Entretien avec Monsieur Tidjane Thiam (X 84), Président-directeur général de Credit Suisse

Fondé en 1856, comment Credit Suisse s’est-il transformé sans cesse pour adresser les nouveaux enjeux de la banque ?

La mission du Credit Suisse en 1856 était de financer l’expansion du réseau ferroviaire ainsi que la poursuite de l’industrialisation en Suisse, qui étaient entravées par un manque d’infrastructures. Au cours des 150 dernières années, Credit Suisse est progressivement devenu un prestataire de services financiers, leader sur le plan international. Depuis 1856, notre raison d’être a toujours été la même, à savoir de servir nos clients avec professionnalisme et dévouement, dans un monde en constante et rapide mutation.

J’ai rejoint Credit Suisse en juillet 2015 avec pour objectif de conduire le Groupe dans une nouvelle phase de son développement. La stratégie que nous avons définie après plusieurs mois de réflexion et d’analyse en équipe, s’appuie sur nos forces bien connues et vise à faire de Credit Suisse un leader dans son métier de gestion de fortune, s’appuyant sur de solides compétences en investment banking. Dans notre stratégie de croissance, nous avons délibérément adopté une approche équilibrée, visant aussi bien les marchés des économies développées que ceux des économies émergentes.

Nous avons dû conduire, dans un premier temps, une restructuration profonde pour relever le triple défi que constituaient notre faible niveau de capital, le niveau de risque lié à nos activités de marché  et des coûts de fonctionnement trop élevés. Nous avons levé plus de 10 milliards de francs suisses par émission d’actions pour renforcer notre bilan, réduit nos coûts de plus de 3 milliards de francs suisses et résolu les nombreuses difficultés légales et régulatoires héritées du passé. Nous avons également dû redimensionner nos activités de marché pour réduire nos risques et, en parallèle, nous avons fait croître de façon rentable nos activités de gestion de fortune. Deux ans dans une restructuration prévue sur trois ans, nous avons fait des progrès significatifs, ce que le marché reconnaît de plus en plus. Cela dit, nous restons prudents et totalement concentrés sur la poursuite de notre restructuration dans le but de créer de la valeur pour nos clients et nos actionnaires sur la durée.

Quelles opportunités s’ouvrent à un jeune polytechnicien dans un groupe fort de 46 720 collaborateurs de 150 nationalités ?

En tant qu’établissement financier, Credit Suisse pourrait ne pas être perçu, au premier abord, comme un employeur naturel pour des étudiants ayant une formation à dominante scientifique. Quand on analyse les faits, il est toutefois clair que nombre de nos récentes recrues à travers le monde ont une formation scientifique poussée et réussissent très bien au sein de notre banque. Ils contribuent à notre diversité, une valeur centrale pour notre banque. 

Nous sommes déterminés à toujours et partout recruter les meilleurs talents et ensuite à les aider à croître et à se développer. Nous établissons pour eux des plans de carrière motivants et poursuivons une stratégie de mobilité interne, avec des missions internationales et dans différents secteurs, ainsi que des projets interdisciplinaires. Nous offrons également une large gamme de formations.

 

Diplômé de Polytechnique, MINES ParisTech et l’INSEAD, vous avez évolué au sein de Mc Kinsey, AVIVA, Prudential… Au regard de cette expérience, quels sont les atouts de la formation à l’X pour évoluer au sein du secteur bancaire ?

Je suis persuadé que deux facteurs essentiels déterminent la réussite dans une carrière, la « passion » et les « hommes » au sens générique du terme, bien entendu, donc incluant les femmes. Le meilleur conseil que je peux donner aux jeunes étudiants est qu’ils ou elles « fassent quelque chose qui les passionne vraiment avec des gens qu’ils ou elles apprécient ». Personnellement, j’ai eu la chance de toujours travailler dans des secteurs ou sur des questions qui me passionnaient. Aujourd’hui, l’activité bancaire me fascine à cause du rôle essentiel que nous jouons dans le fonctionnement de l’économie mondiale et dans les pays où nous opérons. Cela est vrai aussi bien au niveau microéconomique, lorsqu’il s’agit de permettre à une famille d’accéder à la propriété, qu’au niveau macroéconomique, quand nous levons du capital pour des États afin de financer la croissance ou les investissements en infrastructure. Nous jouons un rôle essentiel dans le développement économique international et contribuons à générer de la prospérité et des emplois.

Nous sommes tous appelés à passer une grande partie de notre vie au travail, il est – littéralement – vital donc de travailler avec des personnes que nous apprécions et estimons. La seconde clé de la réussite, après la passion, est de réaliser des choses ensemble, ce qui est toujours une immense source de satisfaction.

Quel regard portez-vous sur le rôle que peut jouer Polytechnique au sein du cluster Paris-Saclay ?

L’École Polytechnique est l’une des meilleures écoles du monde et possède un énorme réseau international de diplômés sans pareil. Pour que notre success story continue, notre école doit poursuivre deux objectifs en parallèle: premièrement, continuer à préparer et à former la prochaine génération de leaders et, deuxièmement, être à la pointe de la recherche pour relever les défis internationaux.

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