Un businessman créatif à la Une : Jean-Pierre Petit
Un créatif au pays de la restauration rapide. Depuis 1997 en tant que Directeur Général, puis depuis 2004 comme PDG, Jean-Pierre Petit s’impose comme le moteur de la success story que connait McDonald’s en France. Homme de caractère et de convictions, il jongle avec subtilité entre la puissance d’un modèle multinational et la force de traditions 100 % frenchy. Rencontre avec un PDG qui reconnait avec plaisir conduire ce géant de la restauration « comme si c’était sa boite ».
Le renouveau français
Après une première période d’installation dans les années 80-90, empreinte d’attractivité pour un modèle économique, opérationnel et marketing très innovant, McDonald’s France a été confronté au bout d’une vingtaine d’années à des vents plus contraires. Si la marque restait familiale et économique, l’enseigne faisait de plus en plus face à des clichés quant à ses qualités sociales et nutritionnelles. « Une mauvaise image d’entreprise peut tuer une belle marque », insiste Jean- Pierre Petit. « C’est pourquoi nous avons très vite réagi en amont sur ces domaines en instaurant par exemple des process stricts de traçabilité pour les produits de boucherie avant même la crise de la vache folle. J’ai axé une nouvelle stratégie fondée sur la qualité, la transparence et l’intégration de notre modèle au territoire français, ce qui a vite provoqué un effet de bascule. Ceci nous a permis de nous intégrer à des milieux pour lesquels nous incarnions « le diable ». C’est ainsi que de nombreux signes tangibles sont venus faire la preuve de ces valeurs dans lesquelles est profondément ancrée la marque : l’intégration de marques françaises à la gamme comme Evian ou Danone, puis l’utilisation accrue de labels et d’appellations françaises comme le Charolais et le Cantal, ou encore le renouveau de l’identité visuelle de tous nos restaurants, qui permet une meilleure intégration dans les paysages. Une de mes plus grandes fiertés est d’ailleurs d’avoir permis à McDo d’être présent, depuis 2001, au Salon de l’Agriculture, emblème parmi les emblèmes de la tradition française ». Ce renouveau à la française continuera à s’exprimer dans les chantiers entrepris pour l’avenir. « Au cours des prochaines années, notre colonne vertébrale se structurera autour de deux axes principaux. Les nouvelles technologies tout d’abord, qui permettent des changements structurels à la fois en interne (cuisines, livraisons,…) mais aussi pour les consommateurs, avec la consolidation des kiosques de commande et l’instauration progressive du service à table. Continuer notre travail d’intégration est également un axe majeur passant par la diversification de l’offre (sandwichs baguette, wraps, McCafé,…) et le remodel des restaurants pour toujours plus de convivialité et de confort. »
« Quelquefois, il vaut mieux s’excuser que demander la permission »
Sa force, McDonald’s France la puise évidemment dans l’appui du géant du fast-food mondial, mais aussi dans les qualités et les valeurs incarnées par son PDG. « Nos engagements sont pérennes. Qualité et sécurité alimentaire, information nutritionnelle et développement durable ne sont pas des effets d’annonce répondant à la tendance du moment. Ce sont au contraire des actions décidées très en amont grâce à une écoute constante et attentive du monde qui nous entoure : chez McDo, on ne se contente pas de résoudre des problèmes, on les anticipe. Pour cela, il faut « avoir du nez » et oser faire des paris sur l’avenir. La France est la seconde filiale après les Etats-Unis la plus performante de McDonald’s, ce qui permet de susciter la confiance du groupe au niveau mondial, de faire valoir mon avis et donc de proposer de nouvelles solutions. Mais la performance est aussi une question de caractère : dans un grand groupe, quelquefois, il vaut mieux s’excuser que demander la permission ! La restauration rapide n’est pas une industrie lourde. On peut se permettre d’innover sans prendre trop de risques : cela me donne l’impression d’être le capitaine d’un paquebot à piloter comme un dériveur. » Fédérant l’ensemble de l’entreprise autour des valeurs qu’il défend comme l’intégrité, la transparence et le respect, Jean-Pierre Petit est fier de la politique sociale entreprise par l’enseigne en France depuis plusieurs années. « En tant que société de service, l’humain est un enjeu omniprésent : la valeur de la marque McDo est la valeur des gens qui y travaillent. Sans renier nos besoins fonctionnels, nous nous efforçons d’être au maximum en prise avec la société d’aujourd’hui, multiculturelle, diverse et de moins en moins conformiste. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à donner une chance à tous et à recruter non pas sur un diplôme mais sur un savoir-faire. McDonald’s France est d’ailleurs une fédération de PME à taille humaine où l’équipe et le management personnalisé sont des essentiels. Chaque restaurant est un miroir de proximité et d’humanité. Cet engagement social n’est pas un engagement vain : en modifiant le modèle de l’entreprise, il enclenche depuis des années un cercle vertueux avec un effet incroyablement positif sur l’image de la marque. »
‘J’ai fait mienne cette citation de Steve Jobs: ‘Stay foolish,
stay hungry’,
soyez insatiables,
soyez fous’
Un créateur de caractère
Outre les qualités managériales caractéristiques d’un Président, Jean-Pierre Petit pense qu’un décideur doit surtout être en empathie avec son environnement. « Il est indéniable que les inventions tirent le monde vers l’avant ; mais pour ma part je suis plutôt un créatif qui rassemble et mutualise des idées, les met en mouvement et les insuffle à l’ensemble de la marque dont il est responsable. Cette capacité à avancer n’est pas innée, elle tient beaucoup à la force de caractère : il faut aimer la contradiction, ne pas être dans un consensus permanent, être tenace, voir le monde avec un prisme différent et avoir confiance en soi. Pour creuser son sillon, pour incarner l’image de l’entreprise, il est indispensable que le Président soit entouré de collaborateurs de confiance. Si sa fonction est un job à plein temps, il ne peut évidemment pas gérer seul et au quotidien toutes les problématiques de l’entreprise. Ceci est d’autant plus vrai chez McDonald’s dont les restaurants sont ouverts 365 jours par an. Pour conduire sa mission avec succès, il doit savoir se protéger : pour ma part, je ne fais que ce que j’aime ou ce qui a un intérêt pour l’entreprise. Cela requiert évidemment de l’honnêteté et de l’opiniâtreté mais sans arrogance : le Président met en avant un système plutôt qu’un homme. Je développe d’ailleurs aujourd’hui l’ambition de faire de McDonald’s en France « la plus belle marque du monde ». Cette ambition un peu folle est une façon d’inculquer des valeurs dans toutes les composantes de l’entreprise et de la fierté de travailler à chacun de ses collaborateurs : c’est un drapeau sous lequel nous devons tous nous rassembler. »
« Il n’y a pas de vrai autodidacte »
Jeune espoir marseillais du tennis français, Jean-Pierre Petit a quitté sans regret les bancs du lycée pour s’adonner à sa passion. Aujourd’hui à la tête d’un réseau de milliers de restaurants, il ne fait pas pour autant de son parcours atypique un exemple singulier. « Arrêter ses études ne veut pas dire arrêter d’étudier mais simplement déplacer la période à laquelle on étudie. On ne peut exceller que dans ce qu’on aime et c’est pourquoi il faut suivre ses envies et être curieux. C’est d’ailleurs ce manque de curiosité que je pourrais reprocher à certains étudiants des grandes écoles. Vous qui êtes destinés à des postes de managers, la créativité est votre valeur ajoutée : ne limitez pas votre curiosité et soyez à l’écoute du monde. Les autodidactes n’existent pas. Ils ont aussi travaillé, juste un peu différemment, car le caractère, l’envie et la créativité ne sont pas des choses qui s’apprennent uniquement à l’école. »
CW
Contact :
Anne.Petitpierre@fr.mcd.com
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