« L’ESSEC mène à tout » : ce mantra répété par un de ses profs de prépa, Marine Orlova l’a pris au pied de la lettre ! Malgré son diplôme de l’ESSEC en poche, elle a laissé tomber les projets de carrière classiques pour donner vie à sa passion pour l’effeuillage burlesque. Rencontre avec Marine aka Sucre d’Orge, une artiste qui n’a pas peur de se dévoiler.
L’ESSEC, elle l’a choisie « pour garder le maximum d’opportunités ouvertes grâce une formation réputée. » Après avoir cubé sa prépa, Marine entre en effet dans la prestigieuse école de commerce… sans pour autant savoir ce qu’elle aimerait vraiment faire après. Les études de management ne sont pas sa grande passion et ses stages lui permettent surtout d’éliminer des pistes plutôt que de trouver vraiment ce qui la fait vibrer. Néanmoins Marine s’accroche et s’imagine travailler dans le milieu du luxe.
La crise de 2008 comme tremplin
Diplômée en 2008, elle entre sur le marché du travail en pleine crise financière. « Dénicher un job en marketing ou en communication à ce moment-là, c’était mission impossible » se rappelle la jeune femme. Pour garder le moral et se changer les idées, elle se lance alors dans des cours de danse en tout genre et découvre à cette occasion l’effeuillage burlesque. Un jour, une amie lui propose de participer à des séances de modèle vivant et c’est le déclic. Elle effectue alors un numéro d’effeuillage en mode poupée mécanique… et c’est le coup de foudre immédiat pour la scène. Marine entre alors dans ce milieu, d’abord en participant à des shows une fois par mois, puis de manière plus régulière, sans pour autant en faire son activité principale. « Les petits cachets que je récoltais me permettaient de payer les costumes, les accessoires, bref d’auto-financer ma passion » détaille-t-elle. Lorsqu’elle décroche quelques mois plus tard un job de responsable marketing dans une entreprise, elle n’arrête pas pour autant les spectacles. « Je menais une double vie ! La semaine, mon travail pour payer les factures et le soir et les week-ends, mes spectacles. Je me couchais à 2h du matin et je traînais une valise de 20 kg avec toutes mes tenues à chaque show, c’était épuisant » se rappelle-t-elle. Mais elle tient ce rythme pendant huit ans, sans en parler à son employeur… qui n’ignorait pas pour autant sa passion. « Lorsque j’ai demandé une rupture conventionnelle, je me suis aperçue que mon entreprise était au courant depuis le début, mais qu’elle avait eu le respect de ne pas le diffuser l’information, ce que j’ai beaucoup apprécié. »
L’envol de Sucre d’Orge
Elle se donne alors deux ans – la durée de ses indemnités – pour vivre de sa passion et devenir intermittente du spectacle. Un statut qu’elle a atteint bien plus tôt que prévu, puisque sa carrière décolle quasiment instantanément. « J’avais déjà les contacts et une réputation dans le milieu, je n’avais plus d’autres impératifs professionnels, j’ai donc pu accepter les contrats bien plus facilement et vivre de mon art. » C’est ainsi que Sucre d’Orge – nom de scène qu’elle a trouvé via l’écriture automatique, « à l’intuition » – écume les cabarets parisiens et part en tournée à l’étranger.
Depuis, elle fait cohabiter à plein temps Marine et Sucre d’Orge, et les passions de l’une deviennent souvent les matériaux de création de l’autre, comme le luth renaissance dont Marine a commencé l’apprentissage pour le plaisir et que Sucre d’Orge amène sur les scènes de cabaret dans son récital polisson Sucre d’Orge vous montre son luth. Vivant aujourd’hui de son art, elle espère d’ailleurs que son parcours pourra inspirer les jeunes perdus dans leur (ré)orientation professionnelle. « Il ne faut rien lâcher et ne pas abandonner ses passions, on ne sait pas de quoi l’avenir est fait. Tenez-vous toujours prêts car tout est toujours possible »… même passer des bancs de l’ESSEC à une scène de cabaret !
L’effeuillage burlesque, c’est quoi ?
« C’est la grand-mère du strip-tease ! » explique Sucre d’Orge. Issu du spectacle de cabaret, l’effeuillage burlesque est une forme d’art où la danseuse retire ses vêtements progressivement, sans finir entièrement nue. Pendant cinq minutes, elle raconte une histoire et plonge le public dans son univers esthétique à travers des mouvements chorégraphiés. La danseuse termine généralement son numéro… presque dans le plus simple appareil.