François Longin, professeur de finance à l’ESSEC Business School a noué des liens avec l’école dès son enfance. Il nous parle d’un état d’esprit ouvert et convivial, d’une institution à la pointe au plan académique et pédagogique. Suivez le guide !
Entre vous et l’ESSEC c’est une longue histoire ?
En effet, mes parents avaient une entreprise et finançaient l’ESSEC via la taxe d’apprentissage. Etudiant à l’Ecole des Ponts ParisTech, j’ai pu suivre des cours de finance et marketing à l’ESSEC grâce à un accord entre les deux établissements. C’était à la fin des années 80. J’y suis professeur depuis 1994 !
Qu’aimez-vous à l’ESSEC ?
L’ambiance et l’état d’esprit très ouverts. Cela se traduit dans la configuration des lieux lumineux et conviviaux comme la cafeteria qui est une grande réussite ; un vrai lieu de vie où se croisent étudiants, professeurs, personnels.
Pourquoi la finance en tant qu’ingénieur ?
Comme d’autres disciplines de gestion, la finance s’est mathématisée et fait appel aux sciences. Pour fixer des prix de produits financiers, de produits dérivés, la finance de marché se fonde sur des modèles mathématiques, sur les probabilités, sur les statistiques, sur les calculs stochastiques. Il en va de même pour la gestion des risques.
Quels sont en conséquence vos domaines de prédilection en finance ?
J’ai réalisé ma thèse en finance de marché sur le thème des évènements extrêmes. J’ai publié de nombreux papiers en gestion des risques, en value at risk, en stress testing. Récemment nous avons publié un ouvrage collectif sur le sujet des extremes events in finance.
La finance, un cours qui « fait peur » ?
La finance est une discipline attractive et prestigieuse dans les écoles de management. Elle fait peur car elle est très formalisée et très mathématique. Elle est axée comptabilité et analyse financière dans les entreprises, et plus mathématiques sur les marchés. J’enseigne à 50/50 en formation initiale et en formation continue, en gestion des risques, sur les bases de la finance d’entreprise et de la finance de marché.
« En finance l’antidote est très simple : travailler ! »
Que dites-vous à vos étudiants pour les rassurer ?
Je leur dis que l’antidote est très simple : le travail. S’ils travaillent, ils y arrivent et dès lors ils prennent du plaisir à ce qu’ils font.
Quel est votre style pédagogique ?
Mon enjeu est de mixer les méthodes d’apprentissage, en présentiel et en distantiel. J’ai récemment participé à la création d’un outil pédagogique et de recherche sur les marchés financiers à base de simulations : SimTrade (en accès libre sur le site https://www.simtrade.fr/). Basée sur l’approche learning by doing, cette pédagogie interactive et de mise en situation de trader dans la salle de marchés d’une banque d’investissements plaît beaucoup aux étudiants en formation initiale comme aux participants de formation continue. L’aspect de gaming rend la matière plus attractive et suscite l’implication.
« La valeur ajoutée d’un professeur est sa production scientifique »
Comment équilibrez-vous vos activités de recherche et d’enseignement ?
Je consacre environ 40 % de mon temps à la recherche, deux jours par semaine à l’enseignement et un jour à mes activités en entreprise. J’ai signé mon contrat sur cette base il y a 25 ans ! Déjà l’ESSEC accordait une importance majeure à la recherche. La valeur ajoutée d’un professeur est sa production scientifique : ses publications et surtout l’impact de ses publications mesuré par le nombre de citations (Google a d’ailleurs lancé un service pour mesurer l’impact de la recherche académique : Google Scholar). Il doit savoir la valoriser au travers de publications, de l’organisation de conférences et dans ses cours. Il donne aussi de la visibilité à son travail et à son établissement grâce au levier extraordinaire que représente le digital.
Vous avez saisi ce levier très tôt ?
J’ai en effet lancé un site dès 2005 pour présenter toutes mes activités, http://www.longin.fr/ Plus d’un million de documents ont été téléchargés sur mon site ! Je propose des poly, des cours, des articles, des exercices, des corrigés, des vidéos. Je suis très transparent et attentif à la promotion de mes recherches dans un style vulgarisé. C’est important dans un domaine très technique et spécialisé de savoir communiquer. Les étudiants (et même le grand public) expriment une attente vis-à-vis de ces outils et contenus. J’enrichis les ressources en permanence. Je propose par exemple des outils de modélisation en finance d’entreprise, en finance de marché, en finance personnelle. J’ai également 4 pages Facebook dédiées à mes cours.