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Les « qualités personnelles » des étudiants ? 3 niveaux d’action pour l’enseignement supérieur

En 2016, LinkedIn publiait une étude montrant que la personnalité compte plus que les stages, aux yeux des employeurs. Ces résultats se sont ajoutés à la masse croissante des articles et enquêtes publiés sur le même thème : celui de l’importance des qualités personnelles des candidats, en complément de leurs connaissances académiques et compétences techniques. Par Laure Bertrand, Enseignant-chercheur, Directrice des Soft Skills et Services Pédagogiques Transversaux au Pôle Léonard de Vinci.

 

Le constat est donc désormais ultra connu.

Il suppose, de la part des établissements d’enseignement supérieur, une réponse à trois niveaux complémentaires, à actionner en parallèle.

Tout d’abord, et c’est le premier niveau, les écoles multiplient les occasions permettant aux étudiants de développer leurs qualités personnelles. Ces occasions peuvent être directement centrées sur cet objectif, comme les formations Soft Skills, ou plus indirectement, comme l’engagement associatif, le travail en équipe, les stages, les expériences à l’international, etc.

Ce premier niveau d’action est le socle de base.

Néanmoins, ces occasions ne suffiront pas, si les étudiants ne sont pas capables d’en retirer la substantifique moelle, en les traduisant par une meilleure connaissance d’eux-mêmes.

Il nous faut donc permettre aux étudiants d’identifier clairement leurs propres qualités personnelles, qu’elles relèvent de traits de personnalité et/ou de compétences personnelles acquises pendant la formation.

C’est le deuxième niveau de réponse.

Cette aide à la découverte de ses qualités prend par exemple, dans nos établissements, la forme des tests, formations, ateliers ou entretiens individuels qui sont menés en préparation des étudiants à la recherche d’Emploi. Comprendre ses qualités, pour mieux cerner les contextes professionnels adaptés, dans une démarche d’élaboration de son projet professionnel. Puis « prouver » ces qualités en les illustrant concrètement, pour pouvoir les valoriser de façon argumentée auprès des cibles visées, en recherche de stage et de premier emploi.

Si ce deuxième niveau de réponse est absolument nécessaire et utile, il ne suffit pas toujours à favoriser une réelle prise de conscience. Les étudiants n’ont pas tous la même maturité sur ces questions d’orientation, ni la même appétence pour se connaître eux-mêmes. De tels dispositifs d’accompagnement peuvent être alors perçus, par certains, comme existant en parallèle du cursus principal, donc moins « stratégiques ».

Le troisième niveau d’action possible, pour les établissements, consiste alors à intégrer cette réflexion sur soi au cœur même des enseignements « cœur de métier », chaque fois que c’est possible.

 

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Un module de formation scientifique peut être l’occasion pour un étudiant de s’interroger sur son mode d’apprentissage privilégié et sur sa façon de raisonner.

Une soutenance, quel qu’en soit le sujet, met en évidence son style de structuration des idées, ses talents de communication orale et sa capacité à partager son enthousiasme.

Tout travail d’équipe questionne sur ses qualités relationnelles, son assertivité, son leadership, ses capacités collaboratives.

La rédaction d’un mémoire fait appel, entre autres, à la curiosité intellectuelle, à la capacité à apprendre, à la persévérance.

La conduite d’un projet permet de tester son organisation du travail, ses capacités d’arbitrage, sa créativité, sa réactivité.

De nombreux autres exemples peuvent être ainsi proposés.

 

Cela suppose donc :

  • en amont d’un module de formation, de se questionner sur les « qualités personnelles » possiblement mises en œuvre et/ou développées dans ce module
  • pendant la formation, ou en aval, de proposer aux étudiants un véritable travail d’analyse ex-post sur eux-mêmes : qu’est-ce que j’ai appris sur moi pendant ce module ? Une telle réflexion peut s’apparenter, de près ou de loin, au « post-mortem » des développeurs et chefs de projet Web, ou encore à la « relecture » des jésuites.

Le questionnement sur les qualités personnelles apparaît ainsi, aux yeux des étudiants, totalement intégré au fur et à mesure des enseignements. Et il sera pratiqué à nouveau dans les ateliers de connaissance de soi et orientation, pour en favoriser l’ancrage.

 

Une telle démarche systémique peut favoriser le décloisonnement interdisciplinaire dans nos établissements. Mais surtout, elle peut habituer les étudiants à pratiquer au quotidien une réflexion sur soi, en utilisant toutes les occasions d’apprendre et de progresser : les expériences vécues pendant la formation, les formations Soft Skills, les ateliers d’orientation et les enseignements « cœur de métier ». Et cette capacité à la remise en cause, cette réflexivité, représentent des qualités personnelles précieuses, pour leur vie personnelle et leur future vie professionnelle, que nous nous attachons particulièrement à développer dans nos 3 écoles – l’EMLV (Ecole de Management Léonard de Vinci), l’ESILV (Ecole Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci) et l’IIM (Institut de l’Internet et du Multimédia).

 

Cet article est issu de mon expérience en accompagnement des étudiants, menée dans des contextes variés (école de management et école d’ingénieurs, contact direct étudiants et animation d’équipes vacataires, Direction des Relations Entreprises et Direction de département pédagogique).

Les soft skills : moteur de la réussite sociale et professionnelle