Alors que la période des admissibles bat son plein au sein des écoles de commerce, certaines d’entre elles ont décidé d’innover pour se démarquer. Focus sur deux nouvelles épreuves des oraux des business schools en 2024.
Ultra motivés, présentation bien préparée et prêts à s’ambiancer : cette année encore, les candidats admissibles aux écoles de commerce sont au taquet pour leurs oraux ! Accueillis par des équipes d’admisseurs aux petits soins et des shows de fanfares et de pompoms endiablés, ils n’en sont pas moins stressés à l’idée de passer la dernière épreuve qui pourra, ou non, leur ouvrir les portes de l’école de leurs rêves. Si certains établissements conçoivent encore cette dernière épreuve comme un entretien de motivation classique, d’autre sont décidés à en faire le premier marqueur de leur différence dans le monde des business schools, en la transformant en épreuve signature. Un parti-pris que des écoles comme l’EM Strasbourg et son désormais traditionnel objet-totem, ont adopté il y a plusieurs années déjà. Depuis, d’autres lui ont bien sûr emboité le pas, en misant sur des épreuves testant l’agilité d’esprit des candidats.
Nouveaux oraux des business schools en 2024 : prêt à jouer aux cartes à KEDGE ?
C’est notamment le cas de KEDGE BS qui inaugure cette année une toute nouvelle épreuve orale avec un objectif : « sortir des sentiers battus et des discours policés » indique Céline Hay, qui a pris ses fonctions de directrice du PGE de l’école le 13 mai dernier. Pour ce faire, la business school a créé Le Révélateur, un jeu de cartes interactif servant de support aux candidats pour parler d’eux, de leurs valeurs, mais aussi de leur culture sur les Objectifs de Développement Durable, trait d’union de l’épreuve. Concrètement, après tirage au sort de cinq cartes, le candidat a trois minutes pour se présenter en se référant à la carte Autoportrait. Il échange ensuite durant une vingtaine de minutes avec le jury autour des thèmes abordés par les autres cartes : un verbe d’action (pour faire référence à une action réalisée, qui va être réalisée ou qu’il serait souhaitable de réaliser), une affirmation polémique sur laquelle le candidat doit se positionner (afin d’évaluer – « sans juger » insiste l’école – sa capacité à argumenter) et enfin, une carte proposant un paradoxe ou un oxymore, visant, elle, à tester la capacité à rebondir du candidat. Un exercice pas facile donc, mais auquel les candidats sont bien préparés en amont. « Ils ont pu visionner une vidéo de simulation réalisée par une étudiante et Sylvie Jean – notre directrice marketing et recrutements -, ils ont la possibilité de s’entrainer en ligne, je réexplique le fonctionnement lors des amphis de présentation et nous avons mis en place un stand dédié sur le campus pendant toute la durée des admissibles. Un candidat ne peut pas arriver non préparé, même si, vu le nombre de cartes, la possibilité de retomber deux fois sur la même combinaison est très faible ! » explique Céline Hay. Et il faut dire qu’on se prend vite au jeu et que le pari de mener un échange vraiment différent est tenu. S’il permet d’évaluer la personnalité et le matching du candidat avec l’école, il permet aussi de mettre très vite en avant son esprit critique et surtout, sa capacité à donner – ou non – du corps, une dimension concrète, à son discours.
Nouveaux oraux des business schools en 2024 : ce qu’en pensent les candidats
Côté candidats en tout cas, l’épreuve semble trouver son public. Pour Marie, 20 ans, en prépa ECG à Lille « ça s’est très bien passé. Cette épreuve est un mélange de plein d’éléments qu’on peut trouver dans d’autres oraux d’écoles de commerce et j’ai adoré. L’échange avec mon jury – composé d’une prof en marketing et d’un infirmier qui s’est reconverti grâce à une formation à KEDGE ! – était vraiment sympa. C’est le premier oral que je passe, avant ceux de NEOMA, Audencia, SKEMA et emlyon et il coche déjà pas mal de mes critères. Le campus est beau, Bordeaux est une super ville, je suis tentée par son MSc en sustainable finance et j’ai beaucoup aimé l’accueil avec la fanfare, les pompoms etc. Localisation, programmes, valeurs environnementales et ambiance : ça fait plaisir de voir qu’une école peut montrer tout ça pendant ses oraux » explique la future étudiante, tout en n’omettant pas l’incontournable critère frais de scolarité, qui la poussera peut-être à privilégier une école lilloise si elle est admise dans plusieurs établissements.
ICN BS propose un oral qui casse des briques !
La nouveauté est aussi au rendez-vous dans les épreuves orales d’ICN BS. Alors que la méthode LEGO SERIOUS PLAY (LSP) est intégrée à sa pédagogie depuis plus de 10 ans, la business school mise cette année sur les petites briques colorées pour casser les codes de ses oraux. A l’aide d’un set de briques LEGO, les candidats doivent répondre en une dizaine de minutes à une question en lien avec leur parcours, leur personnalité ou leur projet professionnel, avec une construction. Un moyen ludique et inédit d’en savoir plus sur les candidats, leurs aspirations et leur matching avec l’école. « Cette épreuve a aussi pour objectif de leur montrer qu’à l’ICN, ce n’est pas comme ailleurs ! » indiquait Hervé Gaudin, son directeur délégué au marketing et à la communication, lors de la conférence de presse annonçant cette nouvelle épreuve, en novembre 2023. Bien sûr, les jurys ont été formés en amont à cette nouvelle épreuve qui intervient en seconde partie d’entretien, après une première partie consacrée à un échange sur le CV du candidat. « Cette épreuve qui fait le lien entre la main et le cerveau est un fil rouge de la discussion, un moyen supplémentaire donné au candidat de faire découvrir sa dimension personnelle, internationale et professionnelle au jury. Car l’intérêt ne se porte pas juste sur la construction mais bien sur l’idée de donner du sens à ce qui a été construit. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse » insistait Hervé Gaudin à la même occasion.
Si l’épreuve a de quoi désarçonner les candidats au premier abord, beaucoup d’entre eux sont conquis. « C’est mon premier oral. J’ai regardé des vidéos expliquant l’épreuve sur le net mais je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je pensais que la construction serait en lien avec mes études, mais le jury m’a finalement interrogée sur ma passion pour les jeux de cartes ! Honnêtement, c’est un peu stressant mais j’ai réfléchi deux trois minutes et je me suis lancée. J’ai relié deux personnages par les mains pour symboliser l’esprit d’équipe, j’ai positionné un plongeoir pour symboliser la stratégie et la prise de recul… les idées viennent vite l’instinct fait qu’on y arrive ! J’ai bien aimé cet exercice. Ça permet d’aller au-delà du CV, de laisser place à l’imagination de façon ludique et, contrairement à ce que je pouvais penser au départ, ça met en confiance » débriefe Léa, 21 ans en prépa ECG à Valence.
Y a aussi du nouveau dans la préparation aux oraux des business schools en 2024
Qu’il mise sur la nouveauté ou qu’il soit conçu de façon plus traditionnelle, un oral, pour être réussi, doit impérativement être préparé. Et les business schools n’oublient pas non plus d’innover sur cette dimension. Grenoble Ecole de Management déploie ainsi cette année une simulation immersive en réalité virtuelle pour entraîner les candidats aux entretiens d’admission. Un outil basé sur le module avancé RolePlay with AI de Virtual Speech. Concrètement, les candidats sont « plongés dans des simulations réalistes avec des jurys virtuels animés par des intelligences artificielles. Les scénarios recréent des situations professionnelles et académiques, abordant des thèmes tels que les objectifs de carrière, la motivation et la vision. Les candidats améliorent ainsi leur aisance orale, développent leur confiance en soi et apprennent à capter l’attention d’un jury d’admission. Le simulateur évalue des aspects clés de la communication, notamment le langage corporel, le débit de parole et les tics de langage, offrant des retours immédiats et personnalisés pour une progression optimale » explique la business school.