Genre et médias : la nécessaire représentativité des femmes

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Les femmes sont sous-représentées dans les médias pour les expertises. Pourtant, la représentativité est un levier important dans la quête de l’égalité femme-homme, à travers des rôles modèles féminins qui permettent d’ancrer la légitimité des femmes quant à leurs compétences. Il est alors important de s’attaquer aux stéréotypes à divers niveaux, des études supérieures à la vie professionnelle, pour éveiller aux biais sur ces sujets et favoriser ainsi l’adoption de comportements inclusifs. Genre et médias : la nécessaire représentativité des femmes est un vrai combat !

Une difficile représentativité des femmes dans les sphères dirigeantes des entreprises, également dans le monde des médias

La représentativité féminine en entreprise dans des positions stratégiques et de leadership reste un enjeu majeur actuel en France. En témoigne la récente loi Rixain de décembre 2021 qui vise à accélérer la participation des femmes à la vie économique et professionnelle dans des postes à responsabilité. Celle-ci vient compléter un arsenal juridique en faveur de l’égalité professionnelle Femmes-Hommes qui permet de faire progresser la cause sans pour autant parvenir à garantir l’égalité réelle entre les femmes et les hommes dans la vie et les pratiques professionnelles. Le journalisme et le monde des médias en général n’échappent pas aux difficultés de parité et d’accès des femmes aux fonctions de direction ou à certaines rédactions ou types de missions, du fait de stéréotypes de genre toujours bien ancrés (Féminisation du journalisme : encore un effort pour la parité et l’égalité ! La revue des médias).

Des voix féminines qui se font moins entendre

En écho à ce plafond de verre en entreprise, la parole d’expertise revient majoritairement aux hommes dans les médias. Ce constat est alarmant dans la mesure où les médias participent de façon importante au processus de socialisation des individus et donc à la manière dont ils perçoivent le monde et se construisent. Là aussi, il aura fallu légiférer pour encourager la présence des femmes dans les médias, en instaurant en 2015 une obligation pour les chaînes de télévision et de radio de communiquer des indicateurs sur la représentation des femmes et des hommes dans leurs programmes. Pour autant, en 2020 la parité n’est toujours pas atteinte, avec un taux d’expertes de 41 % (rapport annuel de 2020 du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ), même s’il faut souligner que ce chiffre connaît une hausse significative depuis 2016 (+11 points). Autre point à relever : un taux de parole des femmes à l’antenne plus faible, à 35 %, et qui reste inférieur à leur taux de présence. L’enjeu ici est donc l’espace laissé aux femmes présentes pour qu’elles puissent davantage s’exprimer et révéler leur plein potentiel afin de contribuer à la qualité de l’espace médiatique. Des freins cognitifs, provenant des hommes comme des femmes, expliquent les difficultés à créer un environnement inclusif dans le secteur des médias. Alors, comment peut-on agir ?

La lutte contre les stéréotypes dès l’enseignement supérieur comme levier d’action

La question de la représentation genrée se pose bien en amont de la vie professionnelle. En effet, pour lever les barrières à l’égalité femme-homme, il est important de prendre conscience du poids des stéréotypes déjà véhiculés ou portés dès les études supérieures. La mixité est toujours difficile à atteindre dans certaines filières, telles que le numérique ou les écoles d’ingénieurs, par exemple. Ce qui creuse ensuite le vivier de femmes expertes à solliciter dans ces domaines et entretient une vision genrée des métiers. Même dans des filières mixtes, telles que les écoles de commerce, les choix de spécialisation font apparaître des orientations genrées qui sont à la base de reproduction genrée de carrière, et d’écarts de rémunération (L’orientation scolaire : quels biais de genre ? Alternatives Economiques). Les grandes écoles ont un rôle à jouer pour lutter contre les stéréotypes de genre et préjugés, jusque dans leurs pratiques pédagogiques. En effet, les études de cas stéréotypées et l’exposé de certains « témoignages », « expériences » où les femmes comme les hommes sont assignés à des rôles bien spécifiques représentent un vecteur de représentation genrée des métiers. Il convient donc aux enseignant.e.s d’apporter une attention particulière aux choix des situations professionnelles présentées aux étudiant.e.s pour ne pas lier systématiquement, inconsciemment, les fonctions de direction aux hommes et les postes administratifs ou les métiers liés au « care » aux femmes, par exemple.

La déconstruction des stéréotypes de genre est de l’ordre de la responsabilité individuelle et collective au sein même des instances de socialisation : écoles, médias, entreprises, etc. Elle repose sur une vigilance accrue dans les pratiques du quotidien, une réelle motivation des acteurs et actrices à se débarrasser du poids des représentations genrées et du phénomène de catégorisation sociale associé.

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Marilyne Meyer
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Mélanie Jaeck

Les auteurs sont Mélanie Jaeck, Professeure associée et Maryline Meyer, Professeure associée à Montpellier Business School

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