; ferroviaires (liaison Roissy-Picardie ; LGV Poitiers – Limoges, Tours – Bordeaux ; Projet ferroviaire du Sud-Ouest : Bordeaux – Espagne et Bordeaux – Toulouse ; LGV Lyon-Turin qui devrait permettre de relier les deux villes en 2 heures) ; sans oublier le projet ITER dont le réacteur nucléaire inventera peut-être l’énergie du futur. Quittons maintenant le plancher des vaches pour regarder du coté de la navigation qui tient une place de choix avec le projet du canal Rhin-Rhône capable de faire transiter des convois de 4 400 tonnes afin d’assurer la liaison Mer du Nord – Méditerranée (Rotterdam – Marseille). N’oublions pas le ciel, avec la mise en oeuvre prochaine du très contestée aéroport de Notre-Damedes- Landes et les travaux de désensablement du Mont Saint-Michel.

 

Patrick Simon