Si la banque, l’assurance et la finance n’affichent plus les volumes de recrutement mirobolants des précédentes années, ces trois secteurs restent encore de gros pourvoyeurs d’emplois en France. Gros plan sur les perspectives d’embauche de chaque filière, les postes proposés et les profils recherchés.
La banque toujours en convalescence
Le secteur, qui a vu fondre ses effectifs au plus fort de la crise, demeure l’un des premiers employeurs du privé en France avec plus de 370 000 collaborateurs. Et même s’il ne bénéficie pas encore d’une reprise claire et durable, la situation devrait s’améliorer. Malgré une réduction de certaines activités en banque de financement et d’investissement, le secteur bancaire poursuit ses recrutements. « 2014 devrait suivre la tendance de ces deux dernières années, avec un volume d’embauches significatif : 21 000 en 2012 », indique Jean- Claude Guéry, directeur des affaires sociales de l’Association française des banques (AFB). Sous l’effet des changements structurels de comportement des clients en matière de relation avec leur banque, les agences se transforment. Et même si elles cherchent à réduire leurs coûts, les recrutements se poursuivent ce qui permet de rééquilibrer la pyramide des âges, évitant ainsi de poser à terme un problème au niveau du middle management. Qui plus est, les banques de détail et les banques en ligne ont besoin de nouvelles compétences pour répondre aux demandes de leurs clients qui souhaitent des conseils de plus en plus personnalisés.
Des opportunités dans la banque de détail et celle en ligne
C’est de ce côté, que les candidats trouveront le plus d’opportunités en CDI, plus particulièrement sur les postes de commerciaux (chargés de clientèle particuliers, professionnels, gestionnaires de patrimoine, etc.). « Ces métiers constituaient 68 % des embauches en 2012 et devraient continuer à représenter une grande part des recrutements », affirme Jean- Claude Guéry. L’usage de plus en plus répandu du numérique favorise le développement des banques en ligne. Les profils les plus pointus et expérimentés demeurent demandés dans la banque d’investissement et de marché. Par ailleurs, le secteur bancaire connaît dans son ensemble de nombreuses mutations. Ces évolutions engendrent des recrutements sur les métiers liés à la gestion des nouvelles réglementations et aux contrôles bancaires. L’entrée en vigueur de Bâle III entraîne ainsi la recherche de nouvelles compétences dans la gestion du risque, telles que l’audit et le contrôle interne ou la compliance.
Place aux jeunes et aux femmes
Enfin, le profil des nouvelles recrues évolue : la tendance est à l’augmentation des qualifications à l’embauche. « Les entreprises du secteur se tournent de plus en plus vers des candidats titulaires d’un Bac +4 ou +5, observe Jean-Claude Guéry, alors que les recrutements à Bac +2 diminuent ». Les jeunes ont également la côte : « les moins de 30 ans représentent la majorité des recrutements (64 %) et les femmes continuent de renforcer leur présence dans la banque. En 2012, elles représentaient en effet 58 % des embauches ».
Les assurances, aux petits soins avec les jeunes diplômés
Avec entre 12 000 et 13 000 embauches réalisées chaque année, l’assurance reste l’un des secteurs qui recrute le plus actuellement. De nouveaux métiers font même leur apparition.
Malgré la crise et les mutations qui secoue le modèle économique de l’assurance, les recrutements demeurent toujours à un haut niveau. L’industrialisation et l’informatisation des métiers n’ont pas contribué à une baisse des emplois. En outre, « la forte exigence des clients, aujourd’hui, mieux informés, qui comparent davantage les assureurs entre eux, pousse le secteur à apporter des solutions personnalisées et adaptées aux besoins de chacun, observe Norbert Girard, secrétaire général de l’Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance. C’est pour garantir ce service de qualité que les recrutements restent soutenus. » À cela s’ajoute le papy-boom : les prochains départs massifs à la retraite, qui débuteront dès 2015, vont entraîner de nombreuses embauches.
De nouveaux besoins liés au numérique
Cela se traduit par une grande variété des profils recherchés. En tête de liste, encore et toujours, les commerciaux ! Ils constituaient 35 % des recrutements en 2012. Les gestionnaires de contrat (souscription et indemnisation) arrivent en seconde position. D’autres profils très prisés restent difficiles à trouver, comme les métiers du chiffre et de l’organisation. Les assureurs recrutent en effet des actuaires, des contrôleurs de gestion, des auditeurs et des spécialistes de l’organisation. En parallèle, de nouveaux besoins se font sentir avec le développement du numérique. « C’est le cas des webdesigners, ergonomes, pour optimiser les sites web et mobiles, précise Norbert Girard. Mais aussi de plus en plus de spécialistes du Big Data (tels que les data scientists ou analysts) et du Cloud pour collecter, analyser et interpréter et au mieux les données numériques des clients. Les jeunes diplômés doivent savoir que les métiers web trouvent des débouchés dans l’assurance ! »
Une voie privilégiée Bac +2 voire Bac +5
Autre tendance lourde observée dans la filière, la hausse générale des niveaux de diplômes dans la profession. « Un diplôme supérieur ou égal au Bac +2 reste la première porte d’entrée dans le secteur, indique le secrétaire général de l’Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance. Près de 80 % des recrutements concernent un profil Bac +2 minimum. Parmi eux, près d’un tiers sont titulaires d’un Bac +5 ». Les diplômes d’ingénieurs ou d’écoles de commerce ainsi que les masters scientifiques sont très prisés pour les métiers du chiffre, de l’organisation et du web. « Pour autant, les assureurs engagent également des chimistes, des biologistes, des spécialistes du BTP, etc, précise Norbert Girard. Car leurs clients sont issus de tous les secteurs.
Les employeurs préfèrent donc former des diplômés issus de différents secteurs aux métiers de l’assurance, que l’inverse. »
Au-delà des diplômes, les recruteurs sont de plus en plus attentifs aux compétences liées à la gestion de la relation client. L’assureur ne se contente plus de vendre, il accompagne son client de la souscription d’un contrat au dédommagement, en passant par la recherche de professionnels nécessaires à la remise en état suite à un sinistre. Sens du service, esprit d’équipe, ouverture sur l’autres sont des qualités indispensables aux jeunes diplômés qui espèrent évoluer dans le secteur.
L’alternance, une vraie porte d’entrée
Que ce soit dans la banque ou l’assurance, l’alternance est de plus en plus plébiscitée pour former la relève. En mixant formation initiale et insertion professionnelle, ce dispositif présente un double intérêt, pour l’apprenti et pour l’entreprise. D’une part, le jeune acquière une première expérience professionnelle significative ; d’autre part, l’entreprise économise des frais de recrutement et dispose d’un salarié déjà parfaitement intégré et opérationnel. Résultat, dans l’assurance, ce mode de recrutement est quatre fois plus important qu’il y a 10 ans. L’alternance représente désormais plus d’une embauche sur cinq. Même constat du côté des banques, qui totalisaient dans leurs rangs, plus de 8 300 personnes en apprentissage ou contrat de professionnalisation en 2012. Là aussi, la tendance à l’augmentation de la qualification se confirme : le nombre d’apprentis en Master a ainsi augmenté de 30 % entre les sessions 2010-2011 et 2011-2012.
La finance retrouve des couleurs
La filière qui avait connue une forte baisse d’activité au début de la crise retrouve des couleurs et pour cause, les fonctions financières restent incontournables pour les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille.
Selon une étude réalisée par Robert Half, leader mondial du recrutement spécialisé, 56 % des Directeurs Administratifs et Financiers (DAF) consultés rencontrent des difficultés pour embaucher des professionnels de la finance. 21% vont même jusqu’à dire qu’ils trouvent les profils qualifiés très difficiles à recruter ! C’est dire si les opportunités existent. En particulier dans cinq grands domaines du secteur : gestion des risques, contrôle de gestion opérationnel, direction financière, audit interne et comptabilité générale. « Il n’y pas forcément de gros volumes de recrutement sur certains de ces métiers. Et pourtant, on peut faire face à une pénurie de profils », constate Bruno Fadda, Associate Director de Robert Half Finance et Comptabilité. « Soit ces profils sont durs à repérer ou tout simplement rares, soit les candidats identifiés ont tendance à vouloir évoluer sur d’autres métiers ou gagner en responsabilité. Or souvent les entreprises proposent des responsabilités identiques à celles exercées par les candidats. »
Contrôle et gestion en tête des embauches
Quels postes sont concernés ? Les grands groupes renforcent leurs équipes de contrôle et d’audit interne. Ils recrutent également des responsables administratifs et financiers. Les contrôleurs de gestion restent donc en tête des profils les plus recherchés pour leur capacité à piloter la performance de l’entreprise et à contrôler voire réduire les coûts. Autre métier porteur, boudé par les étudiants, celui de risk manager. Même constat pour les métiers liés à l’inspection, qui prennent une place importante dans le secteur financier, avec l’application de nouvelles réglementations.
L’international, incontournable
Quel que soit le métier, un passage reste bien souvent obligé pour les jeunes diplômés : l’international ! Les carrières à l’étranger continuent d’être l’une des principales voies de recrutement à la sortie des écoles. Londres, Hong Kong et Singapour figurent parmi les places incontournables même si les besoins diffèrent selon les zones géographiques. Pour ceux qui souhaiteraient tout de même garder un pied en France, une solution : le Volontariat International en Entreprise (VIE). Celui-ci offre la possibilité de partir un an à l’étranger tout en étant employé par une entreprise française.
Chiffres clés :
• Plus de 33 % des salariés de l’assurance sont des commerciaux.
• La part des salariés en CDI dans la banque dépasse les 99 % !
• Les moins de 30 ans représentent un salarié sur sept dans les assurances.
• 29,4 ans, c’est l’âge moyen des recrutements dans la banque.
• Sur 100 jeunes recrutés en CDI, pour un premier emploi dans les banques, 15 à 20 % le sont par le biais de l’alternance.
TOP 10 des métiers porteurs dans la Banque, Finance, Assurance :
• Actuaire
• Analyste financier
• Contrôleur de gestion
• Chargé de clientèle (conseiller)
• Conseiller en ligne
• Conseiller en gestion de patrimoine
• Souscripteur en assurance
• Auditeur financier
• Risk Manager
• Responsable conformité (compliance)
CD