Spécial président(e)s
Bardé de diplômes universitaires (licence d’histoire, DEA de géographie) diplômé de l’IEP Paris, de l’ENS (Ulm) et de l’ENA (promotion Voltaire), Michel Sapin bénéficie d’un expérience gouvernementale comme ministre délégué auprès du ministre de la Justice (mai 1991 – avril 1992), ministre de l’Économie et des Finances (avril 1992 – mars 1993, et ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’État sous le gouvernement Lionel Jospin. Va-t-il pouvoir inverser la courbe de chômage dans les mois à venir ?
Les chiffres !
Après avoir passé la barre symbolique de 3 millions demandeurs d’emploi au mois d’août avec 1,9 millions de chômeurs de longue durée, sans compter les temps partiels, les CDD et autres contrats précaires qui ne cessent d’augmenter, les mois de septembre et d’octobre ont vu le nombre de chômeurs s’accroître respectivement de 47 000 et 45 500 personnes supplémentaires. Les 15-24 ans sont en première ligne des sans-emploi avec un taux de chômage de 22,7 %. Si nous en sommes au 18e mois consécutif de hausse, celle-ci ne date pas d’aujourd’hui ! Michel Sapin en a conscience « Nous sommes à un niveau extrêmement alarmant, et c’est à ça qu’il faut s’attaquer. » confie-t-il.
Une bombe à retardement ?
Ces chiffres tombent, nets, précis, tranchants comme une lame acérée qui viendrait couper les rêves d’un monde de plein-emploi. Lorsqu’on exerce le pouvoir, les réalités se rappellent durement à vous. Dans ces conditions, le Ministre avait pris les devants en annonçant très en phase avec le pessimisme de mise à Bercy, où l’on n’essaye même plus de minimiser la gravité de la situation, que les chiffres du chômage seraient « mauvais encore plusieurs mois en raison des nombreux plans sociaux en cours ou à venir. » D’ailleurs sur France 3, Michel Sapin a également réaffirmé que « des plans sociaux avaient été retardés en raison de l’élection présidentielle », la hausse brutale du chômage serait donc en partie due aux gouvernements précédents.
Un environnement difficile
La France se trouve, comme l’Europe et le monde, d’ailleurs, dans une période économique très difficile pour des raisons diverses, notamment les délocalisations massives, la concurrence des PED aux bas salaires, aux faibles charges sociales et aux taxations environnementales quasi-inexistantes ; de plus, nos voisins européens étant dans une situation aussi catastrophique que nous, ce n’est pas notre commerce extérieur très déficitaire depuis 5 ans qui relèvera la croissance, ni la réduction des dépenses publiques, la hausses des impôts et des taxes qui, pour permettre de réduire le déficit budgétaire comme il est nécessaire et indispensable de le faire, auront pour effet de détourner l’argent de la consommation. Si le changement tant annoncé se fait attendre, Michel Sapin précise « qu’il ne s’agit pas de changer de président, de Premier ministre pour que les choses s’inversent. » Puis il rajoute, très pédagogue. « Entre le jour où un plan de sauvegarde de l’emploi est annoncé et le jour où les chômeurs sont inscrits à Pôle emploi, il se passe des mois et des mois, c’est quelque chose de très lent avec des effets négatifs à long terme, donc les chiffres du chômage seront encore mauvais pendant plusieurs mois. »
Pas de recette miracle
Le Gouvernement va donc tenter de renouer avec l’emploi et de renverser la tendance pour fin 2013 comme le souhaite le Président François Hollande, qui avait déclaré le 9 septembre que le gouvernement « devait inverser la courbe du chômage d’ici un an ». En l’absence de politique keynésienne efficace faute de moyens, les solutions restent très limitées. Michel Sapin veut y croire. « C’est comme un navire lancé à pleine vitesse : avant que ça ralentisse, il faut que les politiques que nous lançons en ce moment aient porté leurs fruits », a-t-il déclaré sur le plateau d’une matinale de Canal+. Sur France Inter, il a précisé que « En sus des 390 000 emplois financés par le précédent gouvernement pour l’année en cours et des 80 000 emplois aidés que j’avais autorisés juste avant l’été, il va y en avoir 40 000 supplémentaires en cette fin d’année ». Il estime pouvoir créer directement 500 000 emplois sur 5 ans. Avec la nouvelle année qui se profile, souhaitons lui de réussir son pari sur l’avenir.
Patrick Simon