Connaissez-vous le “sitar“ ? Cet instrument indien d’origine iranienne à cordes pincées est le symbole de l’un des deux genres majeurs de la musique indienne, la musique hindoustanie. L’un des plus grands sitaristes, le musicien-compositeur Ravi Shankar est mort le 11 décembre 2012 à 92 ans. Retour sur l’immense carrière de celui qui a exporté la musique indienne dans le monde.
Les débuts artistiques de Robendra Shakar
Rien ne pouvait prédire l’incroyable carrière musicale de Ravi Shankar, de son vrai nom Robendra Shankar. Né le 7 avril 1920 d’un père ministre du district du Jhalawar, membre de la plus haute caste hindoue, Ravi Shankar était voué à suivre de grandes études. Mais son père meurt alors qu’il a à peine 15 ans. Son frère aîné, Uday Shankar décide donc de l’embaucher comme danseur dans la troupe d’artistes qu’il dirige. C’est là qu’il rencontre le grand maître de la musique indienne Allauddin Khan qui le prend sous son aile et devient son guru musical. Ravi Shankar apprend alors le sitar.
Succès en Occident
Les années 1960 voient le succès de la pop-rock en Occident. En 1956, Ravi Shankar qui a alors 36 ans joue pour la première fois aux États-Unis, où il est repéré par les chanteurs etmusiciens américains, attirés par ses mélodies exotiques inhabituelles pour l’époque. C’est ainsi qu’en 1966, George Harrison, guitariste desBeatles, devient son élève. Le sitar est alors en vogue. Brian Jones des Rolling Stones en joua dans le tube Paint it et le jazzman Collin Walcott est le premier en Occident à intégrer le sitar dans la majorité de ses compositions. Durant les décennies suivantes, Ravi Shankar joue dans les plus grands festivals du monde et notamment à Woodstock en 1969. RaviShankar eut trois enfants, dont deux filles tout autant plongées dans l’univers musical que leur père. La première, Anoushka Shankar est aussi une grande joueuse de sitar et l’a souventaccompagné sur scène. Sa seconde fille n’est autre que Norah Jones, musicienne et actrice américaine. Jusqu’à sa mort, Ravi Shankar est resté le musicien indien le plus connu au monde et le premier exportateur de la musique indienne.
La musique indienne de nos jours
Que devient la musique indienne de nos jours ? Malgré la mondialisation et l’uniformisation de la culture, la musique indienne a survécu et connait actuellement une véritable renaissance. D’une part le cinéma de Bollywood n’a cessé de promouvoir la musique traditionnelle indienne, mais ce sont surtout les émigrés indiens au Royaume-Uni qui sont les acteurs du renouveau musical indien. Imprégnée de la culture occidentale, cette diaspora a exporté en Inde un style hybride, le bhangra, qui lie la musique traditionnelle indienne et les courants électroniques occidentaux. Né au Pendjab, près de la frontière pakistanaise, le bhangra s’est développé dans les milieux urbains. De nombreux artistes ont ainsi gagné en notoriété tels que le DJ Talvin Singh, ou bien un certain Ananda Shankar, le neveu de Ravi Shankar. Et le sitar dans tout cela ? Il perdure et son intérêt en Occident est toujours présent. Une exposition temporaire lui est notamment dédiée à la Cité de la Musique. Cette adaptation de la musique indienne est en partie due au maître Ravi Shankar. Il a exporté la tradition musicale de son pays en Occident, mais a aussi importé la culture occidentale en Inde, ce qui a permis un métissage de la musique indienne, que l’on retrouve aujourd’hui chez de nombreux jeunes artistes.
Corentin Costard (promo 2016)