Les fonctions liées au domaine du transport, de la logistique et de la supply chain ont le vent en poupe dans les entreprises depuis quelques années. A l’origine confinées dans un simple rôle de support, elles occupent désormais le devant de la scène et leur valeur ajoutée n’est plus à prouver ! Ces vingt dernières années, elles ont véritablement su s’imposer en apportant des solutions concrètes aux besoins d’optimisation des flux générés par les mouvements de délocalisation. Un virage à 180 degrés qui a nécessairement révolutionné leur fonctionnement et leurs attributions… Un nouveau terrain de jeu galvanisant qui a entraîné dans son sillage la naissance de nombreuses vocations au sein des générations X et Y !
Une (r)évolution remarquable et remarquée…
D’un point de vue organisationnel, travailler chez un transitaire pour faire du transport n’est plus une condition sine qua none. Toutes les grandes entreprises disposent à l’heure actuelle d’une fonction supply chain transversale, offrant à la fois autonomie et responsabilités aux managers… deux dimensions particulièrement appréciées par les jeunes diplômés.
Ensuite, la nécessité de réduire l’emprunte carbone conduit au développement du report modal et ouvre ainsi de nouveaux marchés et métiers : les opérateurs ferroviaires de proximité voulus par le gouvernement pour accélérer le passage au fret ferroviaire en sont un exemple. Plus encore, l’évolution notamment de la logistique urbaine sous des contraintes de développement durable, fait la part belle aux innovations en matière de véhicules propres, de co-développement, de circuits courts ou encore de mutualisation. Colis Zen, Autolib, Coursier.fr et Kiala ne sont que les plus connus des exemples d’évolution récente du secteur qui attirent des diplômés impliqués dans ces combats.
La génération de digital-natifs qui entre sur le marché se nourrit également des besoins en développement technologique du secteur avec la traçabilité, les bourses de fret en ligne, les guichets uniques et plus simplement dans le quotidien de l’exploitation avec la création d’applications pour résoudre des problèmes de terrain. Cette capacité technologique si elle vient en support de la compétence métier est très recherchée par les leaders d’un secteur en pleine mutation informationnelle. Enfin, qui est plus international qu’un supply chain manager aujourd’hui ? La logistique c’est le voyage ; c’est l’assurance de travailler avec des partenaires étrangers, de parler plusieurs langues, de voir du pays en s’engageant pour son entreprise. Le secteur des passagers est d’ailleurs souvent absent des formations alors qu’il est pourvoyeur d’emplois pour les élèves formés à ses spécificités. Croisières, assistance en escale aéroportuaire, chemin de fer, bus et cars et même co-voiturage ou transport en VTC sont autant de manières de mettre à profit les compétences citées ci-dessus.
… qui se fait écho dans le paysage de la formation
Pour assumer ces fonctions, les professionnels ont donc dû devenir force de propositions, instaurer des méthodes de rationalisation, absorber une partie des fonctions de production en amont et en aval de la chaine de valeur mais aussi et surtout, INNOVER. Pour les accompagner dans ces nouveaux défis, les grandes écoles ont développé des formations spécialisées à l’instar de l’EM Normandie, pour qui le secteur logistique est l’un des axes forts. Pas moins de quatre formations diplômantes y sont dédiées : une spécialisation de Bachelor en Logistique Internationale, deux MSc International Logistics and Port Management et Supply Chain Management (également accessibles en dernière année du Programme Grande Ecole) ainsi qu’un Exécutive MBA, spécialisation maritime, transport et logistique. L’Institut Portuaire d’Enseignement et de Recherche (IPER) de l’EM Normandie propose en complément une large gamme de programmes en formation continue et forme chaque année plus de 200 professionnels du milieu maritime et portuaire du monde entier. Hubs et Spokes aériens et maritimes, zones franches d’Import-export, entrepôts de post manufacturing, applications de gestion des passagers sont autant de concepts devenus essentiels aux managers du commerce international. Il faut donc aux entreprises de nouvelles compétences transport et des profils complets capables de modéliser des tournées, de transformer des marchés en mètres carrés d’entrepôt, de gérer par le projet et d’innover. Pas étonnant que les élèves sortant de ces spécialités soient parmi les mieux payés après trois ans !
Par Alexandre Lavissière,
professeur de logistique et de stratégie à l’EM Normandie