La révolution numérique dans les directions financières conduit les formations des futurs financiers à évoluer. Amel Sahli, responsable de la majeure Corporate Finance, également en charge du MDA Digital Retail banking à l’EMLV (École de Management Léonard de Vinci) et Sandy Campart, directeur du Pôle Finance de l’IAE de Caen analysent ces changements.
Comment le numérique impacte la finance ?
Pour Sandy Campart, il y a trois évolutions majeures avec l’arrivée du numérique : « la recherche de l’information est de plus en plus industrialisée. La communication est désormais multicanal. Les métiers sont directement affectés par les processus de digitalisation. »
Doter les étudiants de nouvelles compétences
L’adaptation des cursus passe par la transmission de compétences nouvelles auprès des étudiants, explique Amel Sahli : « Le DAF ne va plus se contenter de produire des chiffres sans fournir l’analyse qui va avec et le numérique permet cette valeur ajoutée. Il faut former les étudiants à l’analyse des données et à la pratique des nouvelles techniques. Avec la nouvelle donne du numérique, il faut gérer les risques inhérents à cette masse de données et notamment les questions de la sécurité. » En revanche, pour Sandy Campart, la compétence à consolider est la communication par les outils techniques : « il faut réussir à convaincre un client par mail. Il faut faire attention à la conformité en matière de réponse écrite. Nous renforçons ces cours de communication multicanal avec la clientèle. »
Des nouveaux outils pour former les étudiants
À l’IAE de Caen, le directeur du pôle finance fait travailler ses élèves sur les logiciels qu’ils utiliseront dans les banques et entreprises : « nous leur proposons de passer la certification Bloomberg pour attester qu’ils ont une bonne connaissance de ces terminaux. Dans cette quête d’une information de plus en plus riche, ils s’exercent dans une salle des marchés-école et se familiarisent avec la recherche d’information. Nous les formons également à la programmation (sur VBA par exemple). Enfin, nous développons la partie analytique de la formation afin de les amener à appréhender les enjeux liés au traitement de méga-bases de données. »
Le DAF, vecteur de changement : Le DAF est ainsi en première ligne pour mesurer l’impact des nouvelles technologies sur l’évolution des modèles économiques existants. Ces enjeux sont largement abordés dans les formations afin de permettre aux étudiants de développer les qualités pour y répondre. « Le DAF doit faire preuve d’anticipation et d’adaptabilité ; des qualités décisives pour réussir la transformation digitale », souligne Amel Sahli.
Quels sont les futurs chantiers de la direction financière ?
La professeure de l’EMLV décrit deux chantiers majeurs : se libérer des travaux sans valeur ajoutée et dématérialiser les processus ; exploiter en temps réel des données : « Le contexte de transformation numérique permet de gérer les données en temps réel. L’utilisation du big data permet de pratiquer la gestion et l’analyse prédictive. » De son côté, Sandy Campart préconise de se démarquer des acteurs du web qui fournissent des informations de plus en plus riches grâce à des outils puissants. Cette concurrence s’appuie sur la personnalisation des services : « Désormais, le défi pour les acteurs de la finance est de fournir des services individualisés à valeur-ajoutée, tout en veillant à ne pas déshumaniser leur relation client. »