La greffe de moelle osseuse est parfois l’unique moyen de vaincre certaines maladies graves comme les leucémies. Seul problème, le faible nombre de donneurs potentiels inscrits sur le fichier international rend les chances de compatibilité très faibles : moins de une sur… un million. On vous fait découvrir comment sauver des vies !
Ce jour-là tu t’es rendu sur un site internet dédié aux étudiants. Tu y as découvert que le seul recours possible face à certaines maladies graves comme les leucémies et les lymphomes était de pratiquer une greffe de moelle osseuse. Tu y as également appris que s’il n’avait pas la chance de disposer d’un donneur compatible dans sa famille, le malade avait alors recours au fichier national, puis international, des donneurs volontaires de moelle osseuse. Mais qu’il n’y avait alors qu’une chance sur un million pour qu’un donneur compatible y figure. Tout simplement parce qu’il n’y a pas assez de donneurs potentiels.
Il suffit de quelques clics
Pourtant, rien de plus simple que de sauver une vie de cette manière. Il suffit de s’inscrire en ligne sur ce fameux fichier et, dans un premier temps, d’effectuer un prélèvement salivaire. C’est tout. Et puis parfois, des mois ou des années plus tard, on te contacte pour te dire que pour continuer de vivre, quelqu’un a besoin de certaines cellules très particulières (des cellules souches hématopoîétiques) et que ce jour dont nous parlons, en t’inscrivant, tu as fait savoir que justement, toi, ces cellules infiniment précieuses, tu en avais plein en stock.
Si ce jour-là pour toi, c’était aujourd’hui ?
Alors, le jour J, tu te rends dans l’hôpital où la personne malade se trouve et où, au moyen d’une prise de sang, on te prélève ces cellules qu’on lui injecte illico. A toi, cela prend seulement quelques heures et, à elle, cela offre quelques dizaines d’années de vie supplémentaires. Un deal plutôt sympa qui, au passage, fait de toi un héros discret. Voilà, tu sais tout. Alors dis-moi : et si ce jour-là – le jour où tu as sauvé une vie – c’était aujourd’hui ? Tu hésites encore ? Tu trouveras plus d’infos sur info@egmos.org.
⚠️ Pour donner sa moelle osseuse, il faut avoir entre 18 et 35 ans et être en bonne santé. Si tu franchis le pas, surtout n’oublies pas d’informer le registre à chacun de tes changements d’adresse. Quel faux espoir sinon : on pense avoir trouvé LA solution, vitale, et elle s’est volatilisée…
Greffés, ils revivent !
Briac. « J’ai 20 ans et je suis en classe préparatoire pour intégrer une école de commerce. A 19 ans, on m’a diagnostiqué une leucémie myéloïde aigue. Tellement virulente que la greffe de moelle est rapidement devenue la seule issue possible. Sans compatibilité suffisante dans ma famille, j’ai eu la chance – immense – qu’une jeune fille portugaise inscrite au fichier international aie des cellules compatibles. Résultat : je suis encore là. »
Maiwenn. « Etudiante en arts, je suis également des cours de philo par correspondance à la Sorbonne. A 15 ans, j’ai été soignée pour une leucémie, mais après une rémission de plusieurs années, j’ai fait une rechute à 20 ans. Moi, c’est une jeune Américaine d’Atlanta qui s’est révélée compatible. Sensibilisée au problème par son père, elle a accompagné l’envoi de ses cellules salvatrices d’une lettre pleine d’humour pour me faire rire un peu. Vive elle ! »
Camille. « J’ai 25 ans et suis technicien de plateau dans le cinéma. Le 3 septembre 2021 (ça ne s’oublie pas), on m’a annoncé une leucémie myéloïde aigue. Que trois chimios successives n’ont absolument pas améliorée. Sans compatibilité suffisante dans ma famille, je me suis retrouvé en soins palliatifs trois mois durant. Au bout de ma vie. Et puis là, miracle, un Allemand de 26 ans s’est révélé compatible. J’ai été greffé le 18 juillet 2022 (ça ne s’oublie pas davantage). Depuis, tout roule. »
Pauline. « A 23 ans, je suis en dernière année de master en psycho. En février 2022, je me sens soudain fatiguée et essoufflée alors que je suis très sportive. C’est que l’aplasie médullaire que l’on m’a diagnostiquée court encore plus vite que moi ! Je survis d’abord grâce au sang que vous donnez (transfusée tous les jours), puis on essaye un traitement choc qui fonctionne un an et demi. Rechute. Seule issue : la greffe de moelle. Pas de ticket gagnant dans ma famille. Heureusement, dans l’intervalle, un greffon – de qualité allemande s’il vous plait – s’offre à moi. Soulagement. »
Camille. « Quatre semaines avant que je prête mon serment d’avocate, on m’annonce que j’ai une leucémie et que j’ai frôlé l’arrêt cardiaque. Mais comme je cours beaucoup, mon cœur a tenu bon. Chimio, rémission, rechute brutale, la greffe s’impose. Mais, veinarde que je suis, mon petit frère se révèle compatible. C’est donc lui, le 15 décembre 2022, qui m’a sauvé la vie. Depuis, j’ai enfin pu prêter serment. Et devinez quoi ? Moi qui avait les cheveux raides (comme la justice bien sûr), les voici à présent joliment bouclés. Comme ceux de mon frère ! »
Jérôme Bourgine, journaliste greffé, est membre de l’association EGMOS (Entraide aux Greffés de Moelle Osseuse)