Florent Sainte Fare Garnot, diplômé de Normale sup et Sciences Po a été maire de Nevers durant 4 ans. Il nous a parlé de sa conception du rôle des politiques dans le domaine de l’enseignement supérieur (ES ). Un rôle selon lui intimement lié aux missions de l’action publique et aux valeurs de la République.
Dans quelle mesure l’ES est-il une responsabilité politique ?
L’orientation générale de la politique d’ES est un enjeu national dans la mesure où elle s’articule avec les valeurs de la République. C’est une évidence que de la même manière que les programmes scolaires forgent une identité collective, dans le supérieur s’ajoute l’apprentissage du pluralisme de vues, du débat contradictoire. L’école et l’ES forment les piliers fondateurs de la République. Il y a donc une orientation nationale à impulser et des mutations utiles à mener pour le pays au travers de politiques publiques.
Sur quel thème les élus devraient-ils renforcer leur action en faveur de l’ES ?
Nous devons agir plus encore pour que le lien entre les établissements supérieurs et le monde économique soit accentué au bénéfice de l’emploi et du développement économique, des porteurs de projets, de l’entrée sur le marché du travail des jeunes diplômés.
L’ES est-il un enjeu droite / gauche ?
Il ne devrait pas être un enjeu partisan. Mais par nature il est de confrontation, car pour les territoires et villes, l’ES est un enjeu d’attractivité. Plus l’offre d’ES est large, plus une ville est attractive et pourra répondre à son enjeu de développement de l’économie locale. Il y a aussi des enjeux d’aménagement du territoire. Le mouvement de notre pays à concentrer l’ES dans les métropoles crée des inégalités d’accès à l’ES. Cela donne lieu à un dialogue un peu musclé entre les élus et l’Etat afin qu’il prenne en compte nos enjeux locaux. Le travail de lobbying est aussi mené par des associations représentant les maires, départements et régions.
Quels sont les établissements de Nevers ?
Nevers abrite une antenne de l’université de Dijon-Bourgogne, l’ISAT (école d’ingénieurs), l’ESMB (école d’arts appliqués), l’IFSI (formation aux soins infirmiers) ; une école de commerce et la CSII (école d’ingénieurs en informatique) sont portées par la CCI. Nevers accueille 2 000 étudiants.
Comment concevez-vous la responsabilité d’un maire vis-à-vis de l’ES ?
Elle est d’animer une politique visant à développer l’offre de formations de son territoire. L’un de nos succès a été que l’ISAT ait doublé ses effectifs en 2 ans, passant de 300 à 600 étudiants.
Qu’en est-il du lien entre développement économique local et ES ?
J’ai été très engagé à faire des établissements des outils de développement local. L’ISAT s’inscrit dans une logique de cluster de R&D en lien avec les entreprises. Il s’agit de valoriser la filière bois nivernaise pour la production de matériaux composites pour l’automobile et le bois de construction. L’agglomération finance les prestations de R&D de l’ISAT, venant ainsi en soutien des PME.
A. D-F