Avec plus de 110 000 collaborateurs répartis dans 100 pays et un chiffre d’affaires de 33,4 milliards d’euros en 2011, Sanofi est un des leaders mondiaux de la santé. Jean-François Brin (Docteur en Médecine, Master HEC 92), Vice-Président Patient Centered Solutions de Sanofi, nous livre les clés de la diversification du groupe.
Le business modèle du médicament Jean-François Brin nous éclaire
« La pharmacie de prescription est un modèle de business particulier qui repose sur une forte valeur ajoutée, des niveaux d’investissements parmi les plus élevés tous secteurs confondus, une forte attrition des projets de recherche et une période de retour sur investissement limitée déterminée par la perte d’exclusivité des brevets. Celle-ci entraine l’arrivée massive et rapide de génériques sur les marchés traditionnels de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Confronté à des pertes d’exclusivité affectant certains de nos blockbusters*, le groupe Sanofi a engagé en 2009, sous l’impulsion de son nouveau Directeur Général, Christopher A. Viehbacher, une stratégie de diversification, afin de surmonter cette difficulté conjoncturelle et réduire, à plus long terme, cette dépendance structurelle aux médicaments brevetés. »
La santé familiale et animale, le diabète et les maladies rares
« Cette diversification s’est accompagnée d’une réorganisation de nos activités autour de 7 plateformes de croissance : la prise en charge du diabète, les produits innovants, les vaccins humains, la santé grand public (dont Doliprane®), la santé animale avec Merial (dont Frontline®), les marchés émergents entendu que les vaccins, la santé grand public et la santé animale ont la particularité d’être pas ou peu sensibles à la générification. L’acquisition de Genzyme en 2011 a permis de prolonger cette diversification en nous ouvrant les portes du médicament biologique issu du génie génétique traitant des maladies rares ou négligées comme les cérébrosides ou la sclérose en plaques. Cette diversification était vitale pour Sanofi qui, à défaut, aurait été très exposée d’un point de vue capitalistique. L’évolution régulière du titre de ces derniers mois illustre, en dépit d’un contexte boursier chaotique et du désengagement d’un de nos actionnaire historique (Total), le
regard très positif que le marché porte sur ce choix stratégique ».
Le rôle des pays émergents
Contrairement à Sanofi, d’autres grands laboratoires ont choisi de se concentrer sur le médicament de prescription, avec plus ou moins de réussite, certains faisant face à de réelles difficultés, mais tous les laboratoires tentent de tirer parti de l’ouverture aux marchés émergents. Sanofi est un groupe qui décline fièrement son activité sur les cinq continents. Jean-François Brin estime : « Certaines racines du groupe comme Rhône-Poulenc et Hoechst ont toujours été historiquement très présents dans les pays émergents. Nous avons choisi de regrouper ces territoires et d’en faire une plateforme de croissance à part traditionnels et revendique une position de leader en Amérique latine, en Afrique, et au Moyen-Orient et une croissance à deux chiffres en Asie. »
Senior Vice-Président Patient Centered Solutions, la fonction hybride
Dans un groupe qu’il a intégré en 1993, en occupant diverses fonctions aux directions commerciales et du Marketing chez Rhône-Poulenc et ses différentes filiales, le docteur en médecine et diplômé d’HEC nous décrit ce qui se cache derrière ces mots : « Je fais partie intégrante des Opérations Commerciales. J’ai en réalité 3 casquettes, en premier lieu la responsabilité de 2 centres de profit basés à Boston hérités de la fusion avec Genzyme, que je partage avec notre filiale américaine, centrés sur des produits et dispositifs chirurgicaux et des médicaments pour les patients dialysés, dont le chiffre d’affaires se situe
autour de 1,2 Milliard d’euros. J’ai d’autre part une activité de Global Marketing qui intègre aussi des activités médicales et d’accès au marché, pour tous les médicaments éthiques en dehors de l’oncologie et du diabète (regroupés au sein de divisions intégrant la R&D). Cela concerne des domaines comme le cardio-vasculaire, la thrombose et l’inflammation. Enfin je gère un certain nombre d’activités transversales pour l’ensemble des opérations commerciales pharma du groupe, comme le prix ou la gestion de congrès. Au total une équipe très diverse de 150 personnes en responsabilité directe, 700, si j’intègre l’ensemble des effectifs des deux business units rattachées administrativement à la filiale US. Qualifier en trois mots une telle structure
relevait de l’impossible, c’est la raison pour laquelle nous avons choisi de nous définir par ce qui est notre ambition première : apporter au patient plus que des médicaments innovants. »
Pionnier dans la double formation Médecine-HEC
Jean-François Brin reconnaît que sa double formation a constitué un formidable levier dans l’élaboration de sa carrière professionnelle. « Ce type de profil n’existait pas alors. Nous suivions beaucoup de cours et de TD avec les 3ème années de la majeure marketing. C’était très enrichissant. Ils avaient la culture commerciale et nous, du vécu professionnel. Aujourd’hui, ce type de double formation est devenu un standard dans l’industrie pharmaceutique où l’on retrouve des médecins, des pharmaciens, des vétérinaires dotés d’une formation complémentaire en management. Nous n’étions que deux médecins dans mon Master HEC (92) ! Le monde de l’entreprise était alors considéré comme une boîte noire, quelque chose d’opaque, pour la médecine. Je me souviens que lorsque j’ai commencé à constituer mon dossier pour HEC pour être admis aux écrits, le doyen de la faculté de médecine a failli tomber de sa chaise », conclut-il avec le
sourire.
* produit dépassant 1 milliard de $
A.B.
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Jean-françois.brin@sanofi.com