Interview Marie-Hélène Barroux Majdi Khoudeir ISAE
crédit ISAE Ensma

Aéronautique et spatial : le Groupe ISAE aux commandes des défis de demain – L’interview de Marie-Hélène Baroux et de Majdi Khoudeir

Face aux défis de décarbonation et de souveraineté dans l’aéronautique et le spatial, le Groupe ISAE adapte ses formations pour préparer la prochaine génération d’ingénieurs. Marie-Hélène Baroux, Présidente du Groupe ISAE et DG de l’ISAE-SUPAERO, et Majdi Khoudeir, vice-président du Groupe ISAE et directeur de l’ISAE-ENSMA, partagent leur vision des enjeux du secteur et les réponses apportées par leurs établissements.

Quelles sont les grandes orientations des secteurs aéronautique et spatial aujourd’hui ?

Interview Marie-Hélène Barroux Majdi Khoudeir ISAE
© Olivier Panier des Touches

M-H.B. Ils font face à des enjeux différents mais complémentaires. L’aéronautique civile est confrontée aux défis de transition et de positionnement dans un monde durable. L’industrie a anticipé cette transformation avec une feuille de route claire publiée par le GIFAS qui s’articule autour de trois leviers : repenser le design des avions pour des flottes plus sobres, améliorer l’efficacité des opérations au sol et en vol, et développer des alternatives aux carburants fossiles. L’aéronautique militaire évolue aussi avec le système de combat aéronautique du futur, qui combine avions de combat nouvelle génération, drones armés de surveillance et missiles.

M.K. Pour le spatial, nous retrouvons les mêmes thématiques de décarbonation et de gestion des débris spatiaux, auxquelles s’ajoutent des aspects de défense et de souveraineté de plus en plus prégnants. En raison du caractère dual (civil et militaire) des technologies, les enjeux auxquels sont confrontés le secteur aéronautique et le secteur spatial convergent donc naturellement.

Comment vos établissements se mobilisent-ils pour répondre à ces enjeux ?

M-H.B. Le Groupe ISAE représente en France le principal vivier d’ingénieurs et cadres de l’aéronautique et du spatial avec plus de 2 000 diplômés chaque année. Nous intégrons la durabilité tant technique que sociétale dans nos formations. Toutes nos écoles sont aujourd’hui lancées dans le processus de labellisation DD&RS. Certaines d’entre-elles sont déjà labellisées ou en passe de l’être. Le message que nous faisons passer à nos étudiants est qu’ils seront aux manettes pour imaginer l’aéronautique et le spatial de demain ce qui constituera sans aucun doute un défi passionnant pour eux  

Interview Marie-Hélène Barroux Majdi Khoudeir ISAE
© Olivier Panier des Touches

M.K. Nos écoles maintiennent pour nos élèves un niveau d’exigence scientifique et technique, tout en intégrant ces nouveaux enjeux dans les formations. Au-delà des fondamentaux, nous développons aussi leur culture entrepreneuriale et internationale et nous les sensibilisons aux questions de souveraineté, de responsabilité et d’éthique surtout dans le contexte du déploiement de l’intelligence artificielle. Notre recherche, qui est également très orientée vers les problématiques d’avenir, profite également à nos enseignements. Je voudrais également préciser que l’un des atouts du Groupe ISAE est la diversité des tutelles ministérielles de ses écoles – armées, transports, enseignement supérieur – ce qui apporte des regards complémentaires intéressants.

D’ailleurs, comment préparez-vous l’avenir du secteur ?

M-H.B. Nous bénéficions d’un fort soutien du GIFAS et entretenons un dialogue étroit avec les industriels présents dans nos instances. Ce lien est primordial pour adapter régulièrement nos formations aux besoins futurs des employeurs de nos diplômés. C’est ainsi que nous avons créé, suite à leur sollicitation, une formation par alternance commune à quatre de nos écoles axée sur le génie industriel. Et ces besoins évoluent sans cesse en lien notamment avec les exigences de durabilité du secteur aérospatial. Biocarburants, hydrogène, nouvelles architectures moteur, nouveaux matériaux, optimisation des trajectoires… La liste est longue.

M.K. Et pour compléter les propos de Marie-Hélène Baroux, j’insisterai sur le fait que nos étudiant et futurs diplômés représentent le cœur de la ressource pour inventer l’aéronautique et le spatial de demain. La mission de nos écoles est de les préparer au mieux tant sur les plans technologiques et scientifiques que sur les plans sociétaux et humains