On pourrait les appeler les « born to be web », les digital natives maîtrisent et vivent les outils informatiques comme personne jusqu’ici : ils sont à la fois agiles, matures et débrouillards. Débarquant petit à petit dans le monde de l’enseignement supérieur, ils réclament de nouveaux modes d’apprentissage, plus connectés, plus interactifs… A l’EDHEC, on prend en compte ces nouveaux profils pour leur procurer une expérience éducative adaptée. Décryptage !
Mais qui sont les digital natives ?
« Nés en 1995, c’est la génération Z et ils entrent tout juste en prépa. Leur taux de pénétration des outils informatiques est quasiment de 100 %. Ce qui m’impressionne chez eux, c’est qu’ils sont très autonomes dans leur manière d’apprendre » souligne Manuelle Malot, Directeur Carrières & Prospectives à l’EDHEC Business School. Autonomes ? Evidemment ! Grâce aux Smartphones et tablettes, ils accèdent à l’information qu’ils veulent, quand ils veulent et au moment où ils le veulent… En situation de cours, les digital natives risquent donc d’avoir des difficultés à accepter le rythme d’apprentissage imposé par le professeur. « Inconsciemment, ils ont le désir de transformer l’enseignant en application ! De cette manière, ils pourraient décider des moments où ils besoin d’une réponse, d’une explication ou d’un débat. Leur logique est l’agilité. On remarque bien qu’en cours ils prennent généralement peu de notes, juste le nécessaire. La raison est simple : ils savent que plus tard ils pourront aller chercher l’information. »
Proposer une autre expérience
Avec les digital natives, on assiste à une inversion de la logique apprentissage / éducation. « Avant, un professeur diffusait un savoir dans une salle de cours et, en dehors de ce temps, l’étudiant réalisait des exercices pour assimiler ce savoir. Aujourd’hui, les outils dématérialisent les lieux de l’enseignement tandis que les lieux d’apprentissage deviennent la salle de cours. » Conséquence : l’enseignant doit évoluer et se débarrasser de sa posture de « détenteur du savoir » pour se muer en une personne qui inspire et développe l’esprit critique. Par ailleurs, plusieurs études montrent que l’attention des étudiants dure en moyenne 18 minutes. Le professeur doit modifier ses façons de construire les cours pour prendre en compte ces éléments et ainsi délivrer des informations en des temps plus raccourcis.
Avec quels outils ?
Depuis plusieurs années, l’EDHEC imagine les modes d’apprentissage de demain, et tout particulièrement ceux susceptibles d’être adoptés par les digital natives. Début 2014, les cours de stratégie en retail management ont fait l’objet d’un montage vidéo de courte durée (4 minutes) comportant les moments les plus importants et les messages clés. « L’année prochaine, les futurs étudiants de cette filière vont pouvoir consulter la vidéo, ce qui leur donnera des connaissances de qualité pour interagir au plus tôt avec l’enseignant. » Dans le monde de l’enseignement, on parle de plus en plus des Moocs. Symbole d’un savoir universel et gratuit, le Mooc présente cependant l’inconvénient d’être peu attractif dans la forme, ce qui décourage de nombreux étudiants. De fait, l’EDHEC préfère les Spoc, petits cours en ligne privés. « Nous investissons des ressources financières et pédagogiques pour rendre ces Spoc vivants et engageants ! En raison du coûxt de ces investissements, nous entendons diffuser ces cours seulement dans le réseau de l’EDHEC. » Autre perspective envisagée par la business school, la gamification de l’enseignement. « Avec les tablettes, on peut apprendre facilement en se mettant au défi. Nous cherchons aujourd’hui à aligner les objectifs pédagogiques sur des jeux capables de procurer un autre rapport au savoir et à son usage. »
Manuelle Malot,
Directeur Carrières & Prospectives à l’EDHEC Business School.