Engagée depuis 2007 par un accord d’entreprise en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés, la Société Générale s’appuie sur une mission Handicap dynamique et imaginative. Illustrations avec son responsable, Marc Gaule.
Après un riche parcours à la Société Générale, à l’opérationnel et en RH, Marc Gaule s’est vu confier début 2010 la responsabilité de sa Mission Handicap. Précédemment coresponsable du projet de mise aux normes pour l’accueil des personnes handicapées des 2 200 agences de la banque – attendue par le législateur pour 2014 -, la question du handicap ne pouvait que le passionner.
« Dans le cadre de ce grand programme d’accessibilité, relève-t-il, nous avons souhaité jouer la carte de l’innovation, que cela soit en créant des rampes électroniques télescopiques, des rampes mobiles commandées depuis le guichet, des élévateurs pour les personnes à mobilité réduite ou encore en testant l’installation de coffres mobiles et de balises auditives pour signaler, depuis la rue, l’emplacement d’une agence aux personnes non-voyantes. » Développer des idées novatrices aussi pour faire de la Société Générale une entreprise « Handi-accueillante » pour ses collaborateurs est le challenge chargé de sens qui mobilise, au quotidien, l’équipe qu’il anime, forme et conduit.
Des objectifs ambitieux… réalisés !
« Parce que notre ambition en matière de handicap s’inscrit dans une volonté forte de notre Direction Générale, nous avons la chance, précise Marc Gaule, de pouvoir nous appuyer sur une structure solide. » La Mission Handicap de la « Soc Gen », mobilise 7 personnes : une chef comptable, responsable également de l’intégration et du maintien dans l’emploi, deux personnes dédiées aux relations avec le monde associatif et les entreprises du secteur adapté (EA et ESAT), une en charge du recrutement, une autre de la formation ainsi qu’un responsable de la communication. Elle s’appuie également sur réseau d’une trentaine de correspondants. « Cette organisation très forte, souligne t- il, nous a permis d’atteindre tous les objectifs de notre premier accord. » Avec 166 recrutements de personnes handicapées, la banque a en effet rempli le contrat qu’elle s’était fixé de 40 nouvelles embauches annuelles sur 4 ans. « Nous menons plus de 300 opérations de maintien dans l’emploi chaque année et conduisons de nombreuses actions amenant, sous l’égide des médecins du travail et des assistantes sociales, un nombre croissant de collaborateurs à faire les démarches leur permettant d’obtenir leur reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH) ». Une reconnaissance qui leur permet de bénéficier de toute une palette de moyens compensant leur handicap, que cela concerne l’aménagement de leur poste, un appareillage adapté à la nature de leur handicap ou encore la prise en charge de leur transport du domicile jusqu’au leur lieu de travail. « Sur le volet du recrutement, le nouvel accord qui porte sur la période 2011-2013 monte d’un cran puisque Société Générale s’est engagée à recruter 50 personnes en situation de handicap par an ! »
Contrer intelligemment les obstacles
« Pour intégrer un jeune homme lourdement handicapé à l’accueil de l’une de nos agences, nous en avons totalement réaménagé les locaux afin qu’il puisse circuler en fauteuil et travailler comme ses collègues le plus agréablement possible.»
Des difficultés existent cependant. « Elles sont de deux types, rappelle Marc Gaule. La première est liée au recrutement, poursuit-il. Le diplôme d’entrée requis pour nos métiers est au minimum un Bac + 2, or 80 % des personnes en situation de handicap ont un niveau de qualification inférieur au Baccalauréat. » Ce constat a conduit Société Générale , sous l’impulsion de sa Mission Handicap, à créer et financer, avec d’autres grands groupes bancaires, un organe de formation par alternance dénommé HandiFormaBanques. La seconde concerne les activités des entreprises du secteur adapté qui se révèlent difficilement en phase avec les besoins actuels de l’économie en général, et de ceux de la bancassurance en particulier. « Au-delà de l’inadaptation des secteurs sur lesquels elles interviennent, les volumes qu’elles sont en mesure de nous fournir sont fréquemment insuffisants, comme leurs couvertures géographiques trop souvent locales, et nous devons faire preuve d’ingéniosité pour morceler nos commandes auprès de plusieurs entreprises différentes afin de pouvoir leur confier des marchés. » Pour renforcer son recours au secteur protégé et adapté, la Mission Handicap, dans sa fonction transverse au niveau du groupe Société Générale, s’est également rapprochée de la Direction des Achats, et pour la définition des besoins de la Direction de la Logistique : « Pour cela, nous nous appuyons sur des relais-achat, soit 80 responsables en régions pour toutes nos Directions d’Exploitation Commerciale du Réseau d’agences, et 30 responsables des achats dans nos Directions du Siège (cette dernière fonctionnalité ayant été créée à l’initiative de Mission Handicap en 2010). Ces responsables conservant l’initiative de contracter jusqu’à 200 K€, le relais étant ensuite pris par la Direction des Achats pour les marchés d’envergure. Revoir l’ensemble de la chaîne des nos procédures pour trouver une réponse en correspondance auprès des EA et des ESAT nécessite une importante remise en question pour conserver aux marchés passés les mêmes condition de rentabilité et de sécurité sans qu’ils présentent de connotations à caractère discriminatoire »
Active auprès des acteurs extérieurs
Rattachée depuis 2010 à la Direction de la Diversité des Ressources Humaines, la Mission Handicap de la Société Générale est également très active auprès de nombreux interlocuteurs extérieurs. « La mobilisation sur le champ du handicap du groupe Société Générale, qui a trouvé à s’exprimer bien avant la loi de 2005 relative à l’égalité des droits et des chances, se décline par des engagements sociétaux plus larges, qu’ils portent sur le recrutement des jeunes des quartiers dits sensibles ou relèvent d’accords d’entreprise en faveur de l’égalité homme-femme ou de l’emploi des seniors, souligne Marc Gaule. Nous travaillons avec un grand nombre d’associations investies dans le monde du handicap telles que, notamment, l’Association des Paralysés de France ou l’UNAPEI (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis). »
Elle a noué aussi une trentaine de partenariats avec des grandes écoles et des universités : « Notre action ne se résume pas seulement à des rencontres. Nous avons, par exemple, financé la création d’une Chaire d’Innovation sociale au sein de l’IESEG et nous finançons le laboratoire de biomécanique des Arts et Métiers Paris- Tech. » Mission Handicap participe également à une cinquantaine de forums de recrutement par an avec des acteurs engagés dans le recrutement des personnes en situation de handicap : « Le 31 mars, nous allons organiser sur le parvis de La Défense la 3e édition de notre forum de recrutement « Pass Pour l’Emploi », une manifestation que nous avons initiée depuis 2009 et pour laquelle nous avons pour partenaire l’ADAPT (Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées), et une trentaine d’autres grandes entreprises de multiples secteurs d’activité. Durant toute une journée, nous mettons à disposition de ceux qui le souhaitent des ateliers de rédaction de CV et de simulation d’entretiens d’embauche ; des sessions de « Jobs meetings » sont animées par nos collaborateurs et ceux des entreprises partenaires de l’événement. »
Oser l’originalité pour avancer dans l’entreprise !
En interne, la Mission Handicap de la Société Générale conduit de nombreuses actions de sensibilisation. Pour mieux appréhender comment la politique handicap est perçue par ses salariés, elle a mis sur pied un « baromètre handicap », qui lui permet d’analyser le ressenti de ses managers et de ses équipes face au handicap. Institué en 2008, puis en 2010, il a permis de mesurer l’évolution très positive du ressenti des salariés à l’égard des collaborateurs en situation de handicap, leur disponibilité à les mieux accueillir et à favoriser leur intégration.
Mission Handicap n’a pas hésité aussi à sortir des sentiers battus en glissant dernièrement un flyer dans les fiches de paie pour sa campagne : « Je le dis, je le dis pas »
Mission Handicap n’a pas hésité aussi à sortir des sentiers battus en glissant dernièrement un flyer dans les fiches de paie pour sa campagne « Je le dis, je le dis pas », pour amener ses collaborateurs en situation de handicap à entreprendre des démarches de RQTH. Ou encore en distribuant dernièrement à ses 42 000 collaborateurs en France, une BD intitulée « Y a pas de malaise », éditée avec le soutien de l’AGEFIP et la participation de l’ADAPT : « Récompensé par plusieurs prix, ce projet piloté par Matthieu Pénaud, notre responsable communication, a été confié à un collectif d’auteurs – Jul, Margerin, Vuillemin, Tronche…. Ceux-ci ont puisé la substance de leurs 10 histoires dans notre blog www.tousuniques.fr. Tout ce que peut permettre de faciliter les échanges entre le monde du travail et les personnes en situation de handicap est pour nous une ambition majeure. Il nous reste encore beaucoup à réaliser et il faut savoir se contenter parfois de petites victoires. Il n’en reste pas moins que nous sommes sur la bonne voie et que nos progrès sont les meilleur des encouragements à poursuivre nos efforts ! »
CG
Contact : marc.gaule@socgen.com