L’ECP au service des entreprises et de la société depuis 1829

Mettre le progrès scientifique et technique au service de l’entreprise et de la société, l’ambition fondatrice de l’Ecole Centrale Paris n’a pas pris une ride. Hervé Biausser, Directeur de l’ECP, nous fait découvrir l’histoire de l’Ecole qui inventa le concept d’ingénieur généraliste.

Hervé Biausser, Directeur Général de l’Ecole Centrale Paris
Hervé Biausser, Directeur Général de l’Ecole Centrale Paris

Une école fondée par de jeunes penseurs
Dans quel contexte l’ECP voit-elle le jour ?
D’abord une situation politique complexe à la fin du règne de Charles X. La frilosité est de mise au niveau de l’État. Il faudra le soutien du ministre de l’éducation pour obtenir l’autorisation de créer l’établissement. Les premiers étudiants arrivent en novembre 1829. Au même moment, les progrès de la science sont fabuleux, les découvertes florissantes avec les travaux de Carnot ou Monge. Ces penseurs constatent, qu’alors que l’industrie est naissante, la France est en retard par rapport aux Anglais.

C’est une réflexion quasi philosophie qui va mener à la vision d’une Ecole Centrale ?
Ces hommes s’interrogent sur l’avenir de la société. A l’instar du comte de Saint Simon, ils croient que le progrès des sciences et techniques seront clés pour résoudre les problèmes de pauvreté et de misère. La technique, en permettant le développement de l’industrie, créera des emplois et des richesses. Philosophes, savants, industriels et juristes discutent dans un cercle où Monge et Ampère donnent des cours de sciences et techniques.

C’est finalement un jeune homme d’affaires qui lancera l’ECP ?
Le jeune industriel Alphonse Lavallée fréquente, dans ce cercle, les scientifiques J-B Dumas, T. Olivier et E. Péclet. Les quatre hommes fondent leur projet sur cette idée de Saint Simon : « Tout se faisant par l’industrie, tout se doit faire pour elle ». Ils décident de créer une école privée pour former les cadres de l’industrie. A. Lavallée met sa fortune au service de l’école et décide du nom : le mot centrale est en vogue, les manufactures sont les industries de l’époque, et les sciences et techniques font alors partie des arts. L’Ecole des Arts et Manufactures est née. Cette appellation, dont nous sommes très fiers, apparaît toujours sur nos diplômes.

Une mission fondatrice toujours d’actualité
Accompagner l’industrie française dans l’ère industrielle et favoriser le développement des applications pratiques des grandes découvertes récentes. Pour cela le pays a besoin d’ingénieurs civils dotés d’une solide formation industrielle et scientifique.

Trois intuitions structurantes pour un projet éducatif moderne
• Une initiative privée.
• Un cadre de formation scientifique pour l’entreprise.
• Une attitude d’entrepreneurs qui perdure depuis 182 ans dans la culture centralienne.

Vue aérienne du campus de l'ECP à Châtenay-Malabry. L'ECP s'y installe en 1969. L’École s'installera près de Supélec avec ses alliés du PRES UniverSud Paris d'ici 10 ans, et dans le cadre de la constitution du campus de Saclay.
Vue aérienne du campus de l'ECP à Châtenay-Malabry. L'ECP s'y installe en 1969. L’École s'installera près de Supélec avec ses alliés du PRES UniverSud Paris d'ici 10 ans, et dans le cadre de la constitution du campus de Saclay.

L’invention du concept d’ingénieur généraliste
« A. Lavallée a l’intuition que l’industrie se développera et deviendra complexe. Il faudra donc des ingénieurs chefs d’orchestre qui peuvent appréhender les problématiques globalement et faire appel à des spécialistes. Une de ses citations résume son esprit d’anticipation stratégique : « La science industrielle est une et tout. L’ingénieur doit la connaître en son entier sauf à faillir en sa mission ». »

Une école pour « former les médecins des usines et des fabriques »
En phase avec l’entreprise, l’École y place ses diplômés avec succès. Moins de 20 ans après la création de l’École, ils occupent des places de premier plan grâce à leur sens de l’innovation, leur esprit d’entreprise et leurs compétences de gestionnaires. « De Blériot à Eiffel en passant par Latecoëre, Michelin, Peugeot ou Schlumberger, les centraliens lancent les grands secteurs industriels. »
L’innovation pédagogique se poursuit tout au long de l’histoire jusqu’en 2007 et le nouveau projet éducatif centralien. « Il réaffirme notre positionnement scientifique et technique, notre vocation à former des ingénieurs qui seront des managers dotés de trois qualités décisives au XXIe siècle : le leadership, la capacité d’innovation et l’esprit d’entreprise. Nous voulons nos diplômés leaders, créateurs de solution et acteurs de la vie. »

Pionnier hier, pionnier toujours
Des écoles sont fondées sur le modèle de Centrale en Suisse et en Belgique dès 1837, puis à Lyon et Barcelone. Pour assurer la pérennité de l’ECP, A. Lavallée en fait don à l’État Français en 1857. En 1832, l’ECP est la première à déclarer l’anglais obligatoire et en 1862, il y a déjà 19 % d’étudiants étrangers. L’ECP fonde le réseau européen d’échanges d’étudiants TIME en 1988. En 2005, l’ECP crée une nouvelle École Centrale à Pékin.

A. D-F