La première rentrée a eu lieu en septembre 2020 pour CY Tech. La grande école de sciences, d’ingénierie, d’économie et de gestion de CY Cergy Paris Université est née de la fusion de l’EISTI et de l’université de Cergy-Pontoise. Orientations stratégiques, nouveaux cursus, nouveau concours… Les actualités et challenges sont nombreux pour l’école et son directeur général, Radjesvarane Alexandre, nommé officiellement il y a quelques semaines. Interview.
Votre parcours avant CY Tech ?
Je suis docteur en mathématiques appliquées et agrégé de mathématiques, Professeur des Universités à l’ENSAM. J’ai enseigné dans plusieurs universités, plusieurs écoles d’ingénieurs ce qui me permet de bien connaître le système des grandes écoles. A ParisTech, j’ai eu l’occasion de coordonner pas mal de projets entre des écoles qui avaient des cultures différentes en termes de projets et d’organisation administrative.
J’ai également passé du temps à l’étranger : au Vietnam, en Chine mais aussi aux Etats-Unis, au début de ma carrière d’enseignant-chercheur.
Ces expériences me permettent d’avoir une vision de la diversité du monde de l’enseignement supérieur, national et international.
Les atouts qui faisaient de vous le candidat idéal au poste de directeur général ?
J’ai d’abord accepté de prendre le poste de directeur général de l’EISTI alors que j’étais au Vietnam. Nesim Fintz, ancien directeur général et fondateur de l’EISTI, cherchait un successeur, quelqu’un qui soit capable de prendre en charge la direction de l’école et d’assurer le rapprochement entre l’ex-Université de Cergy-Pontoise et l’école d’ingénieur EISTI pour créer CY Tech. Etre enseignant-chercheur, familier de l’université et des écoles d’ingénieurs avec une expérience à l’international ont été des atouts pour le poste.
Et pourquoi avoir accepté?
J’aime les projets disruptifs ! Et c’est le cas avec CY Tech qui est un modèle très particulier. D’habitude, dans les écoles d’ingénieurs classiques, on crée une école puis on y greffe progressivement de nouvelles formations, surtout d’ingénieurs, et éventuellement de Masters. Avec CY Tech c’est le contraire ! Les formations existaient déjà à l’EISTI et à l’université de Cergy-Pontoise, avec une offre de formation conséquente en Licences et Masters en sciences et techniques et en économie gestion.
Un gros challenge a été aussi de rapprocher deux communautés, public et privé, et de créer une convergence pour se positionner comme une grande école. C’est aussi un challenge humain. Ce n’est pas toujours évident de communiquer à la fois avec une communauté du monde privé et du monde public. Mais je suis partisan de ce partenariat.
CY Tech se décrit comme un « ovni » dans le monde de l’enseignement supérieur. Pourquoi ?
Parce qu’en particulier, tout s’est fait très vite. Entre le décret du 1er janvier 2020 et aujourd’hui, beaucoup de choses ont été mises en place : rapprochement public/privé, Programme Grande Ecole, proximité avec les entreprises… En un an, nous avons également ouvert 13 cursus pour le Programme Grande Ecole et lancé des doubles diplômes.
De plus, CY Tech a une offre de formation de près de 40 Masters en sciences et techniques et en économie gestion. Elle intervient aussi via ses composantes sur les volets Licence.
Et CY Tech, c’est aussi tout un écosystème de Recherche, développement et valorisation, reprenant l’existant de l’Université de Cergy Pontoise.
Enfin, la pédagogie est clairement axée sur le design, celui de la décision, en particulier avec la création d’une école d’application de CY Tech, CY école de design, qui a vocation à opérer sur tout le périmètre de CY Cergy Paris Université.
Avec ces quelques raisons, oui CY Tech est un ovni dans le paysage de l’ESR car elle mêle toutes les caractéristiques d’une école « classique » d’ingénieurs à celles d’une Université, en tout cas sur ses champs liés aux sciences et techniques et à l’économie gestion.
CY Tech est une école en création, mais avec une particularité. J’aime dire que c’est « un jeune bébé d’un an » dans son orientation stratégique mais « avec une expérience de 35 ans ».
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Lancer une école en période de Covid-19, un challenge supplémentaire ?
Evidemment. La construction de nos nouveaux locaux a pris du retard, nous avons été challengés dans la mise en place de cours en distanciel. Mais nous avons su être flexibles et nous adapter. En particulier, nous avons mis en place des kits web et d’autres solutions digitales pour améliorer les cours en distanciel et une plateforme ENT. Les enseignants ont également été très réactifs, et je voudrais en profiter pour les remercier ainsi que les équipes administrative et technique.
Plusieurs aides ont aussi été proposées aux étudiants en détresse. Nous avons par exemple accueilli dans les locaux ceux qui en ressentaient le besoin et la Région nous a aidés pour leur prêter des ordinateurs, etc.
La crise sanitaire nous a heurtés, étudiants, enseignants et administratifs, mais nous avons avancé avec le soutien de l’ensemble des communautés.
Sur le plan pédagogique, qu’est-ce qui a été mis en place lors de la première année de CY Tech en 2020 ?
Sur le périmètre Programme Grande Ecole, nous avons repris les deux spécialités historiques de l’EISTI : mathématiques et informatique. Nous avons ensuite ajouté deux nouvelles filières : l’une en génie civil et l’autre en biotechnologie et chimie. En septembre 2020, nous avons aussi ouvert deux nouvelles filières par apprentissage en mathématique et informatique. Nous souhaitons d’ailleurs favoriser l’apprentissage dans notre offre de formation. Sur le volet Licence Master, les efforts pédagogiques se sont poursuivis avec la mise en place du format Majeure/Mineure.
L’actualité pour la rentrée de septembre 2021 ?
En ce qui concerne le programme Grande Ecole, un nouveau concours post-bac ! Galaxy est un concours opérationnel puisque nous sommes actuellement en phase d’examen des candidatures pour la rentrée. C’est la grande nouveauté de l’année et c’est inédit : cela n’arrive jamais de lancer un concours en quelques mois et seuls. Pour l’instant ce concours concerne principalement CY Tech mais nous avons l’idée de l’élargir aux établissements partenaires du territoire ; d’ailleurs c’est déjà le cas avec ISAE-Supméca.
Deuxième nouveauté : les doubles diplômes intégrés. Le but est de former des ingénieurs opérationnels sur plusieurs compétences avec, notamment, des liens forts avec les enjeux de transition énergétique et R&D et un focus sur les enjeux de sécurité.
Nous avons d’un côté repris les doubles diplômes du cycle ingénieur de l’EISTI en partenariat avec l’ESSEC, GEM, et l’Université Paris-Dauphine PSL et nous lançons de nouveaux double cursus post-bac sur 6 ans : ingénieur Génie civil/architecte en collaboration avec l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles, ingénieur/manager avec GEM (campus de Paris), ingénieur data et Humanités Digitales avec Sciences Po St-Germain-en-Laye et ingénieur/designer avec la nouvelle école d’application de CY Tech, CY Ecole de design, localisée à Saint-Germain-en-Laye.
Votre priorité en tant que directeur général ?
Que CY Tech se présente comme une grande école qui opère sur un ensemble de formations qui n’ont pas vocation à se concurrencer, mais à être complémentaires. En effet, un des enjeux pour CY Tech est de monter en compétences sur le volet de la R&D et de la Valorisation. En ce sens, toutes les formations Graduate de CY Tech sont importantes, qu’elles relèvent de l’offre PGE ou Masters, ceci afin de pouvoir contribuer à nos deux écoles doctorales.
Un autre enjeu sera d’apparaître rapidement dans le top des classements. Mais je suis aussi très attaché aux valeurs d’éthique et de solidarité. Ces valeurs doivent être un des ciments de cette école, pour toutes nos communautés. Si nous accédons au Top 10/20, je veux que ça soit parce que nous nous sommes positionnés comme une école qui a un vrai projet pédagogique et de recherche d’excellence, et nous l’avons. De fait, le grand enjeu de ces prochaines années sera de s’affirmer comme un acteur clé de l’ouest parisien.
Prouvez à un bachelier qu’il doit passer le concours.
D’abord, CY Tech est une école de proximité avec des valeurs très fortes, largement inspirées de la charte de l’EISTI (Professionnalisme, Ouverture, Solidarité, Ethique).
A travers ses labels et accréditations (CTI, Conférence des grandes écoles, etc.), elle bénéficie de la reconnaissance académique.
Par ailleurs, l’école est fortement soutenue par les collectivités territoriales de Cergy-Pontoise, de Saint Germain en Laye et de Pau. De plus, il y a une vie étudiante très active au sein de nos trois campus situés dans des environnements de vie vraiment agréables.
Ensuite, ceux qui choisiront la filière mathématiques appliquées ou informatique bénéficieront du très haut taux d’employabilité caractérisant l’EISTI. Nos statistiques et les classements le prouvent, et je n’ai aucun doute qu’il en sera de même pour les nouvelles spécialités génie civil ou biotechnologie et chimie. Et cela sera aussi le cas pour les doubles cursus intégrés.
L’excellence académique est également à mettre en avant : nous avons la chance d’avoir des enseignants-chercheurs de qualité, ainsi que des laboratoires et plateforme technologiques de haut niveau ; ceci constitue un cadre dont pourront profiter les étudiants.
Un dernier mot aux étudiants ?
Outre les enjeux stratégiques, l’école est là pour les aider à construire leur projet, en France comme à l’international. Nos grandes orientations stratégiques ne sont pas figées. On peut adapter les formations. Les étudiants sont vraiment le point central de l’école. Nous leur donnerons les outils pour pouvoir agir sur le monde de demain, sans oublier qu’ils seront eux-mêmes lEs vrais acteurs de demain.