« Faire évoluer l’UTC vers une université européenne de technologie s’appuyant sur un écosystème local d’innovation et de créativité ». Telle était l’essence du projet d’Alain Storck à son arrivée à la tête de l’UTC. Qu’en est-il 3 ans après ?
L’INNOVATION POUR CREDO
En quoi l’UTC est-elle toujours une université pilote ?
En plus des missions traditionnelles d’une université que sont produire et transmettre les connaissances et les savoirs, l’UTC a pour originalité d’assumer une troisième ambition, celle de les transformer en innovation. Cela se traduit d’abord par un cursus à la carte qui pousse nos étudiants à faire des choix pour construire leurs parcours dans un monde incertain. L’UTC intègre également les sciences humaines et sociales (SHS) à leurs formations afin de leur donner le recul intellectuel et culturel nécessaires pour aborder des situations complexes. C’est un moyen de ne pas former des « brutes de technologies » mais des humanistes technologues capables de les penser dans leurs conséquences environnementales, sociales et sociétales, toujours en lien étroit avec l’innovation. Notre implantation dans une ville de taille moyenne nous confère aussi une souplesse que n’ont pas de « gros monstres universitaires » comparables au Titanic ! Notre ouverture à l’international va aussi en ce sens. Les échanges avec nos 1 000 étudiants étrangers et nos antennes à Shangai et au Chili nous permettent de former des ingénieurs « international minded », ancrés dans l’interculturalité.
« Je rêve d’une UTC
qui évolue vers une université européenne de technologie, audacieuse, innovante et créative sur le front de la bataille des idées face aux défis de notre société. Vers une école où la formation et
la recherche sont
au coeur du triptyque technologie, social
et humain dans l’anticipation
des évolutions industrielles, numériques,
culturelles
et sociales. »
Au carrefour de l’université et de la grande école, comment tirer le meilleur des 2 modèles ?
L’UTC est une petite université mais une des plus grosses écoles d’ingénieurs. En tant qu’école, elle défend une image de marque, développe une grande connivence avec les milieux socioéconomiques et un modèle de formation qui lie technique et SHS. En tant qu’université, elle présente une recherche très développée qui n’oppose pas sciences et recherche fondamentales et appliquées mais revendique une recherche technologique associant le comprendre pour faire et le faire pour comprendre.
Comment restez-vous fidèle à votre ambition originelle pour l’UTC ?
En créant un écosystème local d’innovation et de créativité fondé sur un système partenarial entre l’UTC, les entreprises et les collectivités locales et incarné depuis quelques mois par sa pièce maitresse, son Centre d’Innovation. Ce bâtiment de 5 500 m2 favorise la créativité et la rencontre d’acteurs, de cultures et de disciplines très différents et donc l’innovation. 2015 sera l’occasion de renforcer cet écosystème via de nombreux projets : finaliser la transformation de notre Fondation universitaire en Fondation partenariale, créer une chaire en innovation avec Sorbonne Université et Paris 6 et enfin structurer et faire vivre l’ingénierie et les technologies de la santé, un secteur en émergence.
Comment se concrétise votre logique partenariale à 4 dimensions ?
D’abord à l’international, via nos antennes à l’étranger. Ensuite dans le Groupe des UT qui répond à une logique de marque qui renforce nos établissements évoluant sur les mêmes secteurs. Le PRES Sorbonne (aujourd’hui COMUE), dont l’UTC est devenue membre fondateur, est également une dimension importante qui nous permet d’évoluer aux côtés d’établissements d’excellence dans une logique de complémentarités. Enfin par notre ancrage en Picardie qui nous confère une responsabilité territoriale, sociale et sociétale très forte. Si nous attendons de cette politique partenariale multidimensionnelle plus de visibilité, d’attractivité, de complémentarités et de moyens, nous faisons tout pour éviter les lourdeurs administratives. Cette logique se concrétise d’ailleurs auprès des étudiants. A titre d’exemples, 160 entreprises ont été créées par des diplômés de l’UTC depuis 7 ans (300 depuis 15 ans) et 200 contrats étudiants ont pu être financés en 2 ans.
Comment l’UTC s’engage dans l’entreprenariat ?
Le modèle de l’UTC repose sur son engagement pour l’innovation et l’entrepreneuriat afin de former des ingénieurs capables d’inventer des solutions aux problèmes de notre société. Son modèle pédagogique à la carte offrant de nombreuses unités de valeur de formation à l’entrepreneuriat, son concours Projets Innovants, le pôle Entrepreneuriat du Centre d’Innovation, ses cycles de conférence et beaucoup d’autres projets lancés avec ses partenaires vont en ce sens.
À QUOI RÊVE ALAIN STORCK POUR…
L’UTC ?
Qu’elle évolue vers une université européenne de technologie, audacieuse, innovante et créative sur le front de la bataille des idées face aux défis de notre société. Vers une école où la formation et la recherche sont au coeur du triptyque technologie, social et humain dans l’anticipation des évolutions industrielles, numériques, culturelles et sociales.
L’enseignement supérieur ?
Je rêve d’une vision dynamique et non administrative du développement de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui n’oppose pas recherche et innovation ou public et privé et qui n’est pas uniquement guidée par le large is beautiful.
40 % des diplômés de l’UTC se dirigent vers les PME, comment l’expliquez-vous ?
C’est la conséquence directe de notre modèle pédagogique très ouvert. Nos diplômés ont envie d’entreprendre et c’est, encore aujourd’hui, plus facile de le faire dans une PME/PMI que dans un grand groupe. L’UTC est aussi une des rares écoles à former des ingénieurs pour l’industrie, un secteur qui vit notamment grâce à des milliers de PME et PMI.
Pourquoi est-ce important pour l’UTC d’apprendre à ses élèves à « penser la science » ?
L’UTC a ouvert le 1er parcours ingénieur accessible aux bacheliers des filières ES et L. Ce cursus Humanités et Technologies est né de la volonté de ces élèves de poursuivre des études scientifiques mais aussi de DRH qui revendiquent de plus en plus de recruter des profils ouverts, capables de penser la technologies autrement. Cette promotion expérimentale de 24 élèves voués à poursuivre le cursus ingénieur est l’illustration de notre responsabilité de ne pas compartimenter les savoirs, de considérer la technologie non pas seulement comme l’application de contenus scientifiques mais aussi comme un fait global et humain. Dans une même optique, je pense qu’il est important de s’interroger sur la formation de l’ingénieur stratège. Car la stratégie est malheureusement encore trop souvent réduite au modèle de l’efficacité gestionnaire.
Diplômé de l’UTC AUJOURD’HUI… ET DEMAIN ?
L’UTC est un établissement pluridisciplinaire qui forme à de nombreux secteurs : ingénierie mécanique, matériaux, biotechnologies, biosciences, génie et procédés, informatique, sciences de l’information et de la communication, génie des systèmes urbains,… Cette diversité thématique permet à nos diplômés de se placer dans tous les métiers et secteurs d’activités industriels de haut niveau (R&D, production, services, collectivités,…). Des carrières d’enseignants-chercheurs sont évidemment également envisageables.
CW.
Contact : www.utc.fr