Cécile Dubarry, directrice générale du groupe IMT, revient sur les ambitions de l’institut pour répondre aux besoins croissants de l’industrie française en matière de talents.
L’IMT s’est fixé l’objectif d’augmenter de 20 % le nombre d’ingénieurs formés d’ici 2027. De quelle façon ?
Cet objectif, nécessite des investissements importants et une optimisation des maquettes pédagogiques. Nous avons été accompagnés par l’État avec une augmentation de notre subvention pour charge de service public et de nouveaux postes en 2024. La rentrée a été marquée par une augmentation du nombre d’élèves recrutés, et l’effet de cohorte va conduire à une poursuite de la croissance du nombre d’élèves dans les années à venir. Au-delà de cette croissance, nous développons de nouvelles formations et explorons d’autres leviers de recrutement : recrutement d’étudiants internationaux avec des masters plus lisibles, développement de la formation par alternance où l’Institut Mines-Télécom est déjà leader avec 8% des diplômes d’ingénieurs délivrés à l’issue d’une formation en apprentissage en France, et création de programmes spécifiques. Par exemple, le Cycle Préparatoire et Diplômant en Ingénierie et Santé, une formation post-bac en santé en deux ans lancée par Mines Saint-Etienne à la rentrée 2025, et pour laquelle les autres écoles de IMT se sont engagées à accueillir un certain nombre d’étudiants à l’issue des deux ans. Cette initiative nous permet non seulement d’augmenter nos effectifs mais aussi d’attirer des publics différents et notamment davantage de femmes, la santé étant un domaine qui les intéresse particulièrement.
Quels profils d’ingénieurs l’IMT souhaite-t-il former pour répondre aux besoins de l’industrie française ?
Les entreprises nous demandent davantage de profils féminins et une plus grande diversité. La diversification des profils d’ingénieurs et de managers est un enjeu majeur pour les employeurs mais aussi pour notre société. Nous formons des ingénieurs avec une vision systémique, capables d’appréhender les problématiques techniques mais aussi leurs dimensions sociétales et environnementales. Nous voulons des profils agiles, dotés d’une solide base scientifique généraliste qui leur permettra de s’adapter tout au long de leur carrière, et ouverts sur l’international, particulièrement l’Europe. Quatre thématiques stratégiques signent nos compétences en formation, recherche et innovation : un numérique souverain et sobre (qui conjugue données, IA, cloud et communications), les industries du futur (décarbonées, responsables mais aussi stratégiques avec la défense), l’énergie et l’économie circulaire (avec des compétences en nucléaire et des expertises pluridisciplinaires mêlant SHS et SPI), ainsi que l’ingénierie de la santé et du bien-être (mêlant compétences pointues par exemple en qualité de l’air ou plus intégratives avec le numérique en santé). La part de nos diplômés rejoignant l’industrie est croissante : en 2022, 28 % de nos diplômés rejoignaient l’industrie, contre 36 % en 2024. Cette progression s’explique par nos efforts de communication internes mais aussi par le regain d’intérêt pour la souveraineté industrielle dans le débat public.
L’IMT se distingue par sa proximité avec les entreprises. Comment cette collaboration influence-t-elle les programmes de formation ?
Les entreprises sont présentes dans notre gouvernance et contribuent directement à nos formations. Notre approche pédagogique par compétences met les élèves en situation réelle, avec des scénarios et situations d’apprentissage authentiques fournis par les entreprises. Celles-ci proposent également des problématiques et données pour des hackathons ou des challenges, comme le Green Hack IT réalisé l’an dernier avec Ariane Group. Ces cas concrets répondent aux attentes de nos élèves qui recherchent du sens dans leur formation. Du côté de la recherche, nous avons des chaires d’entreprises, des laboratoires communs et des bourses CIFRE qui permettent aux enseignants-chercheurs d’être au cœur des préoccupations des entreprises et de les intégrer dans leurs enseignements.