La commission des affaires économiques de l’ONU (UNECE), a annoncé le 23 mars la révision de la Convention de Vienne. Le texte qui fixe les grands principes de la circulation routière mondiale depuis 1968 a été amendé afin de légaliser les systèmes d’aide à la conduite, étape fondamentale avant l’arrivée de la voiture autonome. Annoncée pour les prochaines années, cette voiture qui se conduit toute seule va profondément bouleverser notre conception de l’automobile et rendre floue la notion de conducteur. La machine est depuis longtemps en marche et déjà l’automatisation de certains véhicules commercialisés comme la Tesla Model S ont de quoi donner des sueurs froides à leur conducteur. Cette automatisation se faisant par étape mais à un rythme de plus en plus accéléré l’Europe se devait de réagir pour refléter la réalité du terrain. Précisons quand même que le texte n’autorise que les systèmes d’aide à la conduite sous le contrôle permanent du conducteur qui doit pouvoir reprendre le contrôle du véhicule à tout instant. La voiture totalement autonome n’est donc pas encore autorisée… Sur le chemin de la voiture autonome, la voiture connectée, en interaction totale avec son environnement, est en mesure de communiquer son état et sa perception de l’environnement à l’infrastructure ainsi qu’aux véhicules qui l’entourent. Ce partage de données permet de rapidement propager l’information de dangers et de prendre des décisions utilisant des informations qu’on ne perçoit pas directement avec ses sens ou avec des capteurs. Cette fonctionnalité décuplera les possibilités des voitures autonomes en leur fournissant des capacités de perception de leur environnement inégalées. Cette ouverture du véhicule aux communications avec le monde extérieur pose évidemment d’importantes questions de sécurité d’autant plus critiques que le véhicule est autonome.
Vers de nouveaux services
Une maintenance devenue prédictive : avec une myriade de capteurs épaulés par une intelligence embarquée toujours plus poussée et une connectivité garantissant un échange permanent entre le véhicule et le constructeur, le véhicule pourra anticiper ses propres défaillances. Des modèles ainsi que des informations statistiques permettront de déceler les prémisses d’une panne en analysant les données des capteurs à la recherche de signatures caractéristiques.
L’assurance s’adapte aussi : à terme la voiture 100 % autonome permettra une baisse du nombre d’accident avec à la clé une réduction des primes d’assurance. D’ici là les automobilistes pourront patienter en souscrivant aux nouvelles formules d’assurances utilisant la connectivité des véhicules pour dresser un profil personnalisé de chaque conducteur afin de calculer son exposition au risque et ainsi lui proposer une prime personnalisée potentiellement plus avantageuse.
Des services personnalisés : habitacle sera le nouvel espace à conquérir par les annonceurs qui pourront avec le véhicule connecté, développer des services géolocalisés adaptés aux habitudes et préférences des passagers. En retour les usagers ayant accepté de recevoir ce genre d’annonces ciblées pourront trouver là des sources de financement de leur véhicules.
De la mobilité à la proximité
La disparition de la notion de conducteur remettra au centre la fonction première de l’automobile, à savoir le besoin de mobilité des individus. L’intérêt d’en posséder une devenant moins pertinent, particulièrement pour les personnes habitant en ville, la voiture autonome et connectée sera aussi une voiture partagée qui offrira des services de location courte durée (car as a service). Les flottes de véhicules- robots seraient en mesure de se substituer aux déplacements faits en voiture personnelle, en taxi et même en transports en commun. La mobilité aura toujours un coût, tenter de le réduire est une voie, chercher à réduire le besoin de mobilité en favorisant la proximité en est une autre.
Par François Saidi,
Responsable de la Majeure Systèmes Embarqués ECE Paris – Ecole d’ingénieurs
saidi@ece.fr