Portrait – Qui est Bruno Bouchard, nouveau président de l’Université Paris Dauphine-PSL ?

L’Université Paris Dauphine-PSL a un nouveau président ! Vice-président du Conseil scientifique depuis 2016, Bruno Bouchard a été élu à la tête de l’Université le 28 novembre dernier, succédant à El Mouhoub Mouhoud. Portrait.

Diplômé du magistère BFA et du DEA MASE de Dauphine-PSL (qu’il a co-dirigé par la suite), enseignant-chercheur, VP du Conseil scientifique : Bruno Bouchard est un pur produit Dauphinois ! Mais si sa carrière est très fortement marquée par cette université, il n’a pas pour autant jamais quitté le nid.

Un pur produit Dauphinois

Crédit Henrike Stahl

« J’ai réalisé ma thèse à cheval entre Dauphine et l’ENSAE – école dans laquelle j’ai dirigé un parcours de 3e année – et j’ai aussi exercé comme maitre de conférences au sein d’un des plus grands laboratoires de probabilités à Sorbonne Université (alors UPMC). Mais lorsque j’ai su qu’un poste qui me correspondait était ouvert à Dauphine, j’ai tout de suite eu envie de retrouver mon université. D’abord parce que j’y suis particulièrement attaché et qu’on me proposait de rejoindre un des 30 meilleurs laboratoires de mathématiques appliquées au monde, mais surtout parce que c’est là que j’ai rencontré des gens qui m’ont fait confiance. » Une confiance qu’il a ensuite entretenue et développée aux côtés d’Isabelle Huault, alors présidente de Dauphine, dont il a rejoint l’équipe en tant que VP du Conseil Scientifique. Mais ce background fait-il pour autant de Bruno Bouchard un président différent ? « Comme tous les présidents qui m’ont précédé, je suis résolument engagé pour le collectif et je voue un attachement profond pour Dauphine. Le fait que je sois issu des rangs de l’université engendre peut-être une attente particulière de la part des étudiants et des alumni, qui m’oblige un peu plus que mes prédécesseurs » assure-t-il.

Son leitmotiv ? Faire dialoguer les disciplines

Ayant depuis toujours à cœur d’œuvrer au renforcement du dialogue entre les disciplines, Bruno Bouchard a notamment participé à la structuration de l’IA dans la formation et la recherche et à la structuration des programmes gradués au niveau de Dauphine et de PSL, dont il est un fervent défenseur. « Un grand nombre de projets mis en place à travers PSL n’auraient jamais pu être portés seul par aucun de ses établissements composantes. Je pense notamment à la PR[AI]RIE – Paris School of AI, mais aussi aux PSL Weeks (deux semaines où tous les étudiants de PSL sont mélangés dans des cours assurés par les équipes de nos différentes écoles sur des thématiques transverses), ou aux mineures qui permettent à n’importe quel étudiant de PSL d’obtenir un diplôme de mineure (sur la deeptech, l’action publique etc.) en parallèle de sa formation initiale » détaille Bruno Bouchard. Des succès collectifs auxquels devraient s’ajouter cette année une réflexion autour d’une année de césure réalisée au sein de PSL et la création d’un institut de l’action publique, voué à participer activement au dialogue entre les sciences et la société.

Toujours plus d’excellence ouverte

Outre le dialogue, l’excellence et l’ouverture sont deux notions inscrites tout en haut de la feuille de route de Bruno Bouchard pour son mandat.  « Elles sont ancrées dans l’ADN de Dauphine. Nous voulons en effet corriger les inégalités d’accès à un savoir et à une formation de très grande qualité, comme en atteste certains dispositifs déjà mis en place. Parmi eux, notre programme Egalité des chances – qui fêtera ses 15 ans au printemps 2025 – qui accompagne des lycéens pour améliorer leur niveau et leur permettre d’accéder à Dauphine, ou à d’autres établissements du supérieur d’ailleurs. Nous avons également mis en place des bourses de mobilité afin de projeter nos étudiants issus de milieux modestes sur notre campus de Londres en semestres d’études ou semaines délocalisées. Je n’oublie pas non plus notre politique de droits modulés et notre politique de logement, très visionnaire, mise en œuvre grâce au soutien de la Fondation. » Fort d’un parc d’environ 800 logements – dont 215 acquis via la Fondation Dauphine à Nanterre et 250 dans deux résidences à Saint-Ouen-sur-Seine dont l’une vient d’être achetée par la Fondation Dauphine – l’université permet en effet à près d’un millier de ses étudiants d’accéder à un logement à tarif raisonnable, avec un temps de trajet limité.

Vers Dauphine et au-delà !

Autre marqueur d’ouverture et d’excellence : l’international. Si l’université propose aujourd’hui un millier de places par an en mobilité sortante (soutenue par des collaborations académiques stratégiques sur différentes géographies), Bruno Bouchard souhaite aller plus loin. « Durant mon mandat j’aimerais accueillir plus d’étudiants internationaux sur des parcours en anglais et mélanger des étudiants français et internationaux dès le début de la licence. L’internationalisation at home est un vrai atout pour Dauphine. En plus bien sûr, de tout ce que nous pouvons réaliser à travers nos campus de Tunis et de Londres. » Mais aussi de PSL, « car c’est PSL qui apparait dans les classements internationaux. Et pas aux côtés de n’importe qui : Yale et Princeton sont les deux établissements qui l’entourent dans le dernier classement du QS » ajoute-t-il en souriant.

« Nous ne formons pas des exécutants mais des citoyens éclairés »

Enfin, lorsqu’on demande à Bruno Bouchard ce qui le rendra fier de sa mission à la fin de son mandat, il répond du tac-au-tac. « Ce qui compte, c’est de toujours positionner Dauphine sur une trajectoire de moyen et long terme. Le paysage de l’ESR bouge beaucoup, il a récemment subi de nombreux chocs et va sans aucun doute en recevoir de nouveaux dans les années à venir. Dans ce contexte, notre université doit garder sa vision, rester toujours aussi attractive, internationale, ouverte, n’avoir de cesse de remplir ses missions de service public en matière de formation et de recherche. Ceci est d’autant plus vrai dans le contexte économique et financier des universités aujourd’hui. Nous ne sommes pas là pour former des exécutants mais bien des citoyens éclairés, capables de faire preuve d’esprit critique, de prendre du recul par rapport aux débats de la société. Se désengager du financement des universités publiques est très problématique à cet égard » lance-t-il aux pouvoirs publics. Avant de conclure « et puis une université c’est de l’humain. C’est d’ailleurs là notre seul capital. Les hommes et les femmes qui travaillent à nos côtés doivent pouvoir s’inscrire dans une dynamique collective, être heureux de travailler au service de l’université, pour ses étudiants, pour la recherche, pour la société. Je suis très fier de Dauphine et les rendre fiers de notre université fait partie intégrante de ma mission. »