« Nous revendiquons fortement l’appellation d’université de recherche intensive et nous militons pour obtenir une reconnaissance plus officielle par le ministère de l’Enseignement et de la recherche de cette spécificité. »
Christine Clerici, Présidente de l’université Paris Diderot Paris-VII
Les avancées de la loi Fioraso ont-elles déjà des conséquences sensibles dans l’organisation de l’université que vous dirigez ?
La première conséquence est la mise en place d’un conseil académique (CAC) qui, réunissant les Commissions de la formation et de la recherche, traite de sujets transversaux. La deuxième concerne le rôle affirmé des universités dans la formation tout au long de la vie. Cette nouvelle mission nécessite de réorienter certains de nos enseignements traditionnellement très académiques à destination d’une autre population d’étudiants. Le lien avec le monde socio-économique et les entreprises est essentiel car il participe à l’insertion professionnelle de nos étudiants. Enfin, Paris Diderot souhaite s’inscrire pleinement dans la COMUE Sorbonne Paris Cité et porter avec les 7 autres établissements et les 5 organismes de recherche le projet IDEX des investissements d’avenir qui sera resoumis devant le jury en décembre prochain.
Dans quelle mesure la recherche constitue-t-elle un atout majeur pour l’excellence des formations que vous proposez ?
La recherche se fait essentiellement par financement sur projets, la gestion de ces projets ayant un coût important qui n’est pas couvert par les prélèvements autorisés sur les contrats. Les coûts engendrés par la recherche nécessitent des financements supplémentaires indispensables pour mener à bien nos objectifs dans ce domaine. Avec ses 90 laboratoires, dont 80 % sont en partenariat avec des organismes de recherche comme le CNRS, l’Inserm ou l’INRIA, l’université Paris Diderot cumule les trois recherches disciplinaires que sont les SHS, les sciences dures et la santé. Notre université compte 17 écoles doctorales qui accueillent 2 300 doctorants. Dans le cadre des investissements d’avenir, nous sommes impliqués dans 19 Labex.
Etablissement pluridisciplinaire ouvert à l’international et au monde économique, l’université Paris Diderot représente-t-elle un modèle pour l’insertion de ses diplômés ?
L’université Paris Diderot accentue son ouverture à l’international. Sur 30 000 étudiants, un quart sont internationaux. Ces étudiants s’inscrivent soit dans le cadre des accords de mobilité conclus avec des universités étrangères, soit en candidats libres. Nous développons des relations privilégiées avec la Corée du Sud et avons souhaité nous tourner vers le monde méditerranéen. Demain, nos liens avec les territoires francophones seront encore renforcés par la diffusion des pédagogies innovantes notamment numériques. En termes d’insertion professionnelle, le développement de la formation continue permet de connaître le tissu socio-économique et d’adapter nos formations professionnalisantes au plus près des besoins des entreprises, tout en faisant évoluer notre offre plus académique, assurant ainsi l’insertion de nos étudiants.
Quels sont les axes stratégiques que vous privilégiez pour l’avenir ?
Malgré notre budget restreint, je désire maintenir une recherche de très haut niveau tout en favorisant l’interdisciplinarité qui répond mieux aux enjeux sociétaux de demain. En termes de formation, nous souhaitons que le doctorat soit reconnu comme un diplôme à part entière. Les entreprises commencent à comprendre l’intérêt d’embaucher des docteurs universitaires à l’esprit très ouvert, ce qui constitue l’un des atouts de l’université face aux autres modèles de l’enseignement supérieur plus formatés. Nous nous sommes résolument tournés vers le monde de l’entreprise avec la création d’une vice-présidence des relations avec le monde socio-économique, chargée de développer les relations avec les entreprises à travers la formation continue
et les partenariats R&D.
Patrick Simon