Le jeudi 4 juillet 2019, la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) et Mission Handicap Assurance (MHA) ont remis une bourse à 13 étudiants en situation de handicap à l’Assemblée nationale. Objectif : les aider à partir étudier à l’étranger en toute sérénité. Clément Boussiron est l’un d’entre eux. Témoignage.
« La mobilité internationale : un impératif pédagogique. Cette mobilité doit être accessible à tous, même aux étudiants en situation de handicap. Grâce à ces bourses, ils pourront voyager sans choisir leur destination en fonction de leur handicap », introduit Yves Poilane, président de la commission Relations Internationales de la CGE.
A l’Hôtel de Lassay, au cœur de l’Assemblée nationale, les pitches et les applaudissements fusent. Un à un les étudiants reçoivent leur bourse et remercient ceux qui les ont accompagnés. Grâce au soutien de Mission Handicap Assurance, la CGE leur permet de partir à la conquête du monde. Du Mexique à la Corée du Sud, en passant par les Etats-Unis et l’Espagne ! Total des bourses : 30 000 euros. Une somme divisée par 13 pour permettre à chacun de compenser les surcoûts liés à son handicap.
Un symbole fort. « Il faut qu’on fasse savoir que c’est possible et que tous ces étudiants ont droit de voyager comme tout à chacun », clame Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre, chargée des Personnes handicapées. Richard Ferrand, président de l’Assemblée Nationale, a rappelé la citation du brillant astrophysicien Stephen Hawking : « Le handicap ne peut pas être un handicap ».
Pour avoir leur feedback, Sophie Cluzel a même proposé aux étudiants boursiers de faire un call WhatsApp ! Un appel que ne loupera pas Clément Boussiron. L’étudiant de 20 ans, malvoyant, en 5è année à l’ESAIP, partira à Albacete (Espagne) dans le cadre de son cursus d’ingénieur informatique – cybersécurité.
L’Espagne : votre 1ère expérience d’étudiant à l’étranger ?
Non, j’ai déjà étudié 6 mois en Lituanie. Cette expérience a été très enrichissante car ce pays est très différent de la France. D’abord parce qu’il y neige beaucoup plus ! Et puis, parce qu’en matière d’handicap, les Lituaniens sont très en retard. Ils n’ont pas les dispositifs nécessaires. Ils commencent tout juste à se pencher sur la question. Un membre d’une association m’a quand même aidé à me repérer à mon arrivée. Mais la plupart des Lituaniens ne prennent pas toujours en compte ma situation, notamment par rapport à mon chien guide. Je me suis déjà vu refusé l’entrée à l’université de Vilnius car un agent de sécurité ne voulait pas me laisser passer avec mon chien. Même situation dans un bar. Alors que j’étais venu boire un verre avec un ami, une serveuse a refusé de nous servir à cause de mon chien. On a dû changer de bar… Ce n’est pas grave, ces expériences m’ont endurci. J’ai hâte de voir ce qui m’attend en Espagne à la rentrée.
A quoi vous servira cette bourse en Espagne ?
Je me déplace seul. Je vis seul. Je ne suis pas à plaindre. J’ai surtout besoin de quelqu’un qui puisse m’accompagner au début, pour prendre mes repères dans une ville que je ne connais pas. Comme me montrer où se trouve le bus, les supermarchés… Quant à la bourse, elle me permettra de prendre en charge l’aménagement de mon appartement. Il doit être adapté à ma déficience visuelle, des plaques de cuisson à la douche. Côté études, j’ai juste besoin de certaines transcriptions en braille.
Qu’avez-vous ressenti quand vous l’avez reçu ?
C’est une belle reconnaissance des difficultés qu’on peut rencontrer et qu’on a réussi à surmonter. C’est aussi une belle récompense pour mes parents, qui m’ont soutenu et aidé. Une façon de les remercier pour tout ce qu’ils ont fait pour moi.
Votre conseil pour les étudiants en situation de handicap qui veulent partir à l’international ?
Songez-y déjà ! Mûrissez votre projet sans le penser en tant qu’handicapé. Pensez d’abord à cela avant de penser aux contraintes. Comme pour les études d’informatique. Ne vous dites pas que c’est impossible alors que vous avez envie de vous lancer. C’est un domaine professionnel accessible à tous et qui recrute beaucoup, peu importe votre handicap. J’en suis la preuve !