Point d’étape ! Un an après avoir pris la présidence de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE), Laurent Champaney, réagit sur les dernières actus marquantes de l’enseignement supérieur et présente les grands axes qui marqueront sa feuille de route pour les prochains mois. Rencontre.
Sylvie Retailleau nommée ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : un bon casting ?
Pour nous, oui ! Nous la connaissons bien par son parcours et par son implication au sein de France Université, organisation avec laquelle nous collaborons beaucoup. C’est une femme dotée d’une grande expérience de l’enseignement supérieur, qui a occupé toutes les fonctions de pilotage possibles à l’université, y compris dans des projets aussi ambitieux que celui de l’Université Paris Saclay qui donne une visibilité importante aux écoles. Autre point de convergence : elle est connue pour penser aux étudiants et toujours rappeler que notre métier est avant tout de former et d’accompagner les jeunes dans leur développement personnel et vers l’emploi.
Quelles demandes la CGE lui adresse-t-elle en ce début de mandat ?
A minima, de continuer à donner une vraie place aux écoles dans notre dialogue commun, comme l’avait fait Frédérique Vidal. Mais aussi de reprendre rapidement le dossier de l’apprentissage et en particulier, celui de son financement. Car si France Compétences est en déficit, nous tenons à rappeler que l’apprentissage est à la fois un formidable outil d’ouverture sociale et un modèle pédagogique recherché par beaucoup d’étudiants, surtout en cette période où ils ont plus que jamais envie de se frotter aux réalités du terrain. Pour un jeune, c’est un moyen de financer ses études et pour les entreprises, c’est un moyen de recruter et de fidéliser des talents, alors même qu’elles manquent cruellement de cadres managers et ingénieurs. Sans oublier que plus l’apprentissage se développe dans les grandes écoles, plus il est visible, plus il est connu et plus son image globale est bonne.
L’employabilité est d’ailleurs au cœur de la feuille de route de la CGE cette année ?
Les entreprises ont besoin de recruter. Certains projets sont même en danger par manque de compétences, dans la filière nucléaire par exemple. Par ailleurs, toutes les entreprises se sont fixées des objectifs en matière de diminution de leur empreinte carbone et de leur impact environnemental et ont besoin de jeunes qui ont des convictions sur ces sujets pour les atteindre. Mais le fait est que devenir cadre, exercer des responsabilités dans de grandes entreprises, les attirent moins. Ils ont besoin de souplesse et de liberté et les entreprises doivent s’adapter. Quant aux écoles, elles doivent quant à elle proposer un modèle de formation représentatif des entreprises pour préparer les jeunes à changer d’état d’esprit. Car les entreprises ont besoin des jeunes qui sortent de nos écoles pour faire changer les choses !
Si ces nouvelles compétences sont amenées par les jeunes collaborateurs, la question de l’apport de nouvelles compétences par la formation tout au long de la vie est aussi centrale. C’est pour cela que nous disons aux entreprises que nous pouvons trouver des solutions ensemble. Car non seulement passer par une école leur coûtera moins cher que de développer une structure en interne, mais elles pourront aussi faire profiter leurs parcours de formation de la forte image de marque de nos écoles.
Les autres axes de la CGE pour 2022/2023 ?
L’inclusion et la diversité bien sûr, comme en atteste la thématique du Colloque CGE 2022. Mais aussi l’amélioration de l’expérience étudiante au sens large. Sur le plan de la formation, nous souhaitons mettre l’accent sur le partage des bonnes pratiques en lien avec les nouvelles méthodes de travail (travail à distance, metaverse etc.). Nous voulons aussi que nos écoles misent sur une recherche au service des transitions. Il est également nécessaire de poursuivre notre travail d’information en auprès des collégiens et lycéens pour leur faire connaître nos écoles et les métiers auxquels elles peuvent les former.
Alors que les crises s’enchainent, le financement des études est plus que jamais un sujet central pour les familles. Quel message souhaitez-vous leur adresser ?
La question du financement des études ne doit pas être un frein pour candidater à une grande école. Bourses d’Etat, exonérations, aides des fondations, des alumni, accompagnement par les entreprises via l’apprentissage, emprunts à taux faibles : de nombreuses solutions existent et il faut échanger avec les écoles pour trouver celles qui vous correspondent. D’autant que rejoindre une grande école est sans doute un des meilleurs investissements pour l’avenir : les chances de réussite sont très fortes, elles ouvrent à de nombreux débouchés, à des métiers passionnants et à de très bons niveaux de rémunération à la sortie.