L’évènementiel a pris de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire et ses nouvelles formes sont encore en développement. Si le secteur du luxe rapidement rebondi en s’orientant naturellement vers le virtuel, afin de continuer à exister aux yeux de sa communauté, le domaine du recrutement cherche quant à lui encore ses marques. Comment pallier l’absence de contact physique en temps de crise ?
La dématérialisation de l’évènement : une réalité pas si nouvelle
La plus large part de l’industrie du luxe a su rebondir très vite sur cet inconvénient majeur. La nécessité de garder le contact avec ses communautés, mais aussi ses clients, les a fait se tourner vers la dématérialisation des évènements saisonniers. On peut penser, notamment, au développement des défilés virtuels et des salons comme le Watches and Wonders pour l’horlogerie. D’autres encore ont organisé avec leur clientèle des rencontres zoom, comme des concours de cuisine ou des afternoon teas. Ce secteur incroyablement flexible a tenté donc avant tout de maintenir l’un des piliers fondamentaux de ses valeurs : le contact.
Avantages et inconvénients du tout virtuel
De nombreux articles ont souligné les avantages économiques et de gain de temps du passage à l’évènement virtuel. Pourtant, il ne faudrait en rien négliger l’investissement important exigé par les choix technologiques et programmatiques.
D’autre part le luxe s’est, depuis longtemps, fait le chantre de l’éco-responsabilité, agissant comme un véritable laboratoire de réflexion pour définir les pratiques vertueuses de demain. Seulement, un nouveau type de pollution a fait jour dans les consciences, celui de la pollution numérique. A l’avenir pourra-t-on en réduire l’impact ?
La dématérialisation de l’évènementiel n’a donc rien d’une solution miracle et est à considérer, sous sa forme actuelle, comme un outil indispensable, mais perfectible et pas nécessairement unique. Le dernier biais de l’adoption totale de la virtualisation est la disparition de la convivialité, du contact humain.
Le recrutement : une forme particulière d’évènementiel ?
Si les salons virtuels ont vite pallié la difficulté de ne plus pouvoir se retrouver physiquement autour d’un café pour parler avec un client ou un investisseur, les enjeux du recrutement pourraient ne pas pouvoir suivre les mêmes modèles. Le monde du luxe possède ses codes qui sont, en partie, centré sur l’humain. L’attitude d’un candidat est désormais plus importante que son expérience. Comment donc arriver à satisfaire, dans un contexte dématérialisé, le besoin du candidat de démontrer sa personnalité et sa motivation et celui du recruteur de présenter l’attractivité de son secteur ? D’autant plus que le luxe a parfois du mal à trouver ses talents. Comme nous indiquait récemment Olivier Voarick, directeur général de la Maison Lenôtre : « Nous devons être innovants dans le recrutement et dans l’évangélisation de nos métiers pour attirer de futurs talents. »
Vers l’adoption de solutions mixtes… ou d’une adaptation en fonction de la portée visée ?
Les Geneva Watches Days ont misé, cette année encore, sur une solution hybride dite « phygital ». L’important, selon le communiqué de presse, visait à « catalyser la demande du marché actuel et de l’industrie, combinant présentiel et digital, sous le signe de la convivialité et de l’ouverture », ont indiqué les organisateurs.
Dans un contexte où la fluctuation des conditions sanitaires est plus que probable, l’évènement virtuel sera de plus en plus ancré dans les pratiques de tous les secteurs, d’autant plus quand ils relèvent de marchés internationaux. Si des évènements de portée locale (nationale) pourront, sans doute, continuer à se lancer dans l’investissement organisationnel de salons physiques, il conviendra de pallier les incertitudes des décisions gouvernementales pour les salons ouverts sur l’ensemble de la planète.
Dans le domaine du recrutement, il semble tout à fait envisageable de continuer à faire fleurir la dématérialisation des salons. D’une part, car l’impact économique est réduit pour les exposants et que le ROI n’est que peu élevé pour ce type de salons ; d’autre part, car il faut prendre en considération les conditions économiques, sociales des talents de demain. Il n’est pas forcément à la portée d’un étudiant de l’autre bout du globe de se déplacer pour visiter la future école hôtelière suisse dans laquelle il rêve d’entrer. Afin de pouvoir s’adresser à l’ensemble de la chaîne du recrutement, de l’étudiant à son potentiel futur recruteur, en passant par les formateurs et les candidats diplômés, un évènement proposant à la fois rencontres candidat-recruteur, ateliers et conférences présentant l’univers des marques de luxe, semble être une solution à pérenniser sans perdre ce contact humain central dans le monde du luxe et du recrutement.