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Les formations : Les doubles diplômes de Sciences Po (1/2)

Les formations : Les doubles diplômes de Sciences Po.

 

La SCUBE : quand les sciences dures s’allient aux sciences sociales

« Choisir la SCUBE, c’est choisir de ne pas choisir » : cette phrase passe-partout utilisée par tous les candidats à leur oral d’entrée décrit à la perfection cette formation. Un double cursus enrichissant tant intellectuellement qu’humainement qui allie l’étude des Sciences dures à l’Université Pierre et Marie Curie et l’étude des Sciences Sociales à Sciences po Paris. Un acronyme accrocheur et élaboré qui trouve sa source dans la présence des trois « s » de Sciences & Sciences Sociales, trois « s » mis au cube qui donnent SCUBE.
Une formation qui reste néanmoins peu connue par les personnes extérieures à Sciences Po (et par les sciences pistes eux-mêmes d’ailleurs…) étant donné que la plupart des étudiants pensent que notre présence dans les lieux se cantonne essentiellement à l’exploration des rayons de la bibliothèque. Pourtant ce double cursus abrite des profils passionnants et tout aussi variés les uns des autres : du féru d’informatique au défenseur invétéré de l’environnement, de la présidente de Scoubidoo au fondateur de Stagiaires sans frontières, du champion d’athlétisme aux militants de l’UNEF… La réussite de cette double licence permet tout d’abord l’acquisition du bachelor de Sciences Po et d’une licence de l’UPMC dans la mention choisie par l’étudiant (Mathématiques, Informatique, Biologie, Chimie ou Physique) mais est également un passeport reconnu pour l’entrée dans des masters très sélectifs. La charge de travail et la variété de l’enseignement forment des étudiants rigoureux, courageux, énergiques et passionnés par le monde qui les entoure. Les trois années passées au sein de la SCUBE façonnent une promotion soudée, une communauté dont les membres ont traversé ensemble les mêmes périls et les mêmes joies, les mêmes nuits de travail acharné et les mêmes voyages de promo déchaînés. Après deux ans passés au côté de mes camarades j’ai le sentiment d’appartenir à cette grande famille et je serai fière plus tard de dire que ‘j’ai fait la SCUBE’.

Par Iris Maréchal, étudiante en 2è année en SCUBE

Sciences Po – UCL : un double diplôme à l’anglaise

Le double diplôme entre Sciences Po et University College London propose aux étudiants une formation de 4 ans, deux ans sur un des campus de Sciences Po, et deux ans ensuite à UCL, Londres. Pendant les deux premières années les étudiants suivent le programme général, et dans leur troisième année à UCL ils choisissent un ‘major’ (entre les sciences sociales) dans lequel ils spécialisent. Nous avons interrogés trois étudiants, Ismael, en deuxième année (à Sciences Po), Lucie et Florent, tous les deux en troisième année (à UCL) qui ont choisi des spécialisations respectivement de droit et de philosophie.

 

Décris le double diplôme en une phrase :

Ismael : Ce qui se fait de mieux aujourd’hui en Europe en terme de formation en sciences sociales.
Lucie : La possibilité de recevoir un enseignement de qualité dans deux systèmes totalement différents, tout en se spécialisant progressivement dans un domaine qui vous plaît.

Quelle est la procédure d’admission ?

Ismael : La procédure d’admission se déroule via UCAS exclusivement (l’équivalent anglais de l’APB), elle est indépendante de la procédure Sciences Po. L’étudiant doit postuler via UCAS, mais aussi Sciences Po vous demandera de fournir une lettre de motivation supplémentaire en plus de celle de UCAS. Lorsque l’étudiant est déclaré admissible, il doit aller à Londres suivre un assessment day, qui se déroule en deux parties: un examen écrit, le TSA (Thinking Skills Assessment) et l’oral classique de Sciences Po. Il est aussi nécessaire de posséder un examen type IELTS ou TOEFL avec un bon niveau avant de postuler. L’admission au double diplôme est également conditionnée par l’obtention d’une certaine note au baccalauréat.

 

Pourquoi voulais-tu faire ce diplôme, plutôt que de poursuivre le parcours normal ?

Ismael : J’ai toujours hésité entre étudier en France ou en Angleterre et ce cursus représente le compromis parfait.
Lucie : J’étais très attiré par l’idée d’étudier en Angleterre, et éventuellement d’y continuer mon parcours – obtenir deux diplômes me paraissait être une bonne façon de me garder des portes ouvertes.
Florent : Je cherchais à acquérir des bases solides en sciences humaines avant de pouvoir me spécialiser dans l’une d’entre elles.
Qui fait partie de votre promotion ? Vous êtes nombreux ? Vous venez d’où ?
Ismael : Nous sommes un peu plus d’une quinzaine et venons de partout : France, Maroc, Espagne, Angleterre, Roumanie, Italie, Liban… C’est un double diplôme très cosmopolite !
Lucie : Dans la promotion 2018, on est une vingtaine. La promo est également très diverse, avec des étudiants qui viennent de France, d’Allemagne, d’Autriche, de Roumanie…

 

Quels sont les avantages de ce diplôme par rapport au mono-cursus ?

Ismael : De façon très pragmatique, avoir un bachelor anglo-saxon offre davantage d’ouverture pour poursuivre nos études dans ces pays. Aussi, vivre 2 ans en Angleterre en suivant un véritable cursus donne une véritable plus-value par rapport à des étudiants en échange qui n’y passent qu’un an, notamment au niveau de la langue et de l’adaptabilité.
Lucie : Le fait de passer deux ans à l’étranger est en effet un vrai avantage pour moi. Cela laisse plus de temps pour s’habituer au pays, faire des stages ou travailler.

 

Est-ce qu’il y a des inconvénients ?

Ismael : On regrette parfois de ne pas avoir la liberté de choisir notre 3A, mais c’est un choix !
Une fois à UCL, qu’est-ce que tu as trouvé de différent de tes attentes ?
Lucie : Le système anglo-saxon est vraiment différent de ce que j’ai pu connaître à Sciences Po. Le rapport avec les professeurs est également assez différent. UCL est aussi une très grande université qui regroupe des étudiants des quatre coins du monde en sciences dures, en humanités, en architecture etc… c’est donc un environnement très divers et cosmopolite.
Florent : Je ne m’attendais pas à si peu d’heures par semaine à UCL, bien que ce soit vite compensé par la quantité de lectures et de travail personnel à fournir en dehors des cours. La méthode d’enseignement est différente et demande un temps d’adaptation mais bénéficier des deux est forcément enrichissant.

Par Lara Shiffrin-Sands, étudiante en SPUCL en 2è année

Quand la Sorbonne croise Sciences Po

Sciences Po se vante souvent des nombreux partenariats qu’il a su nouer avec l’étranger, impliquant un réseau de plus de 400 universités dans le monde entier. Cependant, on oublie souvent que l’Institut d’Etudes Politiques de Paris entretient des relations étroites avec une institution tout aussi historique : La Sorbonne. En effet, Sciences Po propose aux étudiants du Collège universitaire un double-cursus en Philosophie, en Histoire ou encore en Lettres avec Paris IV. Attirant de plus en plus de « wannabe sciencespistes », ce double-diplôme, allant au-delà de la juxtaposition de deux formations, permet de faire des échos, des croisements de façon à dépasser les frontières disciplinaires.

Entretien avec Marine Lerouge, étudiante en 2è année dans le cadre du bicursus Sciences Po – Philosophie, Paris IV

Qu’est-ce qui vous a interpellée dans ce double diplôme ?

C’est un double-diplôme qui permet de « creuser » un centre d’intérêt sans pour autant me spécialiser : c’est pour moi son atout majeur. D’emblée, j’ai été étonnée par les différences de ces deux institutions. A la Sorbonne tout est plus atomisé, l’associatif y est moins présent, mais les élèves ne semblent pour autant être perdus et livrés à eux même. Cela m’a permis de relativiser les clichés sur la fac. Au niveau de l’enseignement, les choses démarrent plus lentement, mais l’étudiant est plus autonomisé et le niveau d’exigence augmente assez significativement en deuxième année. Aussi, les thèmes abordés étant souvent moins larges qu’à Sciences Po, cela nous donne l’opportunité d’étudier des auteurs de manière plus approfondie. Cependant, il y a beaucoup moins d’interaction entre les professeurs et les étudiants, c’est ce que j’ai le plus regretté. Jongler entre ces deux environnement m’a permis de développer mes capacités d’adaptation et d’organisation, et surtout de découvrir autre chose que « l’univers Sciences Po », certes très stimulant intellectuellement, mais assez fermé.

 

En quoi la philosophie trouve-t-elle des échos dans la science politique, et inversement ?

Elles adoptent toutes deux une démarche compréhensive des phénomènes sociaux et plus généralement du réel, mais d’une manière différente ce qui les rend complémentaires. Pour résumer assez simplement, je dirais que la philosophie possède un aspect plus normatif, elle s’interroge sur la question du « meilleur gouvernement », qui est corrélée à une certaine conception de l’Homme et du social. Les théories ne sont ainsi jamais neutres et correspondent souvent à des partis pris anthropologiques. Je pense qu’on a toujours besoin de s’interroger sur l’Homme. La science politique quant à elle, est plus en prise avec le réel. Pour moi, la chose politique ne doit pas seulement être pensée par un homme juché sur sa tour d’ivoire mais doit faire l’objet d’une analyse plus scientifique, « de terrain », en découle un enseignement plus pratique et peut être plus neutre car plus factuel. Enfin, les concepts comme démocratie, liberté ou légitimité semblent assez intangibles et polymorphes, et n’ont de sens que dans la mesure où ils se manifestent concrètement. Tenter de les appréhender au mieux implique donc de s’intéresser à la manière dont ils apparaissent, s’emploient, mutent, par exemple par l’élaboration d’enquêtes, de mesures, en plus d’un travail plus théorique qui s’en trouve d’ailleurs complété. De manière plus générale, la philosophie permet d’interroger des concepts qui font tellement partie de notre quotidien que nous les considérons souvent comme des évidences. C’est cette démarche un peu « déconstructiviste » que j’affectionne et qui fait de la philosophie une alliée des sciences sociales.

 

Qu’avez vous à dire à ceux qui seraient attirés par le bicu ?

De se poser la question au préalable de ce que la philosophie/l’histoire/la littérature peut leur apporter. Pour vraiment apprécier ce bicu, il faut l’avoir choisi, et pas seulement car ça peut faire bien sur un CV. Il faut être conscient que la charge de travail est plus importante, mais tout à fait surmontable. Elle n’empêche aucunement d’avoir une « vie à coté », de s’engager dans une asso ou autre. Il faut cependant être conscient des petits désavantages du bicu. Il faut accepter le fait qu’on n’a pas forcément le temps d’approfondir tous les thèmes comme on le voudrait, tant à Sciences Po qu’à la Sorbonne, ce qui peut être assez frustrant. Ce sentiment se retrouve quant à l’offre de cours, qui est moindre que pour les mono-cursus. C’est assez gênant pour les électifs, mais au final je suis très contente de mon choix et je trouve que ces petits inconvénients sont très largement contrebalancés par « l’esprit SPIV ». Je pourrai le résumer en quelques mots : de la solidarité, de la bienveillance, de nombreux évènements organisés grâce à un bureau très dynamique, et une bonne ambiance.

 

Propos recueilli par Maèli Piederrière, 2è année en SPIV philosophie

Pour lire la suite :

Les formations : les doubles diplômes de Sciences Po (2/2)

 

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