LE DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION
Interviewer un directeur ou une directrice de la communication, celui ou celle qui, justement, d’ordinaire, organise et contrôle les interviews, c’est renverser l’ordre des choses, arroser l’arroseur, chasser le chasseur. Mais nous l’avons fait. « Mon métier c’est de parler des autres, pas de moi », proteste modestement Anne-Marie Patard, directrice de la communication d’ECE. « Notre rôle, ce n’est pas du tout de mettre en avant nos compétences, c’est de faire en sorte que les autres soient heureux et que notre travail ne se voie pas. » Et pourtant. Grandes Ecoles Magazine a fait exception, et a rencontré quatre directrices de la communication de l’enseignement supérieur, quatre femmes, quatre acharnées du travail, quatre passionnées. Parole à ces dames avec un grand A : Alexandrine Urbain (Centrale Paris), Armelle de Kerros (Dauphine), Anne-Marie Patard (ECE) et Anne-Laure Oudinot (Grenoble Ecole de Management).
1 Quelles évolutions le métier de dir’com en école a-t-il récemment connues ?
Anne-Marie Patard, ECE : « Je dis souvent aux étudiants que lorsque j’ai commencé à travailler, j’avais un secrétaire et pas un ordinateur. Il y a vingt ans on faisait de la communication papier. Aujourd’hui, la bataille est clairement sur le web. A partir du moment où les outils sont complètement différents, il faut savoir travailler sur ces outils. C’est pour cela que nous avons besoin de personne formées à ces techniques-là plus particulièrement. On observe donc une énorme progression des formations spécialisées. Par ailleurs, avant, on faisait les choses de manière calme et reposée, on avait du temps pour réfléchir, la communication était davantage ciblée par périodes. Désormais, c’est toute l’année, cela ne s’arrête jamais, nous sommes toujours sur le front. »
Anne-Laure Oudinot, GEM : « Le métier de directeur de la communication a évolué parce que les écoles ont démultiplié leurs activités. Nous sommes passés d’un rôle de réalisation de services à une vraie volonté d’avoir des stratégies de communication très marquées, structurées autour des marques. A GEM, le métier de dir’com a été complètement transformé par l’envolée spectaculaire de l’établissement. Quand je suis arrivée, nous n’étions pas dans les classements internationaux, la formation continue n’était pas développée. Nous avions moins de choses sur lesquelles communiquer. »
2 Et d’ailleurs, pourquoi faut-il un dir’com dans une école ?
Alexandrine Urbain, CENTRALE PARIS : « Je pense nous sommes vraiment entrés dans une compétition. Avant nous nous situions au niveau français, maintenant il faut attirer des étudiants internationaux. Nous voulons attirer les meilleurs élèves, les meilleurs chercheurs : nous avons donc besoin d’avoir des marques fortes, d’être visibles, d’expliquer ce que nous faisons. »
Anne-Laure Oudinot, GEM : « Aujourd’hui, une école est une marque donc nous avons besoin d’une personne pour gérer cette marque et renvoyer l’image que nous souhaitons aux publics cibles. »
Armelle De Kerros, DAUPHINE : « Avant Dauphine vivait bien sans dir’com. Aujourd’hui nous sommes dans un autre contexte avec l’autonomie des universités et la réalité qui nous impose de trouver des ressources. Si nous voulons monter des chaires, récupérer la taxe d’apprentissage (etc), il faut nous vendre auprès des entreprises. Nous ne pouvons plus fonctionner sans donner de visibilité à ce que nous faisons. »
Le saviez-vous ?
L’ARCES, créée en 1985, est l’Association des Responsables de la Communication dans l’Enseignement Supérieur. Elle regroupe un peu plus de 500 membres et de 200 établissements sur toute la France. Anne-Marie Patard en est la vice-présidente.
Plus d’infos : www.arces.com
Dauphine, un univers foncièrement différent de l’entreprise
Armelle de Kerros, directrice de la communication à Dauphine fait le parallèle entre cet établissement et son expérience riche et variée de la communicationen entreprise. « L’université est un univers très différent d’une entreprise même si c’est le même métier que nous faisons. Ayant été dans des groupes du CAC 40 et/ou des groupes où la situation était sensible, toute décision, toute prise de parole d’un individu dans l’entreprise devait être soumiseà l’approbation du président. Ici, les enseignants chercheurs s’expriment dans la presse tous les jours. En plus, à mon arrivée il y avait un service de communication naissant à Dauphine : chacun communiquait comme il le voulait. Quand j’ai été nommée, j’étais donc très déconcertée par ce système très décentralisé. Il n’y avait pas de culture de communication. Il y avait un énorme travail à faire d’organisation, d’installation d’éléments qui m’apparaissaient évidents en entreprise. »
Claire Bouleau