Les présidentiables
Ils ont moins de trente ans, et déjà, ils écument les meetings, les conférences de presse, les universités d’été : ce sont les responsables des mouvements politiques jeunes, ces organisations qui font office de petites soeurs des partis politiques. Nous avons fait connaissance avec 5 de ces responsables ainsi qu’avec Maxime Verner, jeune candidat à la présidentielle qui a choisi, lui, de se présenter sans étiquette politique.
Pourquoi les jeunes doivent-ils s’engager selon vous ?
Wandrille Jumeaux, secrétaire fédéral des Jeunes Ecologistes, 23 ans. Tout d’abord dans une vision citoyenne : si on veut une démocratie qui fonctionne bien, il faut un minimum d’intérêt de la part de ceux qui la composent. Ensuite, pour une raison plus particulière aux jeunes : la société aujourd’hui leur laisse très peu de place. Il faut donc qu’ils se bougent.
Thierry Marchal Beck, président du Mouvement des Jeunes Socialistes, 26 ans. On est dans une société profondément inégalitaire mais ce n’est pas quelque chose d’immuable, c’est quelque chose que l’on peut changer.
Benjamin Lancar, président des Jeunes Populaires, 26 ans. D’abord parce que les jeunes ne sont pas assez à s’engager. Et deuxièmement parce que suite à la crise de 2008 et à ses répercussions, il faut définir des idées nouvelles et on a besoin de personnes nouvelles et jeunes pour y parvenir.
Julien Rochedy, président des Jeunes avec Marine, 23 ans. Parce que c’est l’apanage même de la jeunesse de s’engager, de vouloir changer les choses. La résignation doit être beaucoup plus du côté de la vieillesse. La jeunesse n’est pas faite pour s’amuser, elle est faite pour l’héroïsme.
Maxime Verner, président de l’Association des Jeunes de France, 22 ans. Rien n’est définitivement fait. On a la capacité de changer beaucoup de choses. On a un rapport avec plein de sujets qui est plus juste que celui de nos aînés.
Comment, au sein de votre parti politique, donnez-vous la parole à la jeunesse ?
Wandrille Jumeaux, Jeunes Ecologistes. On n’a pas de secrets là-dessus et on rencontre les mêmes difficultés que les autres. Mais l’une de nos caractéristiques, c’est notre ton plus décalé. On fait de la politique sans se prendre la tête. Par ailleurs, on est peu nombreux. Or, c’est plus facile d’avoir un mouvement démocratique quand les choses se décident à 100 ou 200 personnes plutôt qu’à beaucoup plus.
Thierry Marchal Beck, Mouvement des Jeunes Socialistes. Les jeunes du MJS sont étudiants, salariés, certains sont au chômage, d’autres n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois, etc. C’est ce vécu-là qui forme nos propositions. Mais on donne également la parole aux jeunes qui n’appartiennent pas au MJS : on a ainsi fait voter plus de 40 000 jeunes sur 21 de nos propositions phares. On a ensuite fait lire les résultats à chaque candidat de la primaire.
François-Xavier Pénicaud, président des Jeunes Démocrates, 28 ans. Tout d’abord, on va voir les associations, les jeunes dans le cadre de notre travail. Ensuite, on essaie de casser au maximum la réunionite interne et de travailler avec la société. Moi je suis adepte du format petite audition où de façon plus officieuse on va aborder leurs idées.
Benjamin Lancar, Jeunes Populaires. Premièrement on mène de nombreuses initiatives sur le terrain (tractage, organisation de débats dans nos fédérations,… ) et deuxièmement on utilise les réseaux sociaux.
Julien Rochedy, les Jeunes avec Marine. On met en place des réunions une fois par semaine, dans lesquelles on organise des débats et on fait intervenir les jeunes. On n’est pas du tout dans une logique fermée : presque tout le monde peut venir à ces réunions. Quel parti fait ça, de s’ouvrir aux jeunes ?
Une mesure phare que vous prônez pour la jeunesse ?
Wandrille Jumeaux, Jeunes Ecologistes. Aujourd’hui, en plus d’être injuste, notre société n’est pas capable d’offrir un emploi à tous, notamment aux plus jeunes. Une réponse : la transition écologique de l’économie avec des emplois locaux non délocalisables dans les secteurs d’avenir, stratégiques, durables : énergie, bâtiment, transport, service à la personne…
Thierry Marchal Beck, Mouvement des Jeunes Socialistes. Une allocation d’études et de formation : actuellement, plus d’un étudiant sur deux doit travailler pour financer ses études. Quand on veut donner plus de moyens aux universités et qu’on ne s’assure pas que les étudiants puissent être là à chaque TD, il y a vraiment une aberration.
François-Xavier Pénicaud, Jeunes Démocrates. On suggère la mise en place d’un module de formation qui soit un socle commun (en licence ou en master) sur la sensibilisation à l’entrepreneuriat, aux réalités de l’entreprise et des collectivités, et à leur fonctionnement économique.
Benjamin Lancar, Jeunes Populaires. Des licences qui soient encore plus généralistes, qui permettent forcément de passer par l’entreprise et par l’étranger. Aujourd’hui on a un système où les licences sont encore trop différenciantes trop tôt, du coup les passerelles sont complexes entre les filières.
Julien Rochedy, les Jeunes avec Marine. La jeunesse est inscrite dans un contexte. On ne fait pas de la démagogie comme fait Hollande en proposant une mesure pour les jeunes par ci, une autre par là,… On a un projet global qui a pour but de réduire le chômage, de donner un emploi pour tous, un logement, …
Maxime Verner, Association des Jeunes de France. Un baromètre de rémunération qui fixerait la rémunération des stages entre 435€ et le SMIC, en fonction de l’ancienneté, du niveau de formation, de l’expérience réelle de l’étudiant et du projet de l’entreprise.
Un message aux lecteurs de Grandes Ecoles Magazine ?
Wandrille Jumeaux, Jeunes Ecologistes. Pensez à ce que vous pouvez apporter à la société par votre travail, votre engagement. Voyez comment vous pouvez vous-même, dans le milieu que vous intégrez, soit changer les choses, soit changer de milieu s’il ne vous correspond pas.
Thierry Marchal Beck, Mouvement des Jeunes Socialistes. Les politiques peuvent beaucoup pour permettre le redressement de la France et la jeunesse détient une part de cette solution. On va avoir besoin de tous les talents, toutes les compétences pour obtenir une France plus libre, plus égale, plus juste et plus prospère.
François-Xavier Pénicaud, Jeunes Démocrates. Ayez confiance en ce que vous pouvez apporter à votre société, aux générations aînées, quelle que soit la manière avec laquelle vous le faîtes. Il n’y a pas un seul mode d’engagement, il y en a des tonnes.
Benjamin Lancar, Jeunes Populaires. Je pense que c’est une présidentielle qui est majeure et je me désole des discours actuels qui disent qu’elle n’est pas intéressante. Je souhaite vraiment que vos lecteurs s’engagent d’une manière ou d’une autre, plutôt dans notre camp compte tenu de tout ce que l’on a fait pour les jeunes.
Julien Rochedy, les Jeunes avec Marine. Il faut que les étudiants redeviennent patriotes parce que se faire de l’argent, c’est une chose, mais se faire de l’argent en étant attaché à une patrie, ça a beaucoup plus de valeur. Mais je pense que le patriotisme revient dans notre jeunesse : c’est dans les générations précédentes qu’il avait disparu.
Maxime Verner, Association des Jeunes de France. Réveillez vous ! Il y en a qui pensent que c’est en faisant comme tout le monde qu’on peut y arriver. Soyez originaux ! Les grandes écoles doivent miser à fond sur les profils différents.
Maxime Verner, candidat au dessus des partis
Maxime, pourquoi ne pas t’être engagé dans un parti politique ?
« Vous connaissez un responsable de mouvement jeune qui ait ses propres idées ? Ce sont des médias jeunes. Les partis les sélectionnent pour aller parler. Malheureusement, ils ne sont pas entendus, ce ne sont pas des médiateurs : ils ne portent pas la voix des jeunes aux partis, ce sont les partis qui donnent leur voix aux jeunes. Les jeunes qui font avancer les idées, ce sont ceux qui sont libres. »
Le rôle d’un mouvement jeune : Jeunes Socialistes versus Jeunes Populaires
Thierry Marchal Beck : 3 missions pour le Mouvement des Jeunes Socialistes
1. S’activer, créer la mobilisation, le militantisme terrain pour permettre à la gauche d’accéder au pouvoir
2. Etre un mouvement d’éducation populaire, d’émancipation pour permettre à des jeunes qui n’ont pas fait d’études mais qui ont envie de comprendre de se réarmer
3. Etre ceux qui détectons les nouvelles inégalités qui frappent les jeunes et trouvons les solutions
Benjamin Lancar : Les 4 objectifs des Jeunes Populaires
1. Mobiliser : on doit être nombreux aux meetings, aux événements
2. Former : détecter des nouveaux talents, les faire élire
3. Communiquer : montrer que notre mouvement est à l’image des jeunes de ce pays
4. Proposer
Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau