Les directeurs financiers font face à une transformation de leur métier. A quels en jeux techniques et humains doivent-ils répondre ? Comment évolue leur rôle aux plans stratégique et opérationnel ? Philippe Audouin, président de l’association des Directeurs Financiers et du Contrôle de Gestion (DFCG), nous explique la transition du DAF gestionnaire au DAF visionnaire.
A quelles évolutions les DAF sont-ils confrontés ?
Les domaines financiers, dans leurs aspects techniques, sont de plus en plus complexes. Par exemple, nous travaillions jusqu’en 2005 selon les normes comptables françaises. Aujourd’hui, nous travaillons avec les normes IFRS (International Financial Reporting Standards) qui sont d’une très grande complexité. Autre exemple, il y a 10 ans, nous faisions l’essentiel de nos financements via du crédit bancaire classique. Désormais, la plupart sont des modes de financement alternatifs, des émissions obligataires, des financements multi-tranches, etc. Les DAF font appel à un panel de financement différentiés. C’est une mission très sophistiquée. Il faut arbitrer le rendement coût/ durée, il y a des conditions annexes aux financements qui permettent ou non certaines actions aux entreprises.
Quelles sont les conséquences en matière de gestion des ressources humaines ?
Le DAF ne peut plus tout maîtriser seul. Il doit s’appuyer sur une équipe d’experts de haut niveau et donc développer les qualités nécessaires pour manager ces profils. Comme l’avait dit un jour un dirigeant de Deutsche Telecom « On n’est jamais meilleur que la somme des compétences de son équipe. »
« Au-delà de la dimension technique, on attend désormais
du DAF une dimension stratégique, qu’il prenne de la hauteur et développe une vision. »
Ils prennent ainsi une dimension stratégique ?
Ils doivent en effet être en mesure d’envisager et éclairer les choix d’options qui s’ouvrent aux entreprises dans un contexte très changeant. Au-delà de la dimension technique, on attend désormais d’eux une dimension stratégique, qu’ils prennent de la hauteur et développent une vision. Ce rôle est attendu dans les grandes entreprises mais aussi nécessaire dans les ETI et PME en développement, lorsqu’elles opèrent des acquisitions ou vivent des moments stratégiques pour leur avenir.
Un conseil aux étudiants en filière finance ?
Profitez de chaque expérience pour approfondir votre bagage pratique et technique. Les fiscalistes sont des profils très solides, dotés d’un bagage technique et d’une certaine vision. Ils ont besoin d’une grande capacité d’analyse et de recul pour juger de la frontière entre ce qui est permis et correct ou pas. Le contrôle de gestion offre un regard très complet sur l’entreprise. Lire les comptes et les faire parler, c’est un bon point d’entrée dans la vie active. Je dirais que la plus belle opportunité est de débuter dans un grand cabinet d’audit. Cette expérience est un moment de formation technique complémentaire aux études très valorisé. De fait, de nombreux directeurs financiers sont d’anciens auditeurs.
Quels sont à vos yeux les grands attraits des métiers financiers ?
Ils sont passionnants car ils touchent au coeur de l’entreprise de façon approfondie. Qui mieux que le directeur financier peut avoir une vision aussi globale de la situation de l’entreprise ? Ils sont aussi très évolutifs. Un responsable contrôle de gestion brillant peut devenir directeur financier puis directeur général. Peu de fonctions ouvrent de telles perspectives. Ce sont des fonctions exigeantes, on n’a pas le droit à l’erreur. Une erreur dans un rapport de gestion ou un autre document de référence et c’est le rappel à l’ordre de l’AMF. C’est donc une fonction exposée. Le côté positif étant de vraies responsabilités, un impact dans l’entreprise. Il y a enfin la satisfaction intellectuelle du travail sur les chiffres.
A. D-F