Partager un « Café Zoom » avec la boss de leur école pour lui poser les questions que se posent vraiment les étudiants ? Défi relevé par Camille Garnier en 3A, Emma Depoilly et Maxime Fortin élèves en 5A à l’EBS. L’actu de l’établissement, sa gestion de la crise Covid, ses grands points stratégiques pour 2021, son parcours… Lors de cette interview, Lamia Rouai, directrice de l’EBS a abordé avec eux tous les sujets, sans langue de bois. Interview réalisée le 4 décembre 2020
Comment va la santé de l’EBS ?
Elle est comme moi, elle a souffert de l’absence de ses étudiants pendant les confinements. Nous imaginons d’ailleurs des façons de les faire revenir, les 5A notamment, qui partent pour leur stage de fin d’études en janvier et que je ne retrouverai donc qu’à la remise des diplômes. Même si le contexte fait qu’elle manque peut-être un peu de son fun habituel (nous n’avons pas pu organiser la super soirée d’inauguration des nouveaux locaux que nous avions prévue), ça va redémarrer ! D’autant que je préfère voir cette période comme une occasion de transformer notre façon d’enseigner, nos rapports humains et notre rapport au savoir.
Pourquoi l’école a-t-elle déménagé ?
Après des années solo dans ses locaux du 16e arrondissement, l’EBS avait décidé de partir pour la rue Sextius Michel (Paris 15e) où elle partageait son campus avec une école amie, mais néanmoins concurrente, l’ESCE, ainsi que Sup de Pub. Pour nos étudiants qui nous avaient choisis pour notre côté familial et notre taille humaine, les signaux étaient brouillés. On avait fini par ne plus nous voir ! Sur notre tout nouveau campus (un ancien lycée du 15e arrondissement de Paris, où une seconde phase de travaux est prévue cet été), nous pouvons pleinement affirmer notre identité et notre positionnement. Car mieux vaut un petit chez soi qu’un plus grand chez les autres. Les espaces de travail seront nombreux et très student centric, comme l’illustre Le Lab par exemple. Pour l’anecdote, nous l’avons appelé ainsi car avant les travaux, on y trouvait des paillasses de physique-chimie, un vrai souvenir de laboratoires pour la physicienne que je suis !
Votre vision stratégique à moyen terme pour notre école ?
Contrairement aux écoles d’ingénieurs dont beaucoup sont spécialisées, se différencier dans le monde des business schools est un exercice complexe. Alors aujourd’hui, notre stratégie est de déployer ce que nous sommes : une European Business School. D’où l’ouverture d’un campus à Genève, l’idée de se déployer à Londres et d’essaimer partout. Nous développons aussi la philosophie de l’apprentissage par le projet, car je crois fermement à la culture du faire et au développement de l’esprit critique. Je voudrais presque qu’il n’y ait plus de cours mais des projets, que l’EBS devienne la « 42 » des écoles de management avec des professeurs advisors à disposition des étudiants. C’est encore un rêve… mais j’y arriverai !
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Vous êtes scientifique de formation pourquoi être passée à la direction d’une école de commerce ?
Si j’ai été passionnée par la physique, je le suis plus aujourd’hui par la pédagogie, la transmission et l’accompagnement. Donner un cadre, réfléchir à ce que vous soyez le mieux dans votre futur métier : c’est ma façon à moi d’impacter. Quand je suis arrivée à la tête de l’école, la transition avec Delphine Manceau (l’ancienne directrice de l’EBS ndlr) s’est très bien passée. Car au fond, je crois que c’était une idée à elle. Elle a toujours beaucoup aimé l’EBS et voulait laisser son bébé à quelqu’un en qui elle avait confiance ! On me demanderait aujourd’hui de diriger à nouveau une école d’ingénieurs, pas sûre que j’irais. Car une école d’ingénieurs…ça forme des ingénieurs. Alors qu’ici, la diversité des profils est juste géniale.
D’ailleurs pour vous, c’est quoi être un Ebésien ?
Il n’y a pas UN Ebésien, car l’EBS est un révélateur de ce que vous êtes. On ne veut pas vous formater mais vous donner les clés pour apprendre à apprendre, révéler vos points forts, travailler sur vos points faibles et vous adapter en toutes circonstances. Car après l’EBS, on peut devenir manager, chef d’entreprise, créer sa boite, devenir réalisateur ou même prêtre : chez nous, il y a très peu de suiveurs. Mon message est simple : trust yourself ! Et j’espère réussir à « mettre suffisamment de confiance à l’intérieur de vous » pour que vous y arriviez.
Comment envisagez-vous votre relation avec les étudiants de l’EBS ?
Le vrai plus des grandes écoles, c’est le lien. Avant l’EBS, j’étais directrice de l’ECE et j’ai été invitée à des mariages d’anciens, rencontré plein de « bébés ECE »… Aujourd’hui, j’adore être au contact des étudiants. Pendant les confinements, ils m’ont terriblement manqué.
Votre plus grande réussite avec eux ?
Il n’y en a pas une : toutes les réussites de mes étudiants sont grandes. Et je le dis sans langue de bois. La preuve, chaque fois qu’un étudiant réussi quelque chose, je like tous ses posts sur les réseaux sociaux ! S’il y a bien une chose que j’ai apprise c’est qu’il n’y a pas que les meilleurs qui réussissent. Le dernier de la classe qu’on surprend en train de dormir pendant un cours peut aussi faire une super carrière. Ma réussite c’est d’aider les gens à trouver leur voie.
Fraîchement diplômée à 23 ans, comme nous, comment imaginiez-vous l’avenir ?
J’ai fait un master en physique, un master en épistémologie, puis une thèse sur les nanosciences : alors à 23 ans j’avais encore la tête dans les études ! Pendant ma thèse je donnais des cours de physique aux prépas médecine, des gens qui avaient besoin de cette matière pour réussir un concours très exigeant… mais qu’ils ne pratiqueraient plus après. Je me suis alors beaucoup questionnée sur la façon d’enseigner. J’ai toujours voulu faire de la physique car la physique explique le monde et moi, je voulais comprendre « comment ça marche ». Alors faire une thèse, c’était génial, même si ça reste très éloigné du marché du travail.
Un conseil pour nos débuts professionnels justement ?
J’en ai plusieurs. D’abord, ne faites rien qui ne vous passionne. Faites-vous plaisir et n’ayez pas peur de changer, car seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. N’hésitez pas à demander ce que vous voulez et si on vous dit non… et bien tant pis ! Mais vous, ne dites jamais non, au risque de passer à côté de l’opportunité de votre vie. Quand on m’a contactée pour diriger une école de management, je me suis demandé si je saurais faire… j’ai passé le pas et c’est génial !
{Interview de Lamia Rouai} Et si on poursuivait l’expérience en organisant tous les mois un déjeuner avec vous et quelques étudiants ?
Avec grand plaisir, car ce qui m’anime, c’est vous, les étudiants. Et en plein deuxième confinement, je me sens reconnectée aux étudiants grâce à cet exercice !