L’INDE VUE PAR… POLYTECHNIQUE – « Ce ne sont pas uniquement des échanges d’étudiants, mais également des collaborations qui incluent la recherche »

Rencontre avec Yves Demay, directeur de l’école depuis août 2012, et Christophe de Beauvais, directeur des relations extérieures depuis octobre 2012.

Quelle est la place de l’Inde dans votre stratégie ?
Y.D : Clairement, l’Inde est un pays majeur, avec lequel nous souhaitons développer les relations et l’ampleur des échanges. Ce n’est pas un pays extrêmement facile d’accès parce que le poids de la langue est un handicap a priori, et ensuite parce que les Indian Insitutes of Technology (ITT), avec lesquels nous sommes partenaires, sont des instituts où des étudiants brillants ne poursuivent pas nécessairement en graduate ou en doctorat, alors que notre positionnement est davantage graduate ou doctorat. Néanmoins, c’est un pays important avec lequel nous voyons le résultat des efforts de ces dernières années.

 

Comment sont nées les relations avec l’Inde ?
C.B : Nous avons commencé en 2007 des missions en Inde avec les ITT et les « colleges » ce qui s’est soldé par la venue au total de 150 étudiants indiens à Polytechnique depuis le début, avec une tendance à la hausse. Sur le cycle polytechniciens ingénieurs, cette année, nous avons 16 étudiants indiens. Ensuite, il y a les Indiens qui arrivent au niveau master, et là ce sont des chiffres plus importants (56 depuis 2007, dont 20 en 2012-2013). Ils sont issus des universités, ou certains des ITT. Sur la partie doctorat, nous avons 12 étudiants indiens actuellement, et c’est intéressant pour nous parce qu’ils ont tendance à rester ensuite à Polytechnique en post-doctorat. Et enfin nous avons un programme de stage de recherche qui touche directement les étudiants d’ITT qui souhaitent passer deux ou trois mois l’été ici. Nous avons offert 60 stages depuis 2006-2007, dont 13 en 2011-2012. C’est malgré tout une population difficile au sens où elle est volatile. De plus, nous sommes en concurrence avec les très grandes universités américaines et anglo-saxonnes qui entretiennent des relations très fortes avec les ITT.
Y.D : Tout cela positionne l’Inde comme l’une des nationalités vraiment significatives en termes de présence à l’école.

 

En quoi consiste votre collaboration actuelle avec ce pays ?
Y.D : Avec l’Inde, nous avons une variété d’actions :
1. Les actions que nous venons d’évoquer qui consistent à faire bénéficier les étudiants indiens de nos formations.
2. Les actions par l’intermédiaire desquelles nous souhaitons que nos étudiants aillent au contact de populations indiennes, et là les résultats sont plus limités.
3. L’aspect management interculturel avec la Chaire Renault-Polytechnique-HEC « Management multiculturel et performances de l’entreprise », en partenariat avec des institutions en Inde. C’est une chaire en fin de vie, qui a donné ses résultats et qui est considérée par tout le monde comme une chaire ayant bien fonctionné. Son objectif était de mesurer ce qu’est concrètement une différence culturelle dans le cadre d’un projet. Nous sommes tout à fait prêts à poursuivre, notamment parce que beaucoup de nos étudiants ont été intéressés par cette chaire. Renault ayant décidé que sa situation financière ne lui permettait pas de continuer, nous pensons poursuivre avec un autre partenaire, en collaboration avec l’Inde, et peut-être aussi le Japon.
C.B : Par ailleurs, en 2010 nous avions signé un accord ParisTech avec l’ensemble des IIT, financé par EADS et Infosys afin d’augmenter la mobilité des étudiants d’un pays à l’autre. C’est un programme qui arrive à terme, et qui a permis d’augmenter les flux entre la France et l’Inde. Maintenant, nous allons essayer de renouveler les accords entre Paristech et les ITT en incluant HEC Paris. Sur la partie institutionnelle il n’y a pas de problème, les ITT sont d’accord. Désormais, nous devons chercher les financements. Enfin, Polytechnique est partenaire d’une UMI*, l’Indo French Center For Applied Mathematics (IFCAM), basée à Bangalore, dont sont également partenaires le CNRS, l’ENS Ulm, l’Inria (…) dans un but de collaboration pour la recherche en mathématiques. Cela montre que nos échanges ne sont pas uniquement des échanges d’étudiants, mais également des collaborations qui incluent la recherche.

 

Début des relations avec l’Inde :
2007
Nombre d’établissements partenaires indiens :
8
Nombre d’étudiants indiens à Polytechnique en 2012-2013 :
Environ 60

 

* Université Mixte Internationale

 

Claire Bouleau