Quand les dirigeants adoptent la « poulpe attitude »

Spécial Président(e)s

 

Qui a trois coeurs et neuf « cerveaux » ? Le poulpe bien sûr. Un animal surdoué qui présente des capacités exceptionnelles à résoudre des problèmes complexes. Il a été démontré que notre poulpe fonctionnait principalement en mode intuitif. Quel rapport avec les grand patrons me direz-vous ? C’est Christophe Haag, d’EMLYON Business School qui a fait ce parallèle humoristique, mais néanmoins sérieux. Mariant études comportementales et derniers travaux des neurosciences, il s’est présenté chez 9 dirigeants et leur a demandé de lui confier comment ils ont pris les bonnes décisions en faisant confiance à leur intuition.

 

Que nous apprend la poulpe attitude sur la manière de décider des dirigeants ?
Je souhaitais mettre en avant leur aptitude à décrypter les informations essentielles et à les analyser dans un brouillard dense d’informations multiples. Ils présentent en effet une belle capacité à mettre rapidement en parallèle des situations similaires ou analogues qu’ils ont déjà vécues pour prendre une décision rapidement.

 

Quels beaux « coups » intuitifs vous ont confié ces 9 dirigeants ?
Thierry Boiron m’a confié qu’il avait décidé de l’implantation de ses laboratoires en Russie suite à sa rencontre avec une personne qu’il a nommé à la tête du pays. Depuis, cette branche est l’une des plus productives. L’intuition fonctionne comme une peau de tambour, tannée par les expériences de vie.Pierre Kosciusko-Morizet a décidé de changer de vie et de lancer son entreprise sur une intuition, un souvenir de famille. Son grand-père lui avait dit qu’il fallait s’extraire des situations dans lesquelles on n’était pas totalement satisfait pour vivre autre chose. Tristan Farabet m’a confié qu’il recrutait pour Coca Cola, par intuition. Il crée des ruptures dans l’entretien pour tester l’intuition de son interlocuteur, ses réactions. Philippe Houzé, a décidé sur une intuition, un souvenir de la biscuiterie familiale de lancer le bio chez Monop Gourmet.

 

Neuf grand chefs d'entreprises ont confié leurs plus grands « coups » intuitifs à Christophe Haag, ou comment ils ont adopté la « Poulpe attitude », utilisant leur intuition pour prendre les bonnes décisions.
Neuf grand chefs d'entreprises ont confié leurs plus grands « coups » intuitifs à Christophe Haag, ou comment ils ont adopté la « Poulpe attitude », utilisant leur intuition pour prendre les bonnes décisions.

Vous avez classé les décisions à l’intuition en 3 familles
Dans la famille Blond de Gad Elmaleh, l’intuition se fonde sur des situations familières. Le dirigeant se fonde dans ce cas sur son expertise. Il réplique des comportements gagnants. Bertrand Collomb (Lafarge) et Tristan Farabet m’ont confié faire appel à leur expérience pour décider. Dans la famille Adams, confronté à une situation nouvelle, le dirigeant cherche dans sa mémoire un souvenir personnel présentant des caractéristiques communes, qui in fine l’inviterait à répliquer un comportement dans la sphère professionnelle. C’est le cas des exemples cités par P. Kosciusko-Morizet et P. Houzé. Dans la famille Simpsons, la situation est totalement inédite. Dans une vision darwinienne, Simpsons suit une émotion pure, constate que cela fonctionne sur le tas. Un dirigeant ne nait pas Blond, Adams ou Simpsons, il fait appel à différents types d’intuition selon les situations.

 

Comment proposez-vous de développer sa compétence intuitive comme les dirigeants ?
Cela passe principalement par le lâcher prise. Laisser parler son intuition se fait sans analyse, en s’écoutant soi-même. Ces dirigeants sont capables d’intuiter rapidement, sans se laisser embrouiller par des messages extérieurs ou être tétanisés par la tension ou l’enjeu. Prendre de mauvaises décisions leur permet aussi d’alimenter leur base de données de comportements à ne pas répliquer. La confiance en soi, en ses émotions est la seconde clé. A force de voir que les décisions sont les bonnes, le dirigeant peut user plus vite de ces mécanismes. Les neurosciences nous montrent d’ailleurs que les décisionnaires sont entrainés : c’est ce qu’on appelle la plasticité du cerveau humain, de nouveaux circuits neuronaux se créent dans le cerveau. L’intuition se développe en étant curieux, en prenant des risques, en vivant des expériences. C’est justement cette capacité à identifier l’information pertinente d’un coup d’oeil et donc se fonder une première impression pour synthétiser son environnement, qui est la qualité première des dirigeants.

 

ADF


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www.christophe-haag.com