Tous les jours pendant trois semaines ils sillonnent les routes du Tour de France. Deux à trois heures avant les cyclistes, ils amusent la foule, distribuent les goodies et chauffent l’ambiance en prévision de l’étape qui s’annonce. Elément essentiel de la plus grande course cycliste au monde on ne peut imaginer la course sans eux. Eux ? Ce sont les caravaniers, des étudiants sur le Tour de France. Rencontre.
Lundi à 8h du matin alors que le peloton sera en plein réveil à l’amorce de la deuxième étape, Guillaume et Sacha seront déjà débout depuis plusieurs heures. Pour eux l’étape commencera à 10h15 heure de départ de la Caravane du Tour de France. Créée en 1930, elle fait partie du folklore populaire du mois de juillet. Certains viennent plus pour elle que pour les sportifs, pour d’autres elle permet de passer le temps avant de voir leurs héros. Composée de quelques véhicules lors des premières éditions, c’est aujourd’hui un cortège de près de 150 véhicules et 10 kilomètres de long distribuant 18 millions de goodies au bord des routes. Pour faire vivre cette procession, 450 caravaniers, en partie des étudiants, sont recrutés chaque été. Guillaume est l’un d’eux. Etudiant en Master Management et Ingénierie des Evénements à l’IAE Savoie Mont Blanc, celui qui se définit comme fan de sport en est cette année à sa deuxième édition en tant que chauffeur de véhicule léger sur la Caravane. Admirateur du Tour de France, c’est la curiosité qu’il l’a amené jusque-là. « Je voulais découvrir comment cela se passait à l’intérieur, j’ai contacté les agences de recrutement, j’ai envoyé mon CV, passé le processus de recrutement et j’ai été pris pour la course. » se rappelle-t-il. C’est également le cas de Sacha. Etudiant en deuxième année d’un master en management du sport à Lille, il va participer à son cinquième Tour de France et son quatrième en tant que chauffeur de véhicule. Une habitude qu’il ne louperait pour rien au monde. « Je ne pourrais pas louper une édition du Tour, je suis prêt à poser des jours de repos ou à rater des vacances mais en aucun cas je ne manquerais la course. » Une aventure qui commence tôt. Pour les deux étudiants en effet, celle-ci ne commence pas le jour du départ mais bien plusieurs jours avant. « Cette année nous devons récupérer les véhicules en amont et les emmener jusqu’à Bilbao, lieu du Grand Départ. Nous profitons de ces jours de préparation pour faire connaissance avec toute l’équipe et les autres caravaniers. Mais également pour nous former sur la santé, la sécurité ou le recyclage » confirment-ils. L’occasion surtout de se préparer aux plus de 3 404 kilomètres à parcourir sur les trois prochaines semaines.
Il faut oser candidater !
Pour tous ceux souhaitant candidater, une seule solution, il faut oser ! Pour Guillaume, « il ne faut pas avoir peur d’envoyer sa candidature. Même si vous n’y connaissez pas grand-chose en cyclisme, vous pouvez candidater. Si vous êtes motivé, vous avez toutes vos chances. » Pour Sacha, la clé pour participer à la Caravane, c’est la sociabilité. « Soyez ouvert aux autres, pendant trois semaines vous allez vivre 24h/24 avec des personnes que vous ne connaissez pas. Soyez aussi courageux et débrouillard car vous êtes loin de chez vous et vous ne dormez pas beaucoup. » Vous souhaitez vivre la prochaine édition de l’un des plus grands évènements sportifs et vous réunissez toutes ces qualités ? Alors n’hésitez pas à vous rapprocher des agences de recrutement, les candidatures ouvrent en février.
Etudiants sur le Tour de France : vivre l’aventure de l’intérieur
Être pris sur la Caravane de la plus prestigieuse des courses cyclistes, c’est aussi vivre la course de l’intérieur et, surtout, voir ce que les spectateurs ne peuvent pas voir, comme le confirme Sacha. « En tant que caravanier nous ne voyons que très peu les cyclistes, au maximum deux à trois fois sur l’ensemble de la course, quand il y a des arrivées au sommet et que nous sommes bloqués le temps que la course se termine. De plus nous ne logeons pas dans les mêmes hôtels. Mais voir l’organisation de l’intérieur et toute la logistique autour, c’est quelque chose de très impressionnant. » Avec 21 étapes en 23 jours et une traversée de la France d’Ouest en Est, le parcours 2023 s’annonce d’ailleurs intense. Un rythme qui ne fait pas peur aux deux étudiants, d’autant qu’ils pourront compter sur le soutien des autres caravaniers – une famille au sein du Tour – comme le confirme Guillaume. « Nous vivons pendant un mois ensemble, nous sommes donc très proches. A la fin de chaque étape nous passons des moments tous ensemble pour nous raconter notre journée ou notre expérience, cela participe à la cohésion globale. » Et Sacha d’aller plus loin : « un jour nous faisons l’apéro au sommet d’une montage et le lendemain au bord de la mer, seul le Tour de France peut nous offrir ces moments de joie et de partage. C’est aussi l’occasion de découvrir du pays, des paysages magnifiques et de rencontrer de nouvelles personnes tous les jours. »
Un grand pouvoir implique de grande responsabilité
Bien que ce job étudiant pas comme les autres paraisse idyllique, il ne faut pas oublier que celui-ci implique de grandes responsabilités, comme le rappelle l’étudiant savoyard. « Les enjeux sont assez forts puisque nous représentons une marque. Il faut donc être très professionnel et vigilant. Nous roulons pendant 7h avec des millions de personnes sur le bord des routes cherchant à obtenir des goodies, l’accident peut vite arriver. » Du côté de Sacha, c’est à la fatigue qu’il faut être attentif. « Pendant le Tour, nous ne dormons pas beaucoup, il faut donc être très vigilant. Il faut faire attention au public, aux caravaniers et à la sécurité, il y a énormément de monde sur le bord des routes. Ma plus grande peur est de percuter quelqu’un. » Vigilance et concentrations sont donc leur slogan pendant les trois semaines de course. Quand il leur est demandé si une lassitude peut apparaitre à force de rouler à vitesse réduite sur de longues distances, les deux jeunes hommes sont unanimes : « la Caravane est quelque chose qui vit, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer car ils se passe toujours quelque chose. »
Le Tour de France c’est aussi des anecdotes
Au fil des éditions du Tour, des kilomètres parcourus et des rencontres au bord des routes, les deux étudiants ont recueillis de très nombreuses anecdotes et faits marquants. Pour Guillaume, c’est le virage des Hollandais qui l’a particulièrement marqué. « Dans la montée de l’Alpe d’Huez, il y a un virage célèbre où tous les Hollandais se regroupent. C’est une marée humaine très impressionnante où il faut adapter sa conduite. Les gens s’écartent au dernier moment et touchent quasiment le véhicule. C’est très particulier, mais inoubliable. » Pour Sacha, c’est une anecdote de son premier Tour de France qui lui revient en mémoire. « Avant chaque étape nous posions des bâches très tôt le matin à des endroits précis. Cela nécessitait d’utiliser des perceuses et de faire du bruit. Un matin vers 4h, nous avons dû mettre une banderole juste à côté d’une caravane d’un supporter belge, forcément nous l’avons réveillé. Plutôt que d’être en colère, il nous a offert le café et le petit-déjeuner, une rencontre que seul le Tour peut offrir. ».
La Caravane du Tour de France, de la fatigue mais surtout des belles rencontres
Si les cyclistes sont fatigués et ont besoin de repos à la fin de la course, c’est aussi le cas des caravaniers. Les deux étudiants sont formels : la Grande Boucle, c’est épuisant. « Nous sommes très fatigués à la fin du Tour. La concentration, les kilomètres parcourus, les longues journées et le rythme de course font que nous sommes épuisés. Nous sommes concentrés pendant toute la durée de la mission, la fatigue intervient à la fin, une fois que nous pouvons décompresser et que toute la pression retombe. » Néanmoins, il faut rester aux aguets jusqu’à la fin de la course puisqu’une dernière expérience les attend : la parade sur les Champs-Elysées. « C’est grandiose, la cerise sur le gâteau ! Après 3 000 kilomètres, parcourir cette avenue privatisée pour l’occasion, c’est indescriptible, ça donne la chair de poule » confirme Sacha. Une belle fin pour les caravaniers qui, au-delà de ce job d’été, retiendront surtout les rencontres. « Les rencontres sur le Tour sont incroyables et même si nous partons ensuite dans des directions différentes nous restons toujours en contact. Je parle toujours à des caravaniers de mon premier Tour et ce sont aujourd’hui devenus des amis » confirme l’étudiant lillois. Pour Guillaume, même si la fin du Tour est une période compliquée, il se projette très rapidement. « La nostalgie arrive vite à la fin du Tour. Les deux semaines suivant la fin de la course sont assez compliquées à vivre et nous avons qu’une seule envie, refaire le Tour l’année prochaine ! » Une volonté partagée par tous les caravaniers qui ont vécu ce job d’été pas comme les autres.
Une série Netflix pour vivre l’intérieur du Tour
Au Cœur du peloton, voici la nouvelle série Netflix autour du Tour de France. Lors de l’édition 2022, les producteurs de la plateforme ont suivi pendant trois semaines les équipes pour vivre cette aventure de l’intérieur. Entre courage, abnégation et abandon, la série retrace avec émotion les petites et les grandes histoires du Tour 2022.